Résultats des législatives 2022 : LREM, Horizons, MoDem… Quel est l'état des forces dans la majorité présidentielle après le second tour ?
La coalition Ensemble ! a échoué à obtenir une majorité absolue à l'Assemblée nationale, dimanche. Le parti présidentiel, La République en marche, est le plus touché, tandis que ses alliés s'en sortent bien mieux.
Dure soirée pour la majorité. La coalition Ensemble !, certes, est arrivée en tête au second tour des élections législatives, dimanche 19 juin, mais elle doit se contenter d'une majorité relative à l'Assemblée nationale. Elle obtient 245 sièges, selon le ministère de l'Intérieur, loin des 289 requis pour la majorité absolue.
Cet échec est historique, puisqu'il s'agit de la majorité relative la plus restreinte de la Ve République. Plus concrètement, ces résultats posent clairement la question de la capacité d'Emmanuel Macron à pouvoir gouverner le pays et à faire voter les réformes promises, notamment celle des retraites. La majorité devra nouer des alliances afin de faire passer ses lois. Mais les différentes composantes de la majorité elles-mêmes n'ont pas toutes connu le même sort. Franceinfo fait le point sur les rapports de force au sein d'Ensemble !.
LREM (Renaissance) : 160 sièges
L'ambiance n'était pas à la fête au siège de La République en marche (LREM), rue du Rocher, dans le 8e arrondissement de Paris. Sur les 400 candidats investis par le parti au premier tour, seuls 288 s'étaient qualifiés pour le second. La principale composante de la majorité décroche au final 160 sièges. Le parti en perd donc un peu moins de 150 en cinq ans, en comparaison avec les résultats officiels communiqués par le ministère de l'Intérieur en 2017.
Il y a certes des motifs de satisfaction, ou du moins de soulagement. Le ministre délégué aux Affaires européennes, Clément Beaune, est parvenu à l'emporter in extremis dans la 7e circonscription de Paris, tout comme le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, dans la 3e circonscription de la capitale. Les membres du gouvernement, d'ailleurs, s'en sortent plutôt bien, dans l'ensemble : Elisabeth Borne dans le Calvados, Gérald Darmanin dans le Nord, Olivier Dussopt en Ardèche, Damien Abad dans l'Ain, Olivier Véran en Isère, Gabriel Attal dans les Hauts-de-Seine, Olivia Grégoire à Paris, Marc Fresneau dans le Loir-et-Cher, Franck Riester en Seine-et-Marne et Yaël Braun-Pivet dans les Yvelines font partie des gagnants.
En revanche, deux membres du gouvernement issus de LREM devront faire leurs bagages. La ministre de la Transition écologique, Amélie de Montchalin, s'est inclinée dans l'Essonne, tout comme la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, dans le Pas-de-Calais. Pour rappel, en 2017, aucun ministre du gouvernement d'Edouard Philippe n'avait été contraint de démissionner à l'issue des législatives.
La désillusion concerne aussi des ténors du parti, à l'image de l'ancien président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand et de l'ex-ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, battus respectivement dans le Finistère et les Alpes-de-Haute-Provence.
MoDem : 48 sièges
Contrairement à LREM, le MoDem parvient à rester stable. Il comptait une quarantaine de sièges à l'issue du second tour en 2017 contre 48 cinq ans plus tard. Son président, François Bayrou, annonçait "un rôle encore plus déterminant" à l'avenir pour son parti, dans un entretien paru début juin dans La Provence (article pour les abonnés), car La République en marche ne parviendrait peut-être pas seule à obtenir la majorité absolue. Les cartes sont rebattues avec l'échec du second tour et la nécessité de trouver de nouvelles alliances, notamment à droite, pour faire voter les réformes.
La soirée, d'ailleurs, n'a pas été de tout repos pour le MoDem, qui perd notamment une membre du gouvernement : Justine Benin, secrétaire d'Etat chargée de la Mer, s'est inclinée en Guadeloupe. De son côté, le président du groupe MoDem à l'Assemblée, Patrick Mignola, est battu en Savoie.
Le parti enregistre toutefois plusieurs motifs de satisfaction. Emmanuel Mandon, qui a quitté récemment l'UDI pour le MoDem, est élu dans la Loire, 29 ans après son père, Daniel Mandon, lui-même député du département de 1993 à 1997. La députée sortante et ancienne ministre Geneviève Darrieussecq a été réélue dans les Landes, tout comme Jean-Louis Bourlanges, qui s'impose d'un cheveu dans les Hauts-de-Seine.
Horizons : 28 sièges
Pari réussi pour le nouveau parti créé par Edouard Philippe, qui visait une trentaine de députés : avec 28 parlementaires, il va pouvoir créer un groupe, le seuil étant fixé à 15 élus. L'ancien Premier ministre compte étendre son influence au sein de la majorité et mettre l'accent sur le centre droit. Le maire de Reims, Arnaud Robinet, avait ainsi lancé sur franceinfo un appel aux députés LR, afin qu'ils "répondent favorablement à la main tendue qui peut leur être proposée (...) pour accompagner les réformes dont la France a besoin".
Yannick Favennec-Bécot avait été le seul député de la majorité élu dès le premier tour, en Mayenne. Cette fois, le parti enregistre notamment les victoires de Frédéric Valletoux, maire de Fontainebleau, qui l'emporte en Seine-et-Marne. Pour Horizons, la déception de la soirée se situe dans la 18e circonscription de Paris, avec la défaite de Pierre-Yves Bournazel face à Aymeric Caron (Nupes). Il était pressenti pour présider le groupe à l'Assemblée nationale.
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