Résultats des législatives 2024 : deuxième derrière le RN, le Nouveau Front populaire "n'a pas son destin entre les mains" avant le second tour

Trois semaines après les élections européennes, la gauche distance largement le camp présidentiel, mais pourrait reculer par rapport aux législatives de 2022, sur fond d'explosion du Rassemblement national.
Article rédigé par Thibaud Le Meneec
France Télévisions
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Olivier Faure (Parti socialiste), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Fabien Roussel (Parti communiste français) et Marine Tondelier (Les Ecologistes). (ASTRID AMADIEU / FRANCEINFO)

La gauche a vécu une soirée en demi-teinte, dimanche 30 juin. Entre le Rassemblement national, grand vainqueur du premier tour des élections législatives, et le camp présidentiel, grand perdant du scrutin, le Nouveau Front populaire (NFP) n'est pas encore véritablement fixé sur son sort.

Les résultats du premier tour montrent que la coalition de gauche – née après la spectaculaire victoire du Rassemblement national aux élections européennes et la dissolution de l'Assemblée nationale – s'affirme comme le deuxième bloc politique, derrière le RN. Avec 28% des suffrages au niveau national, selon des résultats quasi définitifs communiqués par le ministère de l'Intérieur lundi, le Nouveau Front populaire fait mieux que la Nupes en 2022, qui avait obtenu le score de 25,78%.

Dans un contexte de participation beaucoup plus forte, les insoumis, les socialistes, les écologistes et les communistes passent de 5,8 à 9 millions de voix, selon les chiffres officiels.

Par ailleurs, cette alliance nouée dans l'urgence a remporté au moins 32 circonscriptions dès le premier tour (20 par La France insoumise, cinq par le PS, cinq par les Ecologistes et deux par le PCF). En 2022, ce chiffre n'était que de quatre députés.

Moins de sièges qu'en 2022 ?

Il y a cependant des éléments beaucoup plus mitigés pour le NFP. D'une part, si ce dernier a engrangé plus de trois millions de voix supplémentaires en deux ans, le RN en a gagné près de huit millions sur la même période. Les dynamiques entre ces deux blocs n'ont rien à voir. "La gauche, c'est 30% des voix, pas plus, même avec une forte mobilisation. Ce n'est pas indigne, mais c'est dix points de moins qu'il y a trente ans", compare le politologue Rémi Lefebvre auprès de franceinfo.

Ce plafond de verre a des conséquences directes sur le nombre de circonscriptions que la gauche peut espérer remporter à l'issue du second tour. Fera-t-elle mieux que la Nupes en 2022, avec ses 150 députés ? A l'époque, la gauche avait fait jeu égal au premier tour avec le camp présidentiel, mais avait été largement devancée en nombre de sièges à l'issue du second tour.

Cette année, selon l'estimation Ipsos-Talan, l'alliance des différents partis de gauche pourrait compter de 125 à 165 députés dans la nouvelle Assemblée nationale. Si elle a distancé le camp présidentiel dans les urnes, la gauche ne profiterait pas automatiquement du recul des forces centristes au Palais-Bourbon. Pire, elle pourrait perdre du terrain au profit de l'extrême droite, malgré l'enthousiasme suscité par l'accord électoral et le programme commun conclus en un temps record après la dissolution. Au lendemain du premier tour, une majorité NFP, même relative, paraît hautement improbable.

Quelques résultats locaux viennent également noircir le tableau. L'un des cadres de la coalition, le patron des communistes Fabien Roussel, est éliminé dans le Nord. L'insoumis François Ruffin, qui avait appelé à la création d'un "front populaire" sitôt la dissolution prononcée, se retrouve en ballottage défavorable dans la Somme. Plus largement, la gauche vit une "catastrophe absolue" dans les Hauts-de-France, avec une progression fulgurante de l'extrême droite dans bon nombre de terres ouvrières. "Le RN, dans le Nord, c'est un tsunami", résume Rémi Lefebvre.

Le camp présidentiel, juge de paix de la gauche

Pour le Nouveau Front populaire, l'issue du second tour va dépendre de l'attitude de l'ex-majorité présidentielle durant la courte semaine de campagne. "La gauche n'a pas son destin entre les mains", résume Rémi Lefebvre, rappelant que la Nupes avait bénéficié de très mauvais reports de voix macronistes entre les deux tours des législatives de 2022.

"Cette année, le salut de la gauche ne viendra que des électeurs macronistes."

Rémi Lefebvre, politologue

à franceinfo

La gauche a d'ailleurs multiplié les appels au camp présidentiel, pour raviver le front républicain face au RN. "Je compte sur les macronistes, sur Gabriel Attal, sur le président de la République pour faire qu'on se sorte de cette histoire par le bon bout", a alerté François Ruffin. "Le danger de l'extrême droite devrait tous nous mobiliser", a insisté le patron du PS, Olivier Faure. Dans un communiqué, les socialistes ont dénoncé les consignes de vote "troubles" de la coalition centriste et appelé ses cadres à "reconsidérer" leurs premières expressions, renvoyant pour beaucoup le RN et La France insoumise dos à dos.

Depuis la place de la République, à Paris, Jean-Luc Mélenchon a quant à lui directement appelé les électeurs à "donner une majorité absolue au Nouveau Front populaire, car il est la seule alternative" au RN. A défaut d'y parvenir, le NFP peut se targuer d'être le bloc le mieux placé pour empêcher le RN d'obtenir une majorité absolue.

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