Résultats des législatives 2024 : participation record, RN au plus haut, camp présidentiel en difficulté… Ce qu'il faut retenir du 1er tour

Le RN est arrivé largement en tête du premier tour du scrutin, suivi par le Nouveau Front populaire et le camp présidentiel. Plusieurs personnalités ont été élues dès le premier tour.
Article rédigé par Luc Chagnon
France Télévisions
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Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, et Gabriel Attal, le Premier ministre. (FRANCEINFO / AFP)

Le Rassemblement national confirme les pronostics. Le parti d'extrême droite mené par Jordan Bardella et ses alliés emmenés par Eric Ciotti sont arrivés en tête du premier tour des élections législatives, avec 33,22% des suffrages exprimés, selon les résultats communiqués par le ministère de l'Intérieur dans la nuit du dimanche 30 juin au lundi 1er juillet, suivi des partis de gauche du Nouveau Front populaire (28,06%) et de ceux de la majorité présidentielle regroupés sous la bannière Ensemble (20,04%).

Les responsables de gauche, tout comme Emmanuel Macron et Gabriel Attal, ont appelé à ne pas voter pour le Rassemblement national lors du second tour dimanche 7 juillet, mais les consignes de vote diffèrent selon les camps et les candidats.

Voici ce qu'il faut retenir du déroulement du premier tour des élections législatives.

Le taux de participation le plus élevé depuis vingt-sept ans

Les Français se sont rendus aux urnes en masse. La participation s'élève par ailleurs, selon le ministère de l'Intérieur, à 66,71%, avec 32 908 657 votants. Seuls 33,29% des électeurs inscrits se sont abstenus de voter pour désigner leur député.

Il faut remonter à 1997 pour trouver un taux de participation aussi élevé, à 67,9% des inscrits. Lors des dernières législatives, en 2022, le taux d'abstention avait atteint un niveau largement supérieur, à 52,49% des inscrits.

Ce niveau inédit depuis des décennies s'est doublé d'un record absolu, celui du nombre de procurations réalisées : plus de 2,1 millions au 26 juin, selon la porte-parole du ministère de l'Intérieur sur X.

Le RN arrive en tête avec 33,22% des voix

Jordan Bardella confirme l'ascension du parti constatée lors des élections européennes. Les candidats du RN ont obtenu 33,22% des suffrages au niveau national, selon les résultats quasi définitifs du ministère de l'Intérieur. Le parti d'extrême droite se retrouve ainsi en capacité d'envoyer une majorité au Palais-Bourbon à l'issue du second tour, dimanche 7 juillet, loin devant ses 89 députés lors de la précédente législature. Reste à savoir si elle sera relative ou absolue.

Marine Le Pen a salué des résultats qui montrent, selon elle, un "bloc macroniste pratiquement effacé" et une "première étape vers un choix d'alternance". "Les Français ont rendu un verdict sans appel", a de son côté affirmé Jordan Bardella. "J'entends être un Premier ministre de cohabitation, respectueux de la Constitution et de la fonction du président de la République, mais intransigeant sur la politique que nous mettrons en œuvre au service de la France", a également assuré le président du RN.

L'alliance de gauche fait un meilleur score qu'en 2022, avec 28,06% des voix

La stratégie de l'union s'est révélée payante pour la gauche. Les candidats désignés par les partis membres du Nouveau Front populaire (dont La France insoumise, le Parti socialiste, Les Ecologistes-EELV et le Parti communiste) ont obtenu 28,06% des voix au premier tour, selon le ministère de l'Intérieur.

Le NFP fait ainsi un meilleur score que la Nupes, le précédent accord électoral entre plusieurs partis de gauche au premier tour des législatives 2022, qui avait obtenu 25,78% des voix. Avec cette deuxième place, le bloc de gauche peut espérer entre 125 et 165 sièges à l'Assemblée nationale, selon une première projection Ipsos-Talan à manipuler avec précaution – ce qui en ferait la deuxième force politique dans l'hémicycle.

Jean-Luc Mélenchon, fondateur de LFI, a salué "une lourde et indiscutable défaite" pour le camp présidentiel. Il a également assuré que le parti "retirera[it]" ses candidatures dans les circonscriptions où elle est arrivée en troisième position et où le Rassemblement national est en tête en vue du second tour. Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique aux européennes, et Marine Tondelier, cheffe des Ecologistes-EELV, ont eux aussi appelé à barrer la route au RN.

Le camp présidentiel en déroute avec 20,04% des voix

Les soutiens du chef de l'Etat se retrouvent dans une position délicate. Le bloc central, qui rassemble notamment Renaissance, le MoDem et Horizons derrière la bannière Ensemble, a obtenu seulement 20,04% des voix au premier tour, selon le ministère de l'Intérieur. Le camp présidentiel pourrait ainsi se limiter à un contingent compris entre 70 et 100 députés, d'après une projection à prendre avec précaution.

Emmanuel Macron a réagi en saluant "la participation élevée au premier tour [qui] témoigne de l'importance de ce vote pour tous nos compatriotes et de la volonté de clarifier la situation politique". Le président a également appelé à un "large rassemblement clairement démocrate et républicain" face au RN dans la perspective du second tour, tout comme le Premier ministre, Gabriel Attal, pour qui "pas une voix ne doit aller au Rassemblement national". Il a appelé au "désistement de nos candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République".

Plusieurs candidats réélus dès le premier tour, dont Marine Le Pen et Olivier Faure

Plusieurs candidats ont obtenu suffisamment de voix pour être élus députés dès le premier tour du scrutin. Parmi eux, on retrouve une vingtaine de candidats RN, dont Marine Le Pen (11e circonscription du Pas-de-Calais), Julien Odoul (3e circonscription de l'Yonne) ou Bruno Bilde (12e circonscription du Pas-de-Calais).

A gauche, le secrétaire national du Parti socialiste, Olivier Faure, a également été réélu dès le 1er tour dans la 11e circonscription de la Seine-et-Marne avec 53,42% des suffrages, tout comme la députée NFP-Les Ecologistes Sandrine Rousseau (9e circonscription de Paris, 52,13%) ou la candidate NFP-PCF Elsa Faucillon (1re circonscription des Hauts-de-Seine, 64,83%). Dans le camp présidentiel, Pierre Cazeneuve a remporté le scrutin dès le 30 juin dans la 7e circonscription des Hauts-de-Seine (53,2%).

Plusieurs personnalités éliminées dès le premier tour

L'ex-ministre socialiste Jérôme Cahuzac, qui s'était présenté comme candidat sans étiquette dans la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, a fini à la quatrième place de ce premier tour avec 14,47% des suffrages exprimés. L'ancien membre du gouvernement, condamné pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, n'a obtenu le soutien que de 9,84% des électeurs inscrits sur les listes électorales, et n'atteint donc pas les 12,5% nécessaires pour passer au second tour. Même chose pour Damien Abad, l'éphémère ministre des Solidarités d'Elisabeth Borne mis en examen pour tentative de viol, qui n'a obtenu que 12,39% des électeurs inscrits dans la 5e circonscription de l'Ain.

A gauche, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a annoncé être éliminé dès le premier tour dans la 20e circonscription du Nord, siège qu'il occupait depuis 2017. Le candidat RN dans cette circonscription, Guillaume Florquin, est arrivé en première position avec 50,3% des suffrages exprimés selon le ministère de l'Intérieur, remportant ainsi d'un cheveu le siège de député dès le premier tour du scrutin.

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