Résultats des législatives 2024 : un score historique pour le Rassemblement national et ses alliés, qui obtiennent 33,2% des voix au 1er tour, selon notre estimation Ipsos-Talan
Deux ans après sa percée historique, le Rassemblement national (RN) vire largement en tête du premier tour des élections législatives, dimanche 30 juin. Avec les candidats issus des Républicains ayant suivi Eric Ciotti, le bloc du RN et de ses alliés recueille 33,2% des suffrages exprimés, selon une estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP. C'est un peu moins que les dernières estimations avant le 1er tour, qui les créditaient de 36% des suffrages. Mais en deux ans, le parti de Marine Le Pen gagne près de 15 points par rapport au premier tour des élections législatives de 2022, lorsqu'il avait recueilli 18,68% des voix.
Après son score record aux élections européennes (31,37%) le 9 juin, événement déclencheur de la dissolution de l'Assemblée nationale, le RN poursuit donc sa progression électorale et se retrouve en position de remporter une majorité absolue au Palais-Bourbon à l'issue du second tour, dimanche 7 juillet. "Ce sont plusieurs dizaines d'élus dès le premier tour. Je pense que tout cela est un élément de grande espérance pour des millions de Français", s'est exclamée Marine Le Pen. Au moins 37 députés RN ont été élus dès le 1er tour, selon un décompte de l'AFP.
La majorité absolue, objectif atteignable pour le RN ?
Le RN devance, comme attendu, le Nouveau Front populaire (28,1%), tandis qu'Ensemble pour la République, l'alliance menée par le parti d'Emmanuel Macron (21%), se place en troisième position. Deux ans après avoir fait élire 89 députés dans 36 départements, le RN est en passe de battre ce record et de renforcer son ancrage territorial.
Si la tendance se confirme à l'issue du second tour, le RN pourrait obtenir 230 à 280 sièges de député, selon une projection Ipsos-Talan à prendre avec précaution, et ainsi devenir, pour la première fois de son histoire, le groupe politique le plus important dans l'hémicycle. Mais l'objectif de Marine Le Pen est bien de franchir, avec le soutien des troupes d'Eric Ciotti, le seuil des 289 sièges à l'Assemblée nationale. Si le RN ne dispose pas de cette majorité absolue, le président du parti, Jordan Bardella, a prévenu qu'il refuserait d'être nommé à Matignon.
Marine Le Pen réélue dans le Pas-de-Calais
Si Jordan Bardella n'est pas candidat, Marine Le Pen l'était, dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, où elle est élue depuis 2017. La triple candidate à la présidentielle l'emporte largement, avec plus 58% des voix, contre près de 26% pour la candidate du Nouveau Front populaire-PS, Samira Laal."Les Français ont, sans ambiguïté, témoigné de leur volonté de tourner la page après sept ans de pouvoir méprisant et corrosif", a-t-elle déclaré, se félicitant d'une "marque de confiance qui nous honore et nous oblige".
"Pour autant, rien n'est gagné, le second tour est déterminant. Pour donner à Jordan Bardella une majorité absolue à l'Assemblée nationale" et qu'il "soit nommé dans huit jours Premier ministre par Emmanuel Macron, je vous invite à renouveler votre vote", a poursuivi Marine Le Pen. "Sinon, je vous appelle à rejoindre dimanche la coalition de la liberté, de la sécurité et de l'unité", a-t-elle conclu.
"Aujourd'hui, les Français ont été au rendez-vous de leurs responsabilités, ils ont fait honneur à notre démocratie" et "rendu un verdict sans appel", a déclaré de son côté Jordan Bardella. "Le vote qu'ils exprimeront dimanche prochain est l'un des plus déterminants de toute l'histoire de la Ve République", a poursuivi le chef de file du RN, estimant que "le camp présidentiel n'est plus en mesure de l'emporter" et que "le score élevé de l'extrême gauche soulève des inquiétudes majeures".
De nombreux cadres réélus ou qualifiés pour le second tour
Du côté des autres cadres du RN, Sébastien Chenu, ancien vice-président de l'Assemblée, conserve la 19e circonscription du Nord, avec 58,35% des voix, et le député sortant Jean-Philippe Tanguy se qualifie pour le deuxième tour (49,62%) dans la 4e circonscription de la Somme, loin devant le candidat d'Ensemble, Annthony Gest (18,47%). Parachutée dans la 4e circonscription de la Sarthe, la sœur de Marine Le Pen, Marie-Caroline Le Pen, parvient à se qualifier pour le second tour (39,26%) dans une triangulaire face à la candidate du Nouveau Front populaire, Elise Leboucher (25,94%) et la candidate de la majorité, Sylvie Casenave-Péré (25,88%).
Dans la 2e circonscription du Lot-et-Garonne, l'ex-vice présidente RN de l'Assemblée nationale Hélène Laporte se qualifie pour le second tour (49,31%) et affrontera dans une triangulaire le NFP (Christophe Courregelongue, 26,89%) et Ensemble (Jean-Marie-Lenzi, 21,99%). L'ancienne vice-présidente du parti, Edwige Diaz, est quant à elle élue dès le 1er tour dans la 11e circonscription de la Gironde, avec 53,33%. Les porte-parole du RN Laurent Jacobelli et Thomas Ménagé arrivent en tête. Le premier, dans la 8e circonscription de la Moselle (46,36%), affrontera la candidate du NFP Céline Léger (28,98%) au second tour. Le second, dans la 4e circonscription du Loiret (49,65%), est aussi loin devant le candidat de l'union de la gauche, Bruno Nottin (21,14%).
Plusieurs candidats LR affiliés au RN arrivés en tête
Eric Ciotti, président contesté des Républicains (LR), avait investi 62 candidats sous l'étiquette "Rassemblement des droites", après avoir noué une alliance avec le RN, dénoncée par tous les autres cadres de LR. Arrivé en tête dans une triangulaire dans la 1ère circonscription des Alpes-Maritimes (41,04%), il a appelé les électeurs de droite à rejeter le "terrifiant danger d'extrême gauche" au second tour, estimant que "la victoire [était] en vue pour porter Jordan Bardella à Matignon". "J'appelle l'ensemble des Républicains à suivre le chemin de l'unité que j'ai ouvert. Les Républicains ne peuvent pas s'abstenir dans ce second tour. Les Républicains doivent participer à la victoire de la droite toute entière", a ajouté Eric Ciotti.
Christelle d'Intorni, la seule députée sortante LR à avoir suivi Eric Ciotti, l'emporte haut la main dès le 1er tour dans la 5e circonscription des Alpes-Maritimes, avec 50,35% des suffrages. Guilhem Carayon, patron des jeunes LR candidat sous la bannière Rassemblement des droites, arrive en tête d'une triangulaire dans la 3e circonscription du Tarn, avec 43,51% des voix. Dans la 9e circonscription de l'Hérault, Charles-Henri Alloncle, ancien président des Jeunes avec Sarkozy et désormais RN-LR est en première position d'une triangulaire (36,43%). Dans le Tarn-et-Garonne, la maire de Montauban, Brigitte Barèges, devance la députée PS sortante Valérie Rabault avec 43,93% des voix, contre 36,81% pour sa rivale, Valérie Rabault (NFP). Le numéro deux de la fédération LR, Matthieu Bloch, l'un des rares responsables locaux à avoir suivi Éric Ciotti, arrive en tête d'une triangulaire dans la troisième circonscription du Doubs, avec 44,35% des voix.
Avec ces candidats affilés, le RN espère ainsi gonfler ses rangs à l'Assemblée si ces députés de l'Union d'extrême droite remportent le second tour.
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