Témoignages Législatives 2024 : les tractations sans fin du NFP provoquent "beaucoup de lassitude, un peu de colère aussi" chez des militants de gauche

Les forces du Nouveau Front populaire ne se sont toujours pas entendues sur un nom pour le poste de Premier ministre. Les militants veulent encore croire à un accord, mais ils ne cachent pas leur incompréhension devant les blocages récurrents.
Article rédigé par Mathilde Imberty
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une personne porte un casque avec l'inscription "Front populaire", le 7 juillet 2024 à Paris. (BENOIT DURAND / HANS LUCAS)

Les tractations n'aboutissent toujours pas à gauche. Marine Tondelier, cheffe de file des Écologistes, a manifesté mercredi 17 juillet sa "colère" face à la guerre de leadership entre Insoumis et socialistes. "Je suis écœurée", a-t-elle lâché sur France 2. Aucun canal de discussion n'est rompu, a précisé dans la journée Olivier Faure, le patron des socialistes. Face à cet enlisement, comment réagissent les militants de gauche, qui sont entrés dans l'action tout récemment à l'occasion des législatives anticipées ? Franceinfo leur a posé la question à Lyon.

"Dans d'autres pays européens, ils ont mis un an à constituer un gouvernement, donc parfois la patience est la mère de toutes les vertus, lance Alice, une militante de gauche de 30 ans qui reste optimiste. Mais s'ils pouvaient se décider, ce serait très chouette pour tout le monde." Elle travaille dans l'associatif, dans les quartiers populaires, et est entrée en action dans l'urgence. "Avec la montée du RN, on a eu tellement peur que là je me suis dit qu'il fallait agir." 

"Je n'ai pas envie que ce soient des guerres d'ego qui fassent s'effondrer tout cet élan démocratique."

Alice, 30 ans, militante de gauche

à franceinfo

Manon n'a que 19 ans. Tout juste bachelière, elle est entrée en politique en juin dernier et plaide pour le compromis. D'abord au sein de la gauche, puis pour un rapprochement avec les macronistes. "Là où le jour d'avant, on s'est craché dessus, c'est difficile après de faire des compromis, admet-elle. Mais je pense que c'est vers ça qu'on doit aller. Mon souhait, c'est que les hommes et les femmes politiques prennent leurs responsabilités et essaient, du mieux qu'ils peuvent, de passer tout ce qu'ils peuvent passer en faisant des compromis, à condition que le camp adverse fasse un pas aussi vers eux."

Sentiment d'être "un peu trahi"

Manon verrait davantage un Premier ministre socialiste quand Alice plaiderait pour la société civile. "C'est vrai que quelqu'un de terrain, du monde associatif, c'est intéressant, estime-t-elle. Peut-être qu'il y a des noms qu'on ne connaît pas et qui vont totalement sortir du lot et faire plein de promesses, on l'espère."

Arthur, ingénieur de 30 ans, a été porté par ce Nouveau Front populaire. "N'étant pas encarté, ça m'a demandé de ne pas choisir entre différentes lignes politiques, ce qui est plutôt avantageux." Il a tracté, organisé un meeting à Lyon et depuis, il y a "beaucoup de lassitude, un peu de colère aussi, cette sensation que notre vote est en train d'être un peu trahi. Puis très lucide sur le fait que le Nouveau Front populaire est constitué de partis qui n'ont pas une ligne égale sur tous les sujets, et c'est bien normal. Par contre, je vois les sujets de discorde aujourd'hui, ce sont ces sujets-là qui me mettent en colère."

"Je pense par exemple aux deux noms qui ont été annoncés en tant que Première ministre, le fait qu'on ait des blocages de facto sans discussions, des blocages durs, me posent un énorme problème."

Arthur, 30 ans

à franceinfo

"Parce que je ne les comprends pas. J'entendais Marine Tondelier dire mercredi qu'on allait se retrouver avec Laurent Wauquiez [à Matignon] à fonctionner comme ça, je suis complètement d'accord." Arthur serait favorable à un vote des députés pour enfin se mettre d'accord sur un nom pour Matignon. 

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