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Régionales : "Les socialistes sont tous des traîtres", lance un ex-syndicaliste FO candidat sur une liste de droite et du centre

Ancienne figure syndicale des hauts fourneaux de Florange, Walter Broccoli sera candidat sur la liste LR-UDI-MoDem en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine.

Article rédigé par franceinfo - Propos recueillis par Céline Bernatowicz
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Publié Mis à jour
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L'ancien syndicaliste FO Walter Broccoli, devant les hauts-fourneaux de Florange (Moselle), le 28 novembre 2014. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Il avait promis qu'il n'entrerait pas en politique : Walter Broccoli a finalement changé d'avis. Ex-figure syndicale des hauts fourneaux de Florange (Moselle) aujourd'hui retraité de la métallurgie, il sera candidat aux élections régionales dans la grande région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. Non pas sur une liste de gauche, comme son engagement syndical pourrait le laisser penser, mais sur celle menée par Philippe Richert, qui rassemblera les Républicains, l'UDI et le MoDem. Car aujourd'hui, Walter Broccoli estime avoir été "trahi" par le Parti socialiste.

Francetv info : Comment peut-on être syndiqué Force ouvrière pendant toute sa carrière, et finir candidat à des élections sur une liste de droite menée par les Républicains ? 

Walter Broccoli : La politique ne m'a jamais intéressé. Je la regardais juste à la télévision, sans plus. J'ai vécu dans un milieu ouvrier plutôt ancré à gauche, donc je votais PS par réflexe, par habitude. Mais à Florange, j’ai eu l’occasion de fréquenter tous ces responsables socialistes. Je les ai côtoyés, j’ai débattu avec eux autour de la même table… A mes yeux, ce sont tous des traîtres. En 2012, j'ai voté François Hollande. Il nous avait promis de sauver Florange, et j'ai cru en lui. En réalité, c'était de la poudre aux yeux. Je n'ai plus aucune estime pour ce parti. Quand il a fallu sauver des emplois, les socialistes ont privilégié leur carrière à leurs convictions.

Nathalie Griesbeck [députée européenne MoDem dans le Grand-Est], elle, a continué à nous soutenir. J’ai appris à la connaître, et j’ai découvert ses valeurs. Jusqu’à présent, l’UDI, comme le MoDem, ne m'ont jamais déçu. Ils ne mentent pas, et surtout, ils ne nous prennent pas pour des imbéciles.

Vous parlez de l’UDI et du MoDem, mais la liste d'union sur laquelle vous serez candidat est avant tout menée par Les Républicains...

Je suis centriste, pas Républicain. Je souhaite un vrai centre, un centre fort. Et on va y travailler. Les Républicains désirent collaborer avec nous, et je n'y vois aucun problème, car face au Front national, la droite et les centristes ne peuvent pas l'emporter s'ils sont divisés. On devrait tous être en mesure d’œuvrer ensemble pour défendre l’intérêt des Français : il est là l'essentiel. Je pense réellement qu'il n'y a plus de clivage gauche-droite.

En 2014, votre homologue de la CFDT à Florange, Edouard Martin, était entré en politique au côté du PS. Vous aviez alors parlé de "trahison" à l'égard des salariés d'ArcelorMittal. En vous engageant à votre tour en politique, ne trahissez-vous pas, vous aussi, vos anciens camarades ?

Par le passé, on a proposé des postes de députés européens, et même de ministres, à des syndicalistes, afin qu’ils se taisent et rentrent dans le rang. C’est le cas d'Edouard Martin. A Florange, il s’est dégonflé, et c’était déloyal envers les travailleurs.

Moi, si j'ai décidé d’entrer aujourd’hui en politique, c’est justement pour continuer à m'exprimer, pour défendre mes convictions et mes valeurs. Je suis retraité, et donc libéré de tous mes mandats syndicaux depuis près d’un an. J'estime avoir aujourd'hui le droit de m’engager. Je suis resté en contact avec mes collègues d’ArcelorMittal, on se voit souvent. Pour eux, cette annonce n’est pas une surprise. J'avais déjà envisagé de me présenter aux départementales, en mars, mais je n’étais pas encore retraité. A l'époque, c'est eux qui m'avaient dissuadé de me présenter. Depuis, j’ai pris le temps de peser le pour et le contre. Ma candidature est réfléchie.

Beaucoup de Français qui, comme vous, s'estiment trahis par la gauche, songent aujourd'hui à rallier le FN, comme l'a d'ailleurs fait votre fils l'an dernier, plutôt que le centre ou la droite. Les comprenez-vous ? 

Je ne comprendrai jamais la décision de mon fils de soutenir le FN. Quand je l'ai appris, ça m’a foutu en l’air. Il a brutalement coupé le cordon avec toute sa famille, avec ses amis… On l'a lobotomisé, ni plus ni moins.

En m'engageant en politique, je veux prouver aux déçus de la gauche qu’il y a une alternative à l'extrême droite. Aujourd’hui, on vote FN en désespoir de cause, et on attend sagement de voir ce qu'il va se passer. Je veux montrer à ces gens qu’il existe une autre voie : le centre. C’est mon combat. Et cet engagement politique, c'est vrai, a été motivé par les choix de mon fils.

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