: Témoignage "Si même les juifs se mettent du côté de l'extrême droite, on n'en finira jamais", regrette Ginette Kolinka, rescapée d'Auschwitz-Birkenau
Au lendemain des 80 ans de commémoration du 18 juin et d'hommages aux Résistants qui ont libéré la France, une autre grande voix de la Seconde Guerre mondiale se fait entendre, celle de Ginette Kolinka. Rescapée d'Auschwitz-Birkenau, elle continue, à 99 ans, de témoigner devant les élèves. Un témoignage contre la haine qui fait écho à la situation politique actuelle, quelques jours aussi après la déclaration de Serge Klarsfeld qui a choisi de voter à l'extrême droite en cas de duel avec la gauche.
Dans sa chambre, devant sa télé, Ginette Kolinka regarde parfois les débats et décryptages politiques du moment : "Qu'est-ce qu'ils appellent la majorité absolue ?" Celle qui a survécu à la barbarie nazie et aux camps de mort, déportée avec une partie de sa famille en 1944 à Auschwitz Birkenau, l'admet sans honte : elle n'est pas une experte en politique.
"Tout ce qui est extrême est dangereux"
Mais la récente prise de position de Serge Klarsfeld affirmant qu'il voterait Rassemblement national en cas de duel au second tour avec la France Insoumise ne la laisse pas indifférente : "Je ne comprends pas sa réaction. Quand tu vois Klarsfeld qui se met d'accord avec eux, là tu te dis qu'il y a quelque chose qui ne va plus. Si même les juifs se mettent du côté de l'extrême droite, on n'en finira jamais."
Quant à l'argument de Serge Klarsfeld d'un Rassemblement national qui aurait fait sa mue et soutient les juifs : "Peut-être qu'ils le font en parole pour avoir les voix de notre corporation mais une fois qu'il aura les voix, qu'est-ce qu'il fera ?"
"On n'arrive pas à croire que l'extrême droite arrive à nous défendre."
Ginette Kolinkaà franceinfo
Face au Rassemblement national, quel rempart alors ? Ginette Kolinka botte largement en touche sur un éventuel vote Nouveau Front populaire : "Tout ce qui est extrême est dangereux." Et rappelle son discours contre la haine et pour la tolérance, répété quotidiennement dans les établissements scolaires depuis 25 ans : "Je ne parle qu'aux enfants, je ne parle pas aux adultes. Il y a des adultes qui m'écoutent mais c'est aux enfants que je parle. Et les enfants, je ne fais pas de politique, je suis contre tout ce qui peut faire qu'on haïsse quelqu'un. Moi je suis pour la tolérance. Quel est le parti qui te dit 'On s'aime tous' ? Je n'en connais pas beaucoup." Ginette Kolinka qui met aussi en avant l'une de ses formules préférées : "La haine c'est déjà un pied à Auschwitz".
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