Emeutes après la mort de Nahel : qu'est-ce que la CRS 8, unité d’élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines ?
Si les scènes de pillages et de violences, dans la nuit du vendredi 30 juin au samedi 1er juillet, ont été d'une "intensité moindre" selon le ministère de l'Intérieur dans plusieurs villes de France, la région lyonnaise a été le théâtre d'"émeutes sans précédent", selon les mots du maire de Lyon, poussant Gérald Darmanin a déployé dans la région l'unité d'élite de la police nationale, la CRS 8.
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Déployés depuis avril à Mayotte dans le cadre de l'opération Wuambushu, les effectifs de cette force d'intervention spéciale ont quitté l'île ces derniers jours pour revenir en métropole, en réaction aux violences urbaines après la mort de Nahel, rapporte Mayotte la 1ère.
"Renforcer le dispositif déjà mis en place"
Le ministère de l'Intérieur a, en effet, annoncé, samedi 1er juillet, que "la Compagnie Républicaine de Sécurité 8 sera envoyée à Lyon dès ce [samedi] soir. Spécialisée dans le maintien de l’ordre et les violences urbaines, elle concourra à renforcer le dispositif déjà mis en place hier à Lyon", indique un communiqué. "Depuis plusieurs jours, les effectifs de la sécurité publique de l’agglomération lyonnaise bénéficient déjà du renfort de plusieurs unités de maintien de l’ordre et de moyens spécialisés tels que le RAID et la BRI. La Gendarmerie nationale déploiera encore une fois un hélicoptère et deux véhicules blindés à roue. Enfin des pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie seront employés en zone de compétence de la police nationale", précise le ministère.
Une décision prise notamment après que quatre policiers ont été blessés dans cette ville de la métropole lyonnaise, vendredi soir, par des tirs de fusil à grenaille. Deux policiers souffrent d'hématomes, deux autres ont été touchés par des grenailles, sortes de petites billes d'acier ou de fer : au nez pour l'un et à la cuisse pour l'autre.
Mission principale : enrayer rapidement les violences
Face à cette violence, les autorités font donc appel à la CRS 8. Cette unité d'élite de la police nationale est, en effet, spécialisée dans le maintien de l'ordre et les violences urbaines. Baptisée aussi "force d'appui rapide", elle a été créée il y a deux ans. Cette unité compte au total 200 hommes et femmes formés pour intervenir sur tout le territoire. Elle est présentée comme déployable 7 jours sur 7 sur l'ensemble du territoire en cas de situation particulièrement tendue et capable de partir sur zone en moins de 15 minutes dans un rayon de 300 km.
La CRS 8 était, au moment de sa création, basée dans un domaine forestier à Bièvres, dans l'Essonne, dans les locaux du Raid, rapporte France 3. Cette unité s'y entraîne tous les jours, par exemple, dans des conditions réalistes, notamment pour affronter des adversaires ultraviolents, à l'occasion de violences urbaines ou de manifestations. Leur mission principale est d'enrayer rapidement ces violences.
Une compagnie critiquée
Ces CRS sont intervenus dans les récentes manifestations contre la réforme des retraites. Ils ont déjà été déployés de nombreuses fois, et récemment à Nantes - où ils ont assurés une "présence dissuasive pour prévenir les trafics de stupéfiants et les affrontements" -, à Nîmes ou encore à Mayotte pour l’opération Wuambushu. Elle a aussi été amenée à se rendre en Corse après les manifestations contre l'agression en prison d'Yvan Colonna, ainsi qu'à Amiens, Mantes-la-Jolie ou encore Limoges.
Ces forces de l'ordre ont aussi déjà été déployées en avril à Marseille où ils ont mené des opérations dans quatre cités de la ville après des fusillades meurtrières. D'ailleurs, lors de sa visite de plusieurs jours dans la cité phocéenne, Emmanuel Macron a annoncé la création d'une compagnie de CRS 8 permanente à Marseille "pour l'automne prochain".
En août 2022, l'unité a été envoyée à Colmar après l'assassinat par balles d'un jeune homme de 27 ans en marge d'un rodéo urbain. Elle a aussi été déployée en Corse après les manifestations contre l'agression en prison d'Yvan Colonna, ainsi qu'à Amiens, Mantes-la-Jolie ou encore Limoges.
Reste que cette compagnie, spécialisée dans l'intervention en cas de violences urbaines, est l'objet de nombreuses controverses notamment avec des comportements violents lors de manifestations contre la réforme des retraites, rappelle L'Obs. De nombreux dysfonctionnements récurrents depuis la création de l'unité sont soulignés dans deux rapports annuels d’activité, qui ont été révélés par journal Le Monde. Le commandant, auteur des rapports, souligne notamment l’affectation de jeunes policiers auxiliaires incapables de "faire du maintien de l’ordre ou des violences urbaines", car encore "inexpérimentés".
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