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Violences après la mort de Nahel : malgré la pression, Emmanuel Macron veut se laisser du temps

Tandis que certains élus souhaitent des mesures concrètes rapidement, Emmanuel Macron a assuré vouloir "continuer à creuser", avant de donner une réponse aux violences urbaines de ces derniers jours.
Article rédigé par Hadrien Bect
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président Emmanuel Macron ce mardi devant les maires dont la municipalité a été touchée par des violences urbaines. (MAXPPP/MAXPPP)

Après une semaine de violences urbaines et de pillages, Emmanuel Macron a annoncé mardi une loi pour accélération la reconstruction après les destructions qui ont visé des bâtiments, du mobilier urbain et des moyens de transport. Mais pour le reste, l'exécutif navigue, pour l'instant, à vue. Une chose semble à peu près acquise : il n'y aura pas un nouveau plan banlieues. "L’unité de la nation ne s’achètera pas à coup de milliards", juge ainsi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire devant des députés.

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Pour traiter les causes, Emmanuel Macron veut se laisser du temps. Devant les maires réunis mardi 4 juillet à l'Élysée, le président a assuré vouloir "continuer à creuser" sur la justice des mineurs, concernant les logements, le chef de l'Etat ne se dit pas "satisfait". 

Sanctionner les familles "à la première infraction"

Emmanuel Macron semble quand même avoir trouvé un fil conducteur : la responsabilité des parents. Le président souhaite toujours sanctionner financièrement les familles "à la première infraction" selon les termes Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat a en effet glissé lundi soir à des policiers rencontrés à Paris qu'il envisageait de "sanctionner financièrement et facilement" les parents en mettant en place "une sorte de tarif minimum dès la première connerie" commise par leur enfant, précisant vouloir agir "au cas par cas" et "pas forcément" en passant par des suspensions d'allocations familiales.

"Il existe des dispositions dans le code pénal qui permettent de prononcer des amendes forfaitaires pour ceux qui n'assurent pas l'autorité parentale, rappelle Sacha Houlié, député Renaissance et président de la commission des lois. Plutôt que de passer son temps à vouloir réinventer la roue, je pense qu'on peut utiliser ce qui existe, c'est insuffisamment fait." En clair, il n'y a pas besoin d'un nouveau texte de loi.

Retour du clivage droite-gauche

Une façon d'essayer de couper court au débat qui commence à s'élever dans la majorité pour voter de nouvelles dispositions, dans la loi, et répondre à ces violences. Mais, malgré tout, certains dans la majorité veulent aller plus loin, car face à une droite qui met la pression, il y a la tentation de "taper plus fort" : "La suspension des allocations, et en particulier des allocations familiales, lorsqu'il n'y a pas de réciprocité de devoir que doivent exercer les parents à l'égard de leurs enfants, c'est un débat qui est totalement légitime."

Légitimes ou vénéneuses, toutes les nuances existent dans la majorité et renaissent comme souvent, le clivage droite-gauche."Plutôt que d'aller sur les sanctions, il faut voir comment on aide les parents à faire leur job", avance pour sa part la députée Les Républicains de Paris, Astrid Panosyan : "On ne peut pas tout demander de l'école, de l'éducateur, du grand frère ou du médiateur."

D'autres députés prônent une approche plus sociale et proposent ainsi de travailler sur le lien entre les jeunes et les policiers, grâce aux associations. Mais tous les élus se rejoignent sur un point : il faudra des réponses et peut-être plus rapidement que ne le souhaite Emmanuel Macron. 

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