Fusillades à Marseille : le profil de plus en plus jeune des victimes de règlements de compte
Trois fusillades, trois morts, et huit blessés. C'est l'énième épisode d'une guerre de territoire entre trafiquants de drogues à Marseille après les fusillades sanglantes qui ont eu lieu dans la nuit du dimanche 2 à lundi 3 avril. Cette guerre s'intensifie et évolue, selon la procureure de la République qui a tenu une conférence de presse lundi en fin d'après-midi et indiqué que quatre personnes sont en garde à vue.
Tout d'abord, la procureure de Marseille pointe le profil de plus en plus des victimes. Les trois jeunes ciblés dans le centre-ville dans le quartier de la Joliette étaient des adolescents de 14, 15 et 16 ans. Les deux plus grands avaient déjà eu affaire à la police pour des petits trafics, comme le reconnaît un de leurs amis : "Il lui arrivait de trouver son argent, comme tous les jeunes, comme tout le monde. Ils l'ont vu dans un quartier ailleurs, et ils sont venus lui tirer dessus, c'est tout."
"Je n'ai pas envie que mes enfants vivent dans cette ambiance"
À la cité du Castellas, les jeunes pris pour cible avaient autour de 20 ans. Tous étaient fichés, certains depuis longtemps, expliquent des parents venus manifester et crier leur impuissance face à ce phénomène : "Il y a des petits, ils ont essayé de les prendre à 10-11 ans, de leur donner 10 euros en leur disant va me chercher-ci, s'indigne une mère de famille. Et petit à petit, on les attire. Des jeunes de 10, 11 ou 13 ans, des filles, des garçons. C'est vraiment une gangrène, on se demande ce qu'on peut faire pour sauver le reste de nos enfants." "J'ai deux enfants de 12 et 14 ans, raconte une autre habitante du quartier. Je n'ai pas envie qu'ils vivent dans cette ambiance. J'ai peur."
"Je travaille loin du quartier et je suis absente toute la journée. J'ai mes enfants qui vont au collège et qui reviennent seuls, j'ai peur pour eux."
Une habitante du quartier de la Castellasà franceinfo
Et alors que cette cité du Castellas vient d'être refaite, avec des espaces publics agréables, des jardins ou des terrains de jeux, cette mère de famille n'a plus qu'une idée en tête : déménager.
Une logique de "vendetta"
La procureure de la République a souligné, l'implication de plus en plus courante d'étrangers en situation irrégulière dans le commerce de drogue, car il devient de plus en plus difficile de recruter sur les points de deal. Dominique Laurens dénonce aussi une logique de "vendetta" alors que le bilan de ce début d'année 2023 est particulièrement sanglant dans le département : 14 morts, 43 blessés en à peine plus de trois mois. Il y avait eu 32 morts et 33 blessés sur l'ensemble de l'année 2022
Pour renforcer la sécurité dans les quartiers gangrénés par le trafic de drogue à Marseille, la CRS 8, une compagnie spécialisée dans les violences urbaines, a été déployée lundi soir. Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs annoncé l'arrivée d'ici septembre de 11 officiers de police judiciaire pour renforcer la brigade de recherche et d'intervention.
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