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Procès de Nordahl Lelandais : l'avocat de la mère de Maëlys espère une peine à la hauteur de son "absolue dangerosité"

Le procureur général de la cour d’assises de l’Isère a requis contre Nordahl Lelandais la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté pour le meurtre de Maëlys De Araujo en août 2017.

Article rédigé par franceinfo
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Me Fabien Rajon, le 17 février 2022, à Grenoble. (OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP)

Me Fabien Rajon, avocat de la mère de la petite Maëlys, espère vendredi 18 février sur franceinfo que la peine qui sera prononcée à l’encontre de Nordahl Lelandais protégera "la société d'un individu dont on s'est rendu compte de l'absolue dangerosité".

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Le procureur général a requis la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté contre Nordahl Lelandais qui est jugé par la cour d’assises de l’Isère pour le meurtre de Maëlys De Araujo, en août 2017. 

franceinfo : La famille de Maëlys a-t-elle le sentiment d'avoir eu les réponses à ses questions durant ce procès ?

Me Fabien Rajon : De la part de Nordahl Lelandais non, sûrement pas. Mais nous étions plutôt plutôt sceptiques quant à sa capacité à nous dire ce qui s'était réellement joué le soir de l'enlèvement de Maëlys de Araujo. En revanche, on a eu des investigations pendant quatre ans et demi de très haut niveau qui nous ont permis malgré tout de confondre Nordahl Lelandais et de faire en sorte qu'il soit jugé devant une cour d'assises.

Il a eu des déclarations contradictoires, mais il a tout de même reconnu des addictions et même des penchants pédophiles…

Effectivement, au fil de ces quatre ans et demi de procédure, il a eu des déclarations très, très fluctuantes. Il a dit tout et son contraire. Et surtout, cela a été d'ailleurs rappelé par monsieur l'avocat général, il a parlé que lorsqu'il était confronté à des éléments qui ne pouvaient que le conduire à reconnaître sa responsabilité. Ses dernières déclarations durant les trois semaines d'assises ont été proprement désastreuses. Il a eu des mots pour la famille de Maïlys complètement désastreux et surtout, il m'inquiétait quant à sa capacité à avoir du recul, à avoir une introspection sur les crimes qu'il a commis. Il nous a dit que durant sa détention, il avait changé, il avait évolué, il avait effectué un travail avec ces psychiatres. On s'est vite rendu compte que derrière la surface de ce discours très lisse et visiblement appris, en réalité, il y avait une personnalité qui était toujours aussi inquiétante et dangereuse.

L’avocat général a réclamé la perpétuité. Il a décrit Nordahl Lelandais comme un "ravageur d'innocents", un "danger absolu". Comment ces mots ont-ils été perçus par la mère de Maëlys ?

L'avocat général a, durant ces trois semaines d'assises, fait preuve de beaucoup de mesure, de beaucoup de pondération, de beaucoup de recul. Ce n'était pas quelqu'un qui était vindicatif, bien au contraire. Il avait une forme d'autorité morale sur cette cour d'assises qui était assez impressionnante. Mais en revanche, il est vrai que dans le cadre de son réquisitoire, il a eu des mots qui étaient durs et qui étaient d'autant plus puissants qu'il était sobre jusque là. Et je crois pouvoir vous dire que mes clients étaient très satisfaits de la fermeté de monsieur l'avocat général, mais également de sa lucidité quant à la personnalité de Nordahl Lelandais.

La fin de ce procès et la condamnation probable de Nordahl Lelandais sont-elles un soulagement pour la famille ?

La reconstruction va être très difficile. Je pense à l'après-assises. Je pense au moment où il n'y aura plus de micros, plus de caméras, plus de magistrats, plus d'avocats et que ce dossier sera derrière nous. Ce sera un long cheminement difficile. Il faudra que la famille soit accompagnée, aidée. Ils auront vraiment besoin de soutien. S’agissant des réquisitions de l'avocat général, elles me paraissent tout à fait cohérentes. Et objectivement, c'est la peine qu'on attend : perpétuité et 22 ans de sûreté. Ce ne sera pas simplement, je pense, pour permettre à la famille de passer à autre chose, ce sera aussi et surtout pour protéger la société d'un individu dont on s'est rendu compte de l'absolue dangerosité.

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