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Double homicide dans les Cévennes : l'opération a été "un succès" pour Laurent Haas, le commandant du groupement de gendarmerie du Gard

Valentin Marcone, le forcené des Cévennes, s’est rendu vendredi aux gendarmes, après quatre jours terré dans les bois. Il a été placé en garde à vue pour assassinats.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des gendarmes déployés pendant quatre jours dans les Cévennes lors de la traque de Valentin Marcone, à la mi-mai 2021. (SYLVAIN THOMAS / AFP)

La traque a été "un succès", s'est félicité samedi 15 mai sur franceinfo le colonel Laurent Haas, le commandant du groupement de gendarmerie du Gard, après la reddition vendredi de Valentin Marcone. Le jeune père de famille de 29 ans était recherché depuis mardi, soupçonné d'avoir abattu son patron et un de ses collègues dans la scierie où il travaillait, dans le village des Plantiers.

franceinfo : Colonel Laurent Haas, vous commandez le groupement de gendarmerie du Gard. Comment avez-vous obtenu un tel résultat ?

Colonel Laurent Haas : Depuis mardi, nous avions quadrillé la zone qui était bouclée dans un quadrilatère d'environ 15 km de côté où nous savions que l'intéressé avait pris la fuite. Pour autant, nous ne l'avions pas localisé précisément. Il s'agit d'un territoire de montagne qui est densément boisé, parfaitement connu de l'intéressé, dans lequel il avait préparé des caches. Nous savions qu'il était armé, capable de tirer et entraîné pour tirer à longue distance.

"Tout l'enjeu pour nous a été de le pousser à commettre ponctuellement des fautes et à laisser des traces."

Colonel Laurent Haas,  commandant du groupement de gendarmerie du Gard

à franceinfo

Vous avez pu obtenir des indices ?

En fait, on a resserré petit à petit la zone de présence dans laquelle il y a manœuvré au cours des quatre journées. On l'a détecté à plusieurs reprises, il a changé de cache, manifestement. Et puis, c'est cette pression qui, hier en fin d'après-midi, alors qu'il avait été décelé à nouveau par une équipe cynophile, et appuyée par une équipe du GIGN, l'a poussé à prendre la fuite au devant, à sortir de bois et à se rendre à une patrouille de gendarmes locaux qui interdisaient l'accès par la route à son domicile.

Donc, c'est un véritable succès pour vos hommes ?

Personne n'a été blessé. L'adversaire n'a pas pu tirer sur des effectifs engagés. Il ne s'est pas donné la mort. Les familles des victimes auront droit à un procès et donc à des explications sur la manière dont les choses se sont déroulées, sur les motifs et les raisons qui ont poussé l'auteur à ce double homicide. Oui, c'est un succès. 

Opération quasi parfaite pour ce qui vous concerne. Beaucoup de gens pensaient qu'on ne retrouverait que son corps si jamais on le retrouvait. Est-ce que vous pensiez aussi ça ?

Ça faisait partie des hypothèses. Ce n'était pas la plus la plus probable.

"On a dès le départ essayé de rechercher dans son passé, dans son activité numérique, des éléments nous permettant de dresser un portrait psychologique et d'en déduire sa stratégie de manoeuvre dans la zone dans la zone bouclée."

Colonel Haas

à franceinfo

Et l'idée du suicide ne nous est pas venue prioritairement. Nous pensions le manœuvrer jusqu'à jusqu'à l'épuisement et c'est effectivement ce qui s'est produit

Quand il est parti. Il était armé assez lourdement, nous a-t-on dit. Il n'avait pas d'armes lorsqu'il s'est rendu ?

C'est ça. Il avait abandonné ses armes. Il s'est présenté les mains en l'air, manifestement très, très affaibli. Nous savons précisément ce qui manque à l'inventaire des armes qu'il détenait. Elles vont être recherchées. Il a commencé à nous donner des indications pour aller les récupérer. 

Est-ce que le message qui a été lancé par le père de Valentin Marcone a eu un effet à votre connaissance sur sa reddition ?

Il va nous le dire, lors des auditions, mais c'est sans doute le cas. Ce n'est pas le seul élément qui a joué dans la stratégie mise en œuvre.

"On ne l'a pas laissé dormir. On lui a donné la chasse pendant quatre jours, au jour et nuit, avec des moyens aériens et des moyens au sol, les équipes cynophiles et les moyens du GIGN."

Colonel Haas

à franceinfo

Tout ça a contribué aussi à aller à l'épuisement et la prise de conscience qu'il n'y avait pas d'autre solution que de se rendre paisiblement. On a immédiatement déployé environ 200 effectifs pour être sûr de quadriller hermétiquement la zone et l'empêcher d'en sortir, puisque le risque auquel nous nous préparions était surtout celui de la réitération de faits vis-à-vis d'autres habitants du village. L'enjeu pour nous, c'était surtout de protéger la population et de l'empêcher de sortir également de la zone, ce qui n'était pas simple. Mais il a fallu s'inscrire intellectuellement dans une perspective de durée. Nous ne savions pas s'il y avait des vivres en quantité importante dans ces caches. On s'étaient vraiment préparés à durer encore au-delà.

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