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Policiers de la BRAV-M invités à "TPMP" : ce que l'on sait de cette séquence controversée sur C8

La préfecture de police a ouvert une enquête administrative après l'interview vendredi soir sur C8 dans l'émission "TPMP" de quatre personnes présentées comme des policiers de la BRAV-M. La préfecture de police doute de leur appartenance à ce service.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Quatre personnes s'étaient présentées comme des policiers de la Brav-M dans l'émission TPMP de C8, le 31 mars 2023. (CAPTURE D'ECRAN C8)

C'est une séquence virale sur les réseaux sociaux, qui cumule, dimanche 2 avril à la mi-jounrée, plus de deux millions de vues sur le seul compte twitter de l'émission "TPMP" de la chaîne C8. Quatre personnes présentées comme des policiers interviennent dans l'émission, vendredi 31 mars, et répondent aux critiques visant la BRAV-M, une brigade motorisée de la police. Cette unité est critiquée notamment pour sa gestion de la contestation contre la réforme des retraites. Des élus de la région Île de France et des députés de la France insoumise demandent depuis son démantèlement. Après la diffusion de l'émission, la préfecture de police a indiqué qu'elle doutait de l'appartenance de ces personnes à la BRAV-M. Voici ce que l'on sait de cette controverse.

Comment s'est déroulée l'émission ?

Vendredi 31 mars sur la chaîne C8, dans l'émission "TPMP", quatre personnes, trois hommes et une femme, sont d'abord présentées par Cyril Hanouna comme des policiers appartenant à l'unité de la BRAV-M. Un bandeau, diffusé au bas de l'écran, précise ensuite : "4 policiers membres de la BRAV-M et unités spéciales sortent du silence".

Leurs voix sont modifiées, leurs visages sont masqués par des cagoules et ils portent un brassard orange avec l'inscription "police" bien visible. L'animateur phare de l'émission les interroge pendant une trentaine de minutes sur les violences dont sont accusés ces policiers lors des manifestations contre la réforme des retraites, alors qu'une pétition pour la dissolution de la BRAV-M atteint les plus de 240 000 signatures, dimanche 2 avril à la mi-journée, sur le site de l'Assemblée nationale.

"On connaît très, très bien le terrain", affirme l'un des intervenants, "on fait partis des anciens, on l'a pratiqué de A à Z". "Les personnes que l'on affronte ne sont pas des manifestants innocents mais des black-blocs déterminés à nous tuer" poursuit-il, "ce ne sont pas les policiers qui sont devenus de plus en plus violents, ce sont les affrontements qui le sont devenus, nous nous sommes adaptés". Un autre policier interrogé souligne qu'il veut "faire comprendre que derrière le policier il y a un humain" qui "ne va pas boire, ni manger, ni aller aux toilettes pendant dix heures"

Est-ce que ce sont bien des policiers de la BRAV-M ?

Quelques heures après la diffusion de l'émission, la préfecture de police réagit sur Twitter et indique que "les premiers éléments en [sa] possession laissent à penser que ces personnes n’appartiennent pas à la BRAV-M". Elle annonce aussi l'ouverture d'une enquête administrative et la saisine de la procureure de la République de Paris.

 

Dans la séquence de "TPMP", ces policiers sont présentés comme "quatre membres de la BRAV-M", par Cyril Hanouna. Mais dès le début de l'interview, l'un des hommes masqués "tient à faire une petite précision". Il explique qu'il y a "parmi [eux] des membres de la BRAV-M et des membres des unités spécialisées qui interviennent sur le maintien de l'ordre et on a fait ça toute notre carrière pendant 15 ans."

Face à la polémique la chaîne C8 indique, au lendemain de l'émission, avoir reçu "quatre policiers" sur son plateau, dont "un qui a été révoqué au mois de décembre". "Il a été précisé à l'antenne que tous ne faisaient pas partie de la BRAV-M" ajoute également la chaîne du groupe Canal+. Cet homme dit témoigner au nom des policiers de la BRAV-M, pour raconter leur quotidien.

Sur Instagram, un homme, Cédric Vladimir assure être le policier révoqué interviewé sur le plateau. Il confirme, sur son compte qu'il n'appartient pas à la BRAV-M, "tout le monde sait que j'appartenais à la CSI93 et non pas à la BRAV-M", écrit-il. "Ceux qui disent que je me suis fait passer pour un membre de la BRAV-M doivent être sourds." Il explique ensuite qu'il ne fait pas partie de cette unité mais qu'il est allé "porter la parole de nombreux membres de la BRAV-M qui [lui] ont demandé de le faire, et [lui] ont fait l'honneur d'aller dire leur vérité".

Invité de BFM TV dimanche 2 avril, le préfet de police Laurent Nunez s'est exprimé sur cette affaire. "On a l'impression que ce sont quatre fonctionnaires de la Brav-M qui sont interrogés. De ce que j'en sais, pas tous, en tout cas la très grande majorité non. On a encore quelques doutes", précise Laurent Nunez avant d'ajouter : "On me dit que ce sont peut-être des policiers, je n'en sais rien". Le préfet de police rappelle qu'il autorise des "fonctionnaires de police à s'exprimer" mais que dans ce cas précis, "on n'a eu aucune autorisation". Pour lui, "aller comme ça communiquer et se faire les porte-parole de la Brav-M de manière cagoulée [...] C'est pas terrible comme image. Ça nuit à l'image de l'unité en question que nous défendons et qui fait un travail remarquable et qui n'avait pas besoin de ça".

Quelles réactions a provoqué cette séquence ?

Invité du "Grand Rendez-vous" Europe 1 / Cnews / Les Echos, dimanche 2 avril, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dit avoir "proposé" que le préfet de police Laurent Nuñez "puisse être invité de l'émission de M. Hanouna lundi". "Et je crois qu'il y sera", reprend le ministre. Interrogé dimanche sur BFM TV Laurent Nunez indique qu'il "réponds volontiers aux invitations des médias. Je n'ai pas à juger de la pertinence de cette émission. Je dois reboucler avec Gérald Darmanin et sous son autorité pour savoir si on confirmera ou pas notre participation. Des enquêtes sont en cours donc il convient d'être prudent pour ne pas polluer les investigations par une participation à cette émission".  Laurent Nunez indique aussi qu'il "considère que cette affaire est grave, c'est très grave".

La préfecture de police n'a pas été la seule à réagir à l'issue de l'émission, le syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) s'est aussi exprimé sur la polémique. Le SCPN reproche sur twitter à Cyril Hanouna de ne pas avoir "procédé aux vérifications nécessaires pour éviter de faire parler ces guignols usurpateurs", et met en garde l'animateur : "Vous méritez des poursuites".

De son côté, l'Arcom, le régulateur des médias affirme avoir été "saisie par des téléspectateurs" et qu'elle va "visionner la séquence en question et l'instruire le cas échéant" en suivant sa "procédure habituelle".

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