Marseille : "J'ai senti des coups, puis trou noir", témoigne Otman qui affirme avoir été violemment interpellé par des policiers en marge des émeutes
"J'ai senti des coups, puis trou noir", témoigne Otman mercredi 30 août sur franceinfo. Cet homme de 36 ans affirme avoir été violemment interpellé par des policiers en marge des émeutes à Marseille, dans la nuit du 1er au 2 juillet. Cette nuit-là, il se souvient qu'il filmait les émeutes dans le quartier de la Plaine et reconnaît être entré dans un tabac pillé pour prendre quelques paquets de cigarettes. Puis, il a aperçu des policiers.
"Je pensais que j'allais être interpellé parce que j'avais fait une bêtise. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé pour moi. On dirait qu'ils voulaient se faire justice eux-mêmes. Quand je suis sorti du tabac, j'ai pris directement un coup de matraque sur la tête. On m'a éclaté par terre. J'ai senti des coups, des coups de pied. Puis trou noir", raconte-il.
L'homme a perdu connaissance. "Quand je me suis réveillé, j'ai senti que j'étais menotté et que mon visage glissait au sol. En fait, c'était le sang". Otman a perdu plusieurs fois connaissance, les coups lui ont causé plusieurs fractures au visage.
"J'ai la mâchoire fêlée, ils m'ont cassé au moins quatre dents, j'ai sept points de suture au crâne, la pommette enfoncée"
Otman, qui affirme avoir été violemment interpellé par des policiersà franceinfo
Près de deux mois après son interpellation, ce trentenaire se dit encore très choqué. "J'ai du mal à manger, j'ai des maux de tête, je ne sors plus de chez moi, je ne travaille plus". Il a porté plainte.
La garde à vue du policier soupçonné d'avoir commis ces violences a été prolongée mercredi 30 août, indique le parquet de Marseille à Radio France. Trois chefs de prévention ont été retenus : "Violences ayant entraîné une ITT de plus de huit jours par personne dépositaire de l'autorité publique en réunion avec arme, pour abus d'autorité par personne dépositaire de l'autorité publique pour faire échec à l'exécution de la loi, menace ou acte d'intimidation en vue de déterminer une victime à ne pas déposer plainte ou à se rétracter." L'enquête a été confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Otman explique être soulagé qu'un policier soit placé en garde à vue mais il assure que cinq fonctionnaires l'ont tabassé cette nuit du 1er au 2 juillet. Au cours de cette même nuit, Mohamed Bendriss, 27 ans, est décédé, son cousin Abdelkarim Y., 22 ans, a été éborgné après un tir de LBD, et Hedi, 22 ans, a été gravement touché à la tête par un tir de LBD. Quatre enquêtes pour des soupçons de violences policières en marge des émeutes à Marseille ont été ouvertes.
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