Reportage "On n'a pas de suspect, on n'a rien" : un an après l'incendie de Vaulx-en-Velin, habitants et propriétaires attendent toujours des réponses

Une marche blanche est organisée ce samedi, un an après l'incendie qui a coûté la vie à dix personnes à Vaulx-en-Velin, en banlieue lyonnais.
Article rédigé par Christophe Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'immeuble situé au 12, chemin des barques, dans le quartir du Mas du taureau à Vaulx-en-Velin, touché en décembre 2022 par un incendie. (JOEL PHILIPPON / MAXPPP)

Une centaine de personnes ont participé samedi 16 décembre à une marche blanche à Vaulx-en-Velin (Rhône), en hommage aux victimes de l'incendie d'un immeuble il y a un an jour pour jour, le 16 décembre 2022. "Rien ne sera plus jamais comme avant. Le 16 décembre ne sera plus jamais un jour comme un autre", a déclaré la maire PS de la ville, Hélène Geoffroy.

Des ballons blancs ont été lâchés par des enfants devant l'immeuble sinistré, au 12 chemin des barques. La façade porte encore les traces du terrible incendie, qui avait surpris les résidents dans leur sommeil vers trois heures du matin. Le 16 décembre 2022, au rez-de-chaussée de cet immeuble de Vaulx-en-Velin, en banlieue lyonnaise, les flammes, parties du hall de l'immeuble, se propageaient dans les étages. Dix personnes, dont quatre enfants, sont mortes.

Ex-locataires au septième, Loulou Abdallah et ses trois enfants restent marqués par cette nuit d'horreur. "C'est un traumatisme déjà pour les enfants. On a dû quand même les balancer du septième étage, se souvient-elle. Maintenant, ils ont peur du noir, ils ont peur de la fumée, de tout quoi."

"On a tout perdu, notre logement, nos repères, tout. On n'a pas de suspect, on n'a rien. On ne sait même pas si un jour on va trouver quelqu'un."

Loulou Abdallah, ex-locataire du 7e étage

à franceinfo

Un an après, l'enquête piétine. Il y a dix jours, la police a arrêté puis libéré huit suspects, des trafiquants notoires. "Le feu est parti du canapé qui avait été amené par les squatteurs et le feu, en fait, provient de la main de l'homme. C'est de ce canapé que le feu est parti. Ça, c'est une certitude", assure l'avocat des victimes, Yves Hartemann. "On est dans le cadre d'une infraction pénale d'homicide et de blessure volontaire ou involontaire."

"Je vais faire de la résistance"

Sur 31 familles, 26 sont relogées à leur convenance. Une fois rénové, l'immeuble pourrait devenir une résidence étudiante. Alors, les propriétaires, comme Hedi qui habitait au cinquième étage, ont reçu des propositions. "Ils nous parlent de 1 150 euros le mètre carré. Ils mettent en avant que ce sont les prix de vente recensés dans le quartier, mais on s'est renseignés dans les agences sur combien valait le mètre carré à Vaulx-en-Velin. Ce qu'ils nous proposent, c'est le tiers", regrette-t-il.

"Je n'en dors presque pas la nuit quand je pense que je ne pourrais pas racheter quelque chose avec ce qu'ils vont nous donner, poursuit le propriétaire. Je vais faire de la résistance, ça c'est sûr. Mais ils vont saper ma fin de vie, parce que je suis plus sur la fin quand même. Je ne sais pas où je vais", confie Hedi. Même si 1,2 million d'euros a été promis pour réhabiliter treize copropriétés du quartier, rien n'a changé, estime Laëtitia Berriguiga. Elle préside l'association des victimes du 12 chemin des barques. "Ce qu'on aimerait, c'est qu'on cherche effectivement des coupables de ce qu'il s'est passé, mais aussi les responsables de la gestion de nos bâtiments", fustige-t-elle.

"Je pense qu'aujourd'hui, même si on débarrasse la ville de tous les dealers, malheureusement, les conditions de vie restent les mêmes. Demain, un nouvel incendie, ce sera le même bilan et c'est ce qu'on déplore aujourd'hui", lance Laëtita Berriguiga

Vaulx-en-Velin un an après l'incendie : reportage de Christophe Vincent

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