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Attentat à Vienne : ce que l'on sait de Kujtim Fejzulai, identifié comme l'auteur de l'attaque qui a fait quatre morts

Déjà condamné par la justice pour avoir cherché à se rendre en Syrie, ce jeune Autrichien d'origine nord-macédonienne a agi seul lors de l'attaque dans les rues de Vienne, lundi soir.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Le groupe terroriste Etat islamique a affirmé, le 3 novembre 2020, que l'attaque avait été perpétrée par un "soldat du califat".  (RADOVAN STOKLASA / REUTERS)

Deux jours après la tuerie qui a fait quatre morts et 23 blessés dont sept en état grave, le profil de l'assaillant se précise. Kujtim Fejzulai, 20 ans, abattu par la police lundi soir lors de son expédition meurtrière dans l'hypercentre de Vienne (Autriche), est présenté comme "un soldat du califat" dans un message de revendication diffusé mardi 3 novembre par l'Etat islamique, vingt-quatre heures après les faits.

Armé d'un fusil d'assaut, d'une machette et d'une ceinture d'explosif factice, l'assaillant avait ouvert le feu lundi soir, alors que de nombreux Viennois profitaient d'un dernier moment de liberté, en terrasse ou au restaurant, avant le reconfinement entrant en vigueur à minuit. Le ministre de l'Intérieur autrichien, Karl Nehammer, a précisé que l'assaillant avait publié une photo de lui sur son compte Instagram avant l'attaque, s'affichant avec deux armes à feu qu'il aurait utilisées lundi.

Il avait déjà été condamné pour radicalisation

L'assaillant abattu par la police a été identifié comme Kujtim Fejzulai, un Autrichien de 20 ans d'origine nord-macédonienne. Il était connu des autorités autrichiennes pour avoir cherché, il y a deux ans, à rejoindre la Syrie.

Arrêté en 2018 en Turquie, le jeune homme avait été jugé à son retour en Autriche aux côtés d'un autre jeune radicalisé. Lors de son procès, couvert par le quotidien autrichien Der Standard (article en allemand), Kujtim Fejzulai avait reconnu être prêt à se battre pour Daech. Il expliquait alors avoir commencé à fréquenter en 2016 une mosquée où il se serait radicalisé, puis s'être retrouvé en échec scolaire et en conflit familial avec sa mère. Le jeune homme avait ensuite cherché à rejoindre l'Afghanistan, avant de changer d'avis et tenter de gagner seul la Syrie depuis la Turquie, selon le journal. Jugé selon le droit des mineurs, il avait écopé en avril 2019 de 22 mois de prison. Kujtim Fejzulai a toutefois bénéficié d'une remise de peine et a été relâché fin 2019. 

Il aurait réussi à "tromper" les autorités 

Le tireur avait été intégré dans un programme de "déradicalisation", ont expliqué les autorités autrichiennes. Il a réussi à "tromper" les personnes chargées de son suivi, a déploré le ministre de l'Intérieur, Karl Nehammer. "En dépit de tous les signes apparents d'une réintégration dans la société, l'assaillant a fait exactement l'opposé", a expliqué le ministre, faisant référence à la "taqiya", la technique de dissimulation prônée par certains recruteurs jihadistes.

Le voisinage du jeune homme, rencontré par plusieurs médias, s'est dit choqué par la nouvelle. "Hier après-midi, il m'a proposé de porter mes courses. Je n'arrive tellement pas à croire qu’il est ensuite allé tuer des gens", témoigne une voisine de l'assaillant au Monde. "Je suis très choquée. Dans le quotidien, il était un habitant comme les autres. On ne pouvait pas le soupçonner de préparer un attentat", confie une autre habitante à France 2.

"Ce que l'on peut affirmer, c'est qu'il s'agit de terrorisme domestique, commis par une personne qui a grandi à Vienne et est ensuite passée à l'acte ici", estime Thomas Schmidinger, professeur de sciences politiques à l'université de Vienne, cité par l'AFP.

Selon les statistiques du ministère de l'Intérieur autrichien, entre 2011 et 2018, quelque 300 candidats au jihad ont quitté ou tenté de quitter l'Autriche pour aller combattre en Syrie et en Irak. Cinquante d'entre eux ont été interpellés en route, 40 ont trouvé la mort sur place et 90 sont rentrés en Autriche. 

Il a agi seul, selon des enregistrements vidéos

Contrairement à ce que les autorités avaient avancé dans un premier temps, l'assaillant a agi seul dans les rues de Vienne, a indiqué le ministre de l'Intérieur, mercredi. Les enquêteurs autrichiens tentent de retracer le parcours du tireur, notamment à partir des très nombreuses vidéos tournées par des habitants durant l'attaque. L'analyse de ces vidéos a permis de confirmer qu'il était le seul assaillant.

Quatorze personnes ont été interpellées et 18 perquisitions réalisées à travers le pays après l'attaque. Deux jeunes de 18 et 24 ans ont également été interpellés en Suisse, près de Zurich, a annoncé la police locale. Ces deux individus "connaissent" l'assaillant de Vienne, selon le ministère de la Justice suisse. Les trois hommes auraient même pu s'être rencontrés physiquement, avance le quotidien régional suisse St. Galler Tagblatt (article en allemand). L'enquête se poursuit pour établir la nature de leurs contacts. 

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