: Témoignages "Huit jours après la rentrée, elle s'est rendu compte de ce que c'était vraiment", regrette un directeur d'école après la démission d'une contractuelle
Depuis la rentrée scolaire, les rectorats ont déjà pioché dans leurs "brigades de remplaçants", pour pallier les longues absences des professeurs titulaires. Dans les rangs des enseignants, l'inquiétude monte alors que le métier traverse une crise des vocations.
À Lille, Etienne a vécu une rentrée très mouvementée. Depuis le 1er septembre, le jeune remplaçant enseigne à une classe de CM1-CM2 en éducation prioritaire, à la place d'un collègue, en arrêt maladie pour au moins cinq mois. "J'ai appris mon affectation la veille de la pré-rentrée, deux jours avant la rentrée, raconte-t-il. Donc depuis la rentrée, je cours un petit peu après le temps, pour rattraper le retard."
"J'avais préparé de quoi faire des journées de remplacement sur un peu tous les niveaux mais pas à avoir un seul niveau dès la rentrée et aussi longtemps. Donc je ne savais pas où j'arrivais, je n'avais pas préparé tout le matériel."
Etienne, enseignant remplaçant en primaireà franceinfo
Etienne n'est pas un cas isolé. Les rectorats ne communiquent pas de chiffres sur le nombre de remplaçants déjà en poste et ceux encore disponibles. Mais le principal syndicat du primaire, le Snuipp-FSU, a reçu des remontées de ses adhérents : pour Guislaine David, sa porte-parole, il y a de quoi s'inquiéter pour la suite de l'année. "En tout, un peu plus de 1 000 classes nous sont remontées, comme quoi il y avait un enseignant remplaçant à la place d'un enseignant à la rentrée, indique-t-elle. Dans la Creuse, 50% des enseignants remplaçants sont déjà occupés. Donc s'ils sont occupés là, ils ne pourront pas faire les remplacements dans les semaines à venir."
"C'est de la folie pure !"
L'autre problème de cette rentrée, ce sont les contractuels qui, à peine embauchés, jettent l'éponge. Ils sont plus de 4 000 à avoir été recrutés pour enseigner du primaire au lycée.
Dans l'école maternelle que Thomas dirige en région parisienne, une contractuelle, néo-enseignante recrutée cette année, vient de démissionner à peine huit jours après la rentrée. Il se dit désabusé : "C'est quelqu'un qui ne connaissait pas le métier, qui s'est donné une semaine pour le découvrir et qui s'est finalement dit que ce n'était pas pour elle, donc qui abandonne, explique-t-il, dépité. Quand on devient professeur, on s'imagine plutôt dans un endroit ou un autre, puis l'endroit où on l'envoie est très éloigné de son souhait, ses affinités, ses compétences", ajoute-t-il.
"Au bout d'une semaine, elle s'est rendu compte de ce que c'était vraiment. En arrivant sur le terrain, elle a compris que les conditions étaient trop dures."
Thomas, directeur d'une école maternelleà franceinfo
Il pointe du doigt aussi l'impact sur les familles : "Les parents découvrent ça au fur et à mesure, ils apprennent d'un coup que la maîtresse part et va être remplacée par quelqu'un d'autre la semaine suivante. C'est de la folie pure !" Selon les chiffres les plus récents donnés par la Cour des Comptes, une absence sur cinq n'est pas remplacée dans le primaire. Les élèves sont alors répartis dans les autres classes de leur école.
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