Royaume-Uni, Allemagne, Italie... Elon Musk déploie sa propagande au service des extrêmes droites européennes

L’homme d'affaires, qui donne régulièrement son avis sur les affaires intérieures de pays étrangers, envisage de soutenir financièrement le parti britannique Reform UK.
Article rédigé par Chloé Ferreux
France Télévisions
Publié
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Elon Musk lors d'une réunion, à Washington, le 13 novembre 2024. (ALLISON ROBBERT / AFP)

Jusqu'où Elon Musk va-t-il étendre son influence politique ? Le milliardaire américain s'est affiché, lundi 16 décembre, avec Nigel Farage, l'emblématique leader du parti d'extrême droite britannique Reform UK. "Elon Musk veut nous aider", a-t-il affirmé auprès de la BBC après leur rencontre, qui s'est tenue dans la résidence de Donald Trump en Floride. Fin novembre, le magazine Times avait rapporté que le patron de Tesla, SpaceX et X envisageait de verser 100 millions de dollars à son parti nationaliste, une information que l'intéressé avait dans un premier temps démentie.

Il n'empêche : après avoir contribué au financement de la campagne du futur président républicain Donald Trump, Elon Musk a bien ouvert des "négociations" concernant un don, a confirmé Nigel Farage auprès de la BBC, sans en préciser le montant. Dominic Johnson, vice-président du Parti conservateur, a ainsi reproché à Elon Musk de vouloir "acheter" le mouvement Reform UK. Depuis plusieurs semaines, ce rapprochement entre le parti d'extrême droite et le milliardaire provoque l’indignation au Royaume-Uni.

Dans un éditorial, le Guardian dénonce par exemple l'"influence flagrante" d'Elon Musk. Et pour cause, le futur ministre américain s’en prend régulièrement au gouvernement britannique. En novembre, il a notamment soutenu une pétition sur X en faveur de nouvelles élections législatives, accusant au passage le Parti travailliste au pouvoir de diriger "un Etat policier tyrannique". Cet été, alors que des émeutes racistes avaient éclaté au Royaume-Uni, l’homme d'affaires avait aussi évoqué une "guerre civile inévitable" dans le pays et accusait le gouvernement de réprimer trop durement les émeutiers. Un commentaire jugé "injustifiable" par Downing Street.

Des attaques contre les dirigeants de gauche 

Le Royaume-Uni n’est pas le seul pays où Elon Musk s'invite dans le débat politique. Opposé à toute forme de régulation, il s’attaque régulièrement aux gouvernements étrangers sur son réseau social X, où il cumule plus de 200 millions d’abonnés. Et tisse en parallèle des liens avec des leaders populistes et conservateurs. L’un des derniers exemples en date : l'Italie, où le système de centres de rétention pour migrants en Albanie, mis en place par la leader d'extrême droite Giorgia Meloni, a été invalidé par la justice italienne. "Le peuple italien vit-il dans une démocratie ou est-ce une autocratie non élue qui prend les décisions ?" avait réagi Elon Musk.

Ces déclarations ont poussé le président italien Sergio Mattarella à appeler au "respect de la souveraineté" de son pays.

Au Venezuela, après la réélection contestée de Nicolas Maduro, le milliardaire américain a également qualifié le président de "dictateur" et s’est dit prêt sur X à l’amener jusqu’au centre de détention de Guantanamo "sur le dos d’un âne". En 2022, il avait provoqué un scandale au Canada après avoir comparé le Premier ministre Justin Trudeau à "Hitler", rapportait La Presse. L’homme d'affaires soutenait alors le mouvement "Convoi de la liberté" opposé aux vaccins contre le Covid-19. Enfin, au Brésil, qui avait décidé d’interdire son réseau social, Elon Musk avait qualifié un juge de la Cour suprême à l'origine de la décision de "dictateur".

Un soutien marqué pour les populistes

Elon Musk n’utilise pas seulement X pour dénoncer des politiques allant à l’encontre de ses idées. Il utilise aussi sa plateforme pour "amplifier la rhétorique de l’extrême droite", accuse le Guardian. A l’approche d'un scrutin, l’homme d'affaires utilise le réseau social pour encenser certains candidats. "Seul l’AfD peut sauver l'Allemagne", a-t-il écrit récemment sur X partageant le post d’une influenceuse connue pour ses positions proches de l'extrême droite allemande. En 2023, le propriétaire du réseau social avait multiplié les messages de soutien au populiste argentin Javier Milei lors de son élection à la présidentielle. Depuis, les deux hommes affichent régulièrement leur complicité sur le réseau social.

En Europe, Elon Musk et son réseau social suscitent une attention accrue de la part des autorités. En décembre 2023, la Commission européenne a lancé une enquête formelle contre la plateforme X, établissant trois infractions distinctes à la législations sur les services numériques, passibles pour chacune d'elles d'amendes pouvant atteindre 6% de son chiffre d'affaires mondial.

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