Témoignages "J'ai décidé de casser la tirelire, de peur d'avoir des regrets" : ces Français qui se prennent finalement au jeu des JO de Paris 2024

Article rédigé par Lucie Beaugé
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des supporters français, à l'Arena porte de la Chapelle (Paris), le 27 juillet 2024. (LECOCQ CEDRIC / KMSP / AFP)
Conquis par la cérémonie d'ouverture et l'esprit de ces Jeux organisés en France, ils sont nombreux à regretter de ne pas avoir acheté des places au moment opportun et trouvent des parades pour vivre l'événement malgré tout.

"J'étais sur le point de boycotter les Jeux. (...) J'ai regardé la cérémonie d'ouverture et j'ai adoré être fière de la France." Depuis le spectacle artistique sur la Seine et la spectaculaire prestation de Céline Dion du haut de la tour Eiffel, vendredi 26 juillet, le cœur de Coline a chaviré. Comme elle, de nombreux Français se sont laissés prendre au jeu des JO de Paris 2024, alors qu'ils ne voulaient pas entendre parler de l'événement sportif planétaire il y a seulement quatre jours. A minima, ils étaient indifférents.

Et puis, est arrivée la soirée de lancement des Jeux chorégraphiée par Thomas Jolly et ses troupes. "La cérémonie d'ouverture a été une réussite, bien au-delà de l'échec qu'on nous a rabâché et promis à longueur de temps", abonde Stéphane, 49 ans, policier. Tous les témoignages recueillis par franceinfo évoquent ce moment réunissant Gojira, Lady Gaga et Marie-José Pérec comme LE point de bascule. "Avant la cérémonie d'ouverture, j'étais plutôt fermé à l'événement", explique Hadrien, expatrié à Vienne, en Autriche. Mais devant la parade sur la Seine, son cœur a basculé :

"L'inclusivité était à son paroxysme et pour une fois, je me suis senti représenté dans un événement de grande ampleur."

Hadrien, expatrié à Vienne (Autriche)

à franceinfo

Pour certains, les conséquences sociales et environnementales des JO ont longtemps gâché la fête. "J'ai été agréablement surprise par la cérémonie d'ouverture, même si je reste choquée de l'argent que ça a coûté", témoigne Julianne, 26 ans, psychologue,qui dénonce également "les logements d'étudiants réquisitionnés" et "les SDF virés de la capitale". Mais la cérémonie de vendredi n'est pas l'unique influence de cet enthousiasme autour des Jeux. 

La "ferveur" des JO à la maison

Si l'événement sportif a fini par retenir l'attention des Français les plus sceptiques, c'est aussi parce qu'ils sont organisés... en France. Juliette (*), qui n'était pas franchement "emballée", voit une différence avec les JO de Tokyo, en 2021. "A l'époque, je n'avais pas du tout suivi. Là, le fait que ça se passe dans notre pays, cela donne envie de supporter les athlètes français dans tous les sports", souligne celle qui se passionne désormais pour les épreuves d'équitation, de judo ou encore de tennis.

Etienne n'avait jamais regardé les JO avec autant d'assiduité. Ce fan de foot a plutôt l'habitude de consommer des Coupes du monde et des Euros. "J'ai senti la ferveur monter les jours précédant la cérémonie. Le fait d'avoir les jeux ici, à côté de chez moi, m'a embarqué dedans", relate ce Parisien de 28 ans, ingénieur à la SNCF. 

"Cela fait trois jours que je ne décroche pas. Je me surprends à apprécier un combat d'escrime ou une course de VTT."

Etienne, parisien

à franceinfo

"Sportive à zéro pour cent", selon ses mots, Frédérique s'étonne aussi de rester "figée" devant les courses de VTT cross-country. Elle était en folie lors de la victoire de la Française Pauline Ferrand-Prévôt. "Je passe mon temps sur Instagram et devant France Télévisions, affirme cette quadragénaire parisienne. L'émission de Laurent Luyat, 'Bleu, blanc, or : nos 100 chances de médailles', a également donné un coup de boost à mon enthousiasme."

"Tout me laissait penser que cet événement allait être un fiasco (...) Les transports sont finalement bien organisés et le monde est bien réparti. La plupart de mes craintes se sont envolées", témoigne Alice, qui habite Garches (Hauts-de-Seine). Cette fluidité dans l'organisation française lui a en partie donné "envie de soutenir son pays sportivement parlant". Avec un regret : celui de n'avoir déniché aucun billet pour assister aux épreuves, surtout tricolores, dans le musée à ciel ouvert qu'est Paris. "Rien n’est joué. Je compte bien m’en procurer", glisse Alice.

Des billets à la dernière minute

La Garchoise n'est pas la seule à se ruer sur les plateformes de revente. "J'ai fait des recherches pour le beach-volley et le basketball, mais les épreuves sont encore chères ou se déroulent loin. Je ne désespère pas, on verra si d'autres opportunités se présentent au fil des Jeux", lance Etienne, qui se satisfait néanmoins de suivre la compétition grâce à sa télé "4K dernière génération" avec "une qualité impeccable"

A la dernière minute, Frédérique, elle, a trouvé des places pour une épreuve de handball : "J'ai décidé de casser la tirelire, de peur d'avoir des regrets. Un ami anglais m'a justement confié en avoir eus, après avoir manqué les JO de Londres en 2012." Sur Facebook, Juliette a déniché un billet à hauteur de 100 euros pour contempler jeudi les équidés et la traditionnelle épreuve de saut d'obstacles. D'ici au 11 août, elle compte aussi se rendre à Station Afrique, la fan zone des athlètes africains, à l’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et "pourquoi pas au Club France", le lieu des médaillés français à la Villette (Paris).

Léa, finalement enjouée par les Jeux, mais qui avait déjà prévu de partir en vacances dans le sud de la France, compte "se rattraper avec les épreuves paralympiques" et aller admirer la flamme au jardin des Tuileries. "Actuellement, je regarde les épreuves dès que j'ai accès à une télé dans un camping ou dans un bar", rapporte cette habitante de Seine-et-Marne. 

Bien que conquis par l'esprit des Jeux ces derniers jours, d'autres critiquent toujours avec ardeur "les prix stratosphériques" des billets. Sylvie se dit "déçue" de ne pas aller au Stade de France. "Même pour voir la vasque olympique, c'est déjà bondé", ajoute cette habitante d'Antony (Hauts-de-Seine). Pour elle, la frustration est palpable : "On n'a pas vraiment l'impression de faire partie de la fête. Et pourtant, nous sommes à 15 km de Paris !"

(*) Le prénom a été modifié.

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