"C’est un peu compliqué de s’en sortir sans le ski" : au Mourtis, on tente de satisfaire les vacanciers malgré le manque de neige
L'hiver est très doux cette année, tellement que des stations de ski de basse et moyenne altitude n'ont pas assez de neige. Au Mourtis, dans les Pyrénées, les professionnels s'adaptent alors que les vacances scolaires démarrent.
Tout près du télésiège fermé, à la station de ski du Mourtis (Haute-Garonne), quelques enfants glissent en luge, sur un coin de neige, entre deux carrés d'herbe. "L'arrivée dans l’herbe, ça freine, ça c’est sûr !", s'esclaffe Didier. Avec la douceur exceptionnelle des températures, plusieurs stations de moyenne montagne manquent de neige. Malgré cela, le Girondin, propriétaire au Mourtis, s'amuse avec son petit-fils de trois ans. "Pour lui ça suffit ! Vous savez les enfants, 5 mètres carré de neige, c’est bon pour eux. Je comptais skier mais bon, on fait autre chose. Nous on vient, c’est surtout pour changer d’air, le ski c’est accessoire !", avoue-t-il.
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Ce n'est pas le cas de Claudine. Cette grand-mère, venue de Bretagne en famille, est très déçue que le domaine skiable de la station soit fermé. "On aurait bien aimé que les petits fassent du ski, au moins apprennent un peu, du coup nos grands sont allés en Espagne", explique-t-elle. Eux ont payé une location "assez chère, on ne peut pas partir ailleurs. Tant pis pour nous !"
Pas de neige, pas de cours de ski
Les huit moniteurs de l'école de ski français, eux, s'en vont dans d’autres stations des Pyrénées. Le directeur Pascal Redonnet annule les cours de la semaine : "J’ai toutes les adresses mail de mes clients et j’ai envoyé un message comme quoi je ne peux pas assurer la prestation. Cela fait plus d’une centaine d’enfants par jour."
C’est hyper délicat, et toute notre clientèle appelle en demandant s’il va neiger, et là, la réponse est : ‘on regarde la météo comme tout le monde’.
Pascal Redonnet, le directeurà franceinfo
Les commerçants font grise mise, mais espèrent se rattraper plus tard. Serge Peyroulet tient une location de ski, un restaurant et des appartements en location dans la station. Placé juste devant la principale remontée mécanique, le plus fort de son activité, c’est la location de ski. "Il n'y a pas de ski et puis on commence à voir les premières annulations dans les appartements, bon c’est limité, les gens viennent parce que, autant les remontées mécaniques sont fermées, mais pas la station !", raconte-t-il.
Les vacances ne font que commencer, le temps "peut changer", espère le commerçant. "Cela fait trois mois qu’on a un anticyclone et on n’a pas eu de chance sur les tombées de neige", ajoute-t-il.
Pour l’instant on pioche dans la trésorerie et on se refera plus tard. Nous sommes dans une station qui a un avenir en quatre saisons et si on arrive à mobiliser l’été, ça peut très bien pallier l’absence de neige du début de saison.
Serge Peyrouletà franceinfo
Il faudrait au moins du froid pour produire de la neige de culture et rouvrir les remontées mécaniques. En attendant, les 30 salariés du domaine skiable sont en activité partielle et le syndicat mixte Haute-Garonne Montagne déploie son plan B. "C’est un peu compliqué de s’en sortir sans le ski, puisque le ski représente 90% de notre activité", déplore Hervé Pouneau, son directeur. "On va mettre en œuvre beaucoup d’activités estivales, comme le VTT ou la trottinherbe, une sorte de trottinette avec des grandes roues qui permettent de circuler sur le domaine skiable", raconte le gérant, qui n'oublie pas non plus le biathlon ou les courses d'orientation.
Découvrir d'autres activités
Et si c'était l'opportunité de conquérir une nouvelle clientèle ? Faïza, l'organisatrice de ces activités veut y croire. "C’est pour nous l’occasion de faire découvrir à cette clientèle de skieurs qui n’a pas forcément l’habitude de venir à la montagne l’été d’autres activités de montage", explique-t-elle. "Le soleil est là, il faut en profiter ! Cette stratégie, nous l'avons mise en place il y a six ans déjà puisqu’effectivement, nous croyons à une station quatre saisons, des activités toute l’année, pour faire vivre ces stations de moyenne altitude", conclut-elle.
Les commerçants du Mourtis confient qu'ils vont serrer les dents cet hiver et déjà préparer leur deuxième saison, de l'été prochain.
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