Changement climatique : "Nous avons peur de ce G7, qui peut nous faire perdre espoir dans notre capacité à gérer les grands défis planétaires"
L'organisation de jeunesse Open diplomacy va remettre au chef de l'État français 116 recommandations, pour notamment demander "l'arrêt immédiat de toutes les formes de subventions qui permettent de soutenir l’industrie des hydrocarbures".
"Nous avons peur de ce G7 qui peut nous faire perdre espoir dans notre capacité collective à gérer les grands défis planétaires", a estimé sur franceinfo vendredi 23 août Thomas Friang, président fondateur et l'institut Open diplomacy, une instance de dialogue représentant la jeunesse.
Cette organisation fait partie de celles qui ont accepté l'invitation d'Emmanuel Macron à l'Élysée vendredi, à la veille du G7. Les associations de défense de l'environnement du collectif Réseau action climat ont, de leur côté, décider de boycotter cette rencontre.
franceinfo : Quelles propositions concernant la jeunesse allez-vous remettre au président ?
Thomas Friang : On va lui adresser une série de 116 recommandations qui ont été élaborées au sein du Y7, le groupe de travail du G7 dédié aux jeunes. On a un message très clair : nous avons peur de ce G7 qui peut nous faire perdre espoir dans notre capacité collective à gérer les grands défis planétaires, à commencer par le changement climatique et de voir évoluer notre planète vers un monde de plus en plus inégalitaire, qui serait anxiogène et dans lequel les grandes mutations économiques et aussi technologiques pourraient renforcer très largement les écarts qui existent entre les riches et les pauvres, entre ceux qui ont accès au pouvoir et ceux qui ne l’ont pas, entre les femmes et les hommes, parfois aussi entre les différentes couches de la population, etc.
Ces recommandations commencent réellement par l’impératif climatique. On le voit avec l’Amazonie et les tensions que ça peut générer avec le Brésil. Comme on l’a fait avec sept ministres précédemment, on va lui remettre nos recommandations à ce sujet.
Est-ce que ça vous a rassuré que le chef de l’État, reprenant la citation de Jacques Chirac "notre maison brûle" à propos de l’Amazonie, veuille en faire un des thèmes finalement central de ce G7 ?
Cela ne nous rassure pas plus que ça. Cela me laisse assez indifférent, dans la mesure où cette phrase, qui a tout son sens, ne change rien à la situation factuellement. On est dans une situation où pour traiter l’impératif climatique, la crise qui est devant nous, il faut évidemment lutter à très court terme contre la déforestation accélérée de l'Amazonie, au Brésil. Mais c’est de loin, très loin, le début du processus.
Ce qu’on demande avec le Y7 et nos recommandations, c’est d’accélérer la transition écologique, pour avoir une neutralité carbone dès 2030. On est très en retard sur ce sujet et c’est la condition à laquelle notre génération pourra vivre dans un monde relativement stable, même s’il connaîtra déjà une augmentation de la température moyenne de la surface du globe. On demande un arrêt immédiat de toutes les formes de subventions financières et fiscales qui permettent de soutenir l’industrie des hydrocarbures. Total bénéficie, comme la plupart de toutes les grandes entreprises, de crédits d’impôt pour financer sa recherche et développement dans l’exploitation des hydrocarbures. C’est de l’argent qui peut être utilisé à meilleur escient dans la transition écologique pour accélérer le développement des énergies renouvelables par exemple.
L’un des grands sujets du G7, porté par la ministre Brune Poirson, c’était de réorienter les flux financiers vers des investissements qui servent la transition écologique. Et là fiscalement, budgétairement, la France et tous les pays du G7, ont des moyens considérables pour réorienter les flux de capitaux vers les investissements verts et ça commence dès maintenant.
Pensez-vous que ce G7 peut servir à quelque chose ?
Je suis pessimiste, j’ai très peu d’espoir que ça débouche. La confiance des Français envers les leaders du G7 pour traiter les inégalités est microscopique, selon un sondage qu’on a fait avec Opinion Way. Pour autant, il y a une attente hyper forte car c’est une instance internationale décisive pour réorienter l’économie mondiale.
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