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En images Inondations, "dôme de chaleur", incendies... Ces catastrophes climatiques qui ont marqué l'année 2021

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 15min
Un train bloqué par les inondations, le 15 juillet 2021 à Kordel  (Rhénanie-Palatinat, Allemagne). (SEBASTIAN SCHMITT / DPA / AFP)

Moins chaude que ces dernières années, l'année 2021 a néanmoins été ponctuée d'événements extrêmes, dont certains portent la signature du réchauffement climatique.

2021 ne sera pas l'année la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Marquée par un épisode de la Niña, ce refroidissement des eaux de surface de l'est du Pacifique qui rafraîchit la température de la planète, elle devrait se classer à la cinquième ou à la septième place (à quelques dixièmes de degrés de 2016, 2020, 2019, 2018, 2017 et 2015), selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

Cela n'a pas empêché qu'elle soit ponctuée d'événements extrêmes spectaculaires, comme le "dôme de chaleur" de juin dans le nord-ouest de l'Amérique du Nord ou les inondations en Allemagne, souvent liés au réchauffement climatique. "Maintenant, même les années Niña sont plus chaudes que les anciennes années Niño [le phénomène inverse qui réchauffe la température globale]. La température du globe continue d'augmenter bien au-delà de cette fluctuation classique. Nous subissons cet accroissement d'énergie dans l'atmosphère, qui se manifeste d'une façon ou d'une autre", analyse Robert Vautard, climatologue et directeur de l'Institut Pierre-Simon Laplace. Franceinfo passe en revue une année de catastrophes climatiques.

L'épisode de gel tardif calamiteux en France

Un vigneron allume des torches dans ses vignes pour lutter contre le gel, le 7 avril 2021, à Chablis (Yonne). (JEFF PACHOUD / AFP)

Vous vous souvenez sans doute de ces images impressionnantes de vignes illuminées par des torches, installées en catastrophe pour lutter contre le froid. Début avril, la France a été frappée par plusieurs jours de gel, qui ont provoqué la "plus grande catastrophe agronomique du siècle", selon le ministre de l'Agriculture. Réveillées par un mois de mars particulièrement doux, les cultures, comme la vigne, avaient commencé à se développer, comme si le printemps était déjà là. Le gel est venu cueillir ces bourgeons précoces et détruire la future récolte.

Cet enchaînement de températures catastrophiques porte la marque du réchauffement climatique, provoqué par notre consommation d'énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). Dans une étude d'attribution*, les scientifiques ont conclu que ce dernier avait rendu cette calamité 20% à 120% plus probable. "Même si le changement climatique a rendu cet épisode de gel moins froid qu'il ne l'aurait été (...), le fait qu'il provoque un printemps précoce rend les dégâts sur les cultures plus probables" désormais, expliquent-ils dans cette étude du World Weather Attribution, qui regroupe des experts de divers instituts de recherche dans le monde.

Le "dôme de chaleur" au Canada et aux Etats-Unis

Des Américains échappent à la chaleur dans un "centre de refroidissement", le 27 juin 2021, à Portland (Oregon, Etats-Unis). (NATHAN HOWARD / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

49,6°C. Avec cette température, atteinte le 30 juin, le village de Lytton (Colombie-Britannique) a battu le record du Canada et de toutes les régions du monde situées au-delà du 50e parallèle nord. Une ligne qui traverse la France hexagonale légèrement au nord d'Amiens (Somme). Derrière ce chiffre spectaculaire, une vie en surchauffe pendant plusieurs jours pour l'ouest du Canada et le nord-ouest des Etats-Unis : ruée sur les climatiseurs, réseau électrique en rade à Portland (Oregon, Etats-Unis), fermetures de routes pour cause de bitume fondu à Seattle (Etat de Washington, Etats-Unis), "centres de refroidissement" installés pour les populations vulnérables, et morts subites. Le calvaire ne s'est pas arrêté là : le village canadien de Lytton a été détruit par les flammes quelques jours plus tard et la région a ensuite connu de violentes inondations en novembre.

>> RECIT. Canicule au Canada : comment Lytton, le village en proie à des températures flirtant avec les 50°C, a été dévoré par les flammes

Cette fournaise a été provoquée par un "dôme de chaleur", une masse d'air très chaude venue du Mexique et piégée au nord par un anticyclone. Dans une étude d'attribution publiée en juillet*, les scientifiques du World Weather Attribution ont estimé que cet événement aurait été "presque impossible" sans le réchauffement climatique. Ils ont par ailleurs déterminé que les températures enregistrées ont été environ 2°C plus élevées qu'elles l'auraient été si cet épisode de chaleur extrême avait eu lieu avant que l'homme ne commence à injecter des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. "Un événement comme celui-ci, qui arrive aujourd'hui une fois tous les 1 000 ans, va se dérouler environ tous les 5 ou 10 ans dans notre monde futur à 2°C de réchauffement", concluent-ils. Rappelons que nous atteindrons ces 2°C de plus autour de 2050 si rien ne change, et que nous avons déjà parcouru la moitié du chemin, puisque en 2021, les températures globales moyennes sont déjà supérieures de plus de 1°C à celles de l'ère préindustrielle.

Des inondations spectaculaires en Allemagne et en Belgique

Sous l'effet des inondations, un gigantesque glissement de terrain est survenu à Erftstadt, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Allemagne), le 15 juillet 2021. (RHEIN-ERFT-KREIS / AFP)

L'Allemagne et la Belgique sous les eaux. Entre les 12 et 15 juillet, des pluies diluviennes, provoquées par un phénomène de goutte froide, se sont abattues sur ces deux pays, entraînant inondations dantesques et glissements de terrain. "Ce sont des inondations qui dépassent l'imagination, quand on voit leurs effets sur place", déclare alors la chancelière Angela Merkel. Le bilan est très lourd : au moins 184 morts en Allemagne et 38 en Belgique.

>> REPORTAGE. Près de deux mois après les inondations en Allemagne, retour dans la vallée de l'Ahr, toujours sous le choc de la catastrophe climatique

Selon l'étude du World Weather Attribution*, cet épisode est lui aussi lié au changement climatique, qui l'a rendu neuf fois plus probable. Il a aussi "fait augmenter la quantité de pluie sur une journée entre 3 et 19%". Sur le plateau de la RTBF, le climatologue Jean-Pascal Van Ypersele s'emporte : "On ne peut pas dire qu’on n'a pas été avertis. Le Giec et les scientifiques tirent la sonnette d’alarme depuis tellement longtemps et sont si peu écoutés !"

Le plus grand feu de l'histoire de la Californie

Une maison dévorée par les flammes, le 5 août 2021 à Greenville (Californie, Etats-Unis). (JOSH EDELSON / AFP)

C'est le pire incendie d'une région pourtant habituée à être dévorée par les flammes. Parti le 13 juillet des montagnes situées au nord de Sacramento, le Dixie fire n'a été maîtrisé que 103 jours plus tard, le 25 octobre, ravageant au passage 963 309 acres (389 837 hectares). "Il y a quinze ans, un feu de 100 000 acres (40 468 hectares) aurait été le plus grand de votre carrière. Aujourd'hui, on a des feux d'un million d'acres", constatait dans le New York Times* le pompier Kristen Allison.

Aucune étude d'attribution n'a été menée pour établir formellement le lien entre cet incendie en particulier et le changement climatique. Mais, dans son dernier rapport rendu en août 2020* (en PDF, page 92), le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) constate que "les conditions climatiques favorables aux incendies ont augmenté au Mexique, dans l'ouest et le nord-ouest de l'Amérique du Nord, essentiellement à cause de l'augmentation des températures", qui assèche les sols et les plantes. Et ce n'est que le début, comme l'indique l'atlas mis en ligne* par ce groupe d'experts.

Des inondations meurtrières en Chine

Des habitants de Zhengzhou, dans la province du Henan (Chine), traversent une rue inondée, le 22 juillet 2021. (NOEL CELIS / AFP)

Du 17 au 21 juillet, la province chinoise du Henan a connu des précipitations extrêmes. Selon l'OMM, "le 20 juillet, à Zhengzhou, 201,9 mm de pluies sont tombés sur la ville en une heure (un record pour le pays), 382 mm en six heures, et 720 mm pour l'ensemble de l'épisode, soit plus que la moyenne annuelle". L'eau a envahi le métro, tuant 14 personnes bloquées dans une rame. D'autres personnes ont été piégées dans des parcs de stationnement ou des tunnels. Au total, 302 personnes sont mortes.

>> EN IMAGES. En Chine, des pluies diluviennes submergent le centre du pays

Aucune étude d'attribution n'a été effectuée sur cet épisode pluvieux. Dans son atlas*, le Giec constate une augmentation des inondations pluviales et prévoit une augmentation de ces phénomènes d'ici 2050 si nos émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter.

La Sibérie en flammes

Des feux de forêt à Berdigestyakh, dans la République de Sakha (Russie), le 27 juillet 2021. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

C'est une catastrophe qui se joue loin des villes et des regards. Dans les immensités inhabitées de la Sibérie russe, les forêts se consument. En particulier dans le nord-est de la région, dans la République de Sakha, la saison des incendies a été "inhabituelle" par sa taille et la persistance des brasiers depuis début juin, constatait le service européen Copernicus d'observation de la Terre.

Sibérie : de lourdes conséquences suite aux incendies géants
Sibérie : de lourdes conséquences suite aux incendies géants Sibérie : de lourdes conséquences suite aux incendies géants (FRANCE 2)

                             Là encore, aucune étude d'attribution n'a été effectuée. Dans son dernier rapport* (en PDF, page 55), le Giec ne constate pas de tendance récente, mais s'attend à ce que "la durée et la fréquence de la saison des incendies augmentent, avec de forts effets en Inde, en Chine et en Russie". Comme en Amérique du Nord, ces incendies sont suffisamment importants pour accentuer le réchauffement climatique. Selon l'observatoire Copernicus, le mois de juillet a enregistré un record mondial depuis le début de ces mesures faites grâce à des observations satellitaires, avec 1 258 mégatonnes d'émissions de CO2, dont plus de la moitié attribuée aux incendies en Amérique du Nord et en Sibérie.

Une sécheresse et une famine interminables à Madagascar

Une petite fille mange de la nourriture fournie par Action contre la faim et le World Food Programme, le 14 décembre 2018 à Ifotaka, dans le sud de Madagascar. (RIJASOLO / AFP)

Depuis 2019, la partie sud de l'île de Madagascar est frappée par une sécheresse inédite, qui a précipité plus d'un million de personnes dans une malnutrition aiguë. Comme en témoigne ce reportage de France 2, de nombreux habitants sont réduits à se nourrir de chutes de cuir bouillies.

>> Madagascar : ce que l'on sait de la famine qui ravage la Grande Ile

En juin, le Programme alimentaire mondial (PAM) a qualifié cette crise de première famine due au réchauffement climatique provoqué par les activités humaines. Une dimension sur laquelle insistent les autorités malgaches. Mais contrairement aux déclarations de l'ONU, le réchauffement n'a joué qu'un rôle minime, a démontré une étude du World Weather Attribution*. Cela pourrait bientôt changer : dans son dernier rapport, le Giec estime, avec un niveau de certitude moyen, que les sécheresses augmenteront à Madagascar à partir de 2°C de réchauffement global.

Des incendies tout autour de la Méditerranée

Un pompier et des habitants tentent d'éteindre les flammes, le 8 août 2021, à Pefki, sur l'île d'Eubée (Grèce). (ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

La Méditerranée brûle. Tout au long du mois d'août, plusieurs pays de la région ont connu d'importants incendies. En Grèce, des feux de forêts ont ravagé en juillet et en août les îles d'Eubée et de Rhodes, ainsi que la région d'Athènes et le Péloponnèse, détruisant selon l'AFP 100 874 hectares de pinèdes, de forêts et d'oliveraies et tuant trois personnes. Même enfer en Turquie, où plus de 95 000 hectares sont partis en fumée et où huit personnes sont mortes dans le crash d'un Canadair. En Algérie, au moins 69 personnes sont mortes dans le nord du pays cet été. Le Maroc, l'Espagne, l'Italie et certaines régions méditerranéennes de la France ont aussi connu un été brûlant.

>> EN IMAGES. Le sud de la Turquie ravagé par des incendies meurtriers

Ces incendies n'ont pas fait l'objet d'une étude d'attribution sur leur lien avec le changement climatique. Si le Giec constate une augmentation des feux de forêt dans la zone méditerranéenne depuis les années 1980, il reste très prudent, estimant que "les preuves manquent pour attribuer ces tendances au changement climatique"* (en PDF, page 82). L'avenir est un peu plus clair : une augmentation des conditions propices aux incendies est très probable

Inondations et glissements de terrain en Inde

Un pont en construction emporté par les flots, le 19 octobre 2021, à Pithoragarh, dans l'Etat de l'Uttarakhand (Inde), non loin de la frontière avec le Népal. (AFP)

Cet automne, l'Inde a connu de violentes inondations et des glissements de terrain, qui ont parfois enseveli des familles entières dans leurs maisons. Au moins 102 personnes sont mortes en octobre dans l'Etat himalayen de l'Uttarakhand et dans le Kerala. En novembre, au moins 30 personnes sont mortes ou portées disparues à la suite de crues soudaines dans le sud du pays.

Les conditions météorologiques de plus en plus imprévisibles et extrêmes qui ont frappé le sud de l'Asie ces dernières années sont causées par le changement climatique et exacerbées par la déforestation, la construction de barrages et le développement excessif, selon les experts. Dans son atlas*, le Giec constate une augmentation des inondations pluviales dans la région ces dernières années et s'attend à ce que cette tendance se poursuive.

L'ouragan Ida aux Etats-Unis

Des voitures abandonnées sur une autoroute inondée, le 2 septembre 2021, à New York (Etats-Unis). (SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Fin août et début septembre, l'ouragan Ida, de catégorie 4, a frappé le sud puis l'est des Etats-Unis. S'il a touché terre en Louisiane, c'est en frappant New York, alors que l'ouragan n'était plus qu'une tempête, qu'Ida a fait le plus de victimes. Au moins 47 personnes sont mortes dans la mégalopole et sa région à la suite des pluies torrentielles, qui ont provoqué des inondations. "Nous devons écouter les scientifiques, les économistes, les spécialistes de la sécurité nationale, tous nous disent que nous sommes en alerte rouge, que le pays et le monde sont en danger" en raison du dérèglement climatique, a déclaré le président Joe Biden. 

>> TEMOIGNAGE. Ouragan Ida : "On a vu un déluge dans notre sous-sol", raconte une Française installée dans le Bronx

Aucune étude d'attribution n'a cependant été faite sur cet évènement extrême. Dans son dernier rapport(en PDF, page 13), le Giec constate une augmentation de l'intensité des cyclones et une aggravation des pluies qui les accompagnent. Ces tendances vont se poursuivre si le réchauffement climatique n'est pas ralenti.

* Tous les liens signalés par un astérisque renvoient sur des contenus en anglais.

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