"Mayotte debout" : ce qu'il faut retenir du plan présenté par François Bayrou sur l'archipel, dévasté par le cyclone Chido

Le nouveau Premier ministre s'est rendu à Mamoudzou pour dévoiler un plan contenant des mesures d'urgence et des engagements à plus long terme.
Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre François Bayrou et le ministre des Outres-mer Manuel Valls, lors d'une visite à Mamoudzou (Mayotte), le 30 décembre 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Une promesse "de décisions précises et claires". Le Premier ministre François Bayrou, en déplacement à Mayotte lundi 30 décembre, a présenté un plan d'urgence visant à "donner des réponses rapides" aux sinistrés, seize jours après le passage du cyclone Chido qui a fait au moins 39 morts dans l'archipel.

Accompagné de cinq membres du gouvernement, dont la ministre de l'Education Elisabeth Borne et le ministre des Outre-mer Manuel Valls, le locataire de Matignon a détaillé depuis l'hôtel départemental les différentes dispositions de son plan "Mayotte debout". Voici ce qu'il faut en retenir.

L'objectif d'un rétablissement de l'électricité fin janvier

Face aux élus mahorais, François Bayrou a démarré son intervention par des annonces concernant le réseau électrique. "L'électricité doit être rétablie dans chaque foyer fin janvier", a lancé le Premier ministre. Seule 51,6% de la population de l'archipel avait accès à l'électricité dimanche, selon un point de situation transmis par l'Elysée. "Electricité de Mayotte recevra 200 agents en plus", a ajouté le Premier ministre, précisant que "la main d'œuvre locale [serait] engagée".

Le chef du gouvernement a également promis le déploiement par EDF de 200 groupes électrogènes, soit "une dizaine par commune". Plusieurs "dizaines sont déjà arrivés, d'autres vont suivre", a-t-il ajouté, précisant raccorder en priorité "les points sensibles".

Une remise en état du réseau d'eau avec l'aide de l'armée

Alors que la distribution d'eau reste "limitée à deux jours sur trois pendant huit heures" selon le gouvernement, des unités spécialisées de l'armée "arriveront dès la semaine prochaine pour aider" à la remise en état du réseau d'eau, a annoncé François Bayrou, avec des "unités en provenance des 13e et 19e régiments du génie, spécialisées sur les opérations d’urgence".

Le chef du gouvernement a promis que la "production d'avant Chido", soit "38 000 m3 par jour" sera "atteinte dès la semaine prochaine". Jugée "insuffisante", elle sera portée à "40 000 m3 par jour" avant "le 30 juin 2025". Alors que Mayotte est régulièrement confrontée à des problèmes d'approvisionnement en eau, le Premier ministre a fait savoir que les 60 millions d'euros du plan eau de l'archipel seraient "sanctuarisés, voire augmentés, en fonction des besoins".

Des antennes Starlink pour les communications en urgence, la 5G d'ici à fin juin

Alors que les réseaux téléphoniques ne se sont pas encore rétablis, François Bayrou a annoncé le déploiement d'une "solution 5G" d'ici à fin juin 2025, ainsi que l'investissement de "200 millions d'euros sur deux ans" pour le déploiement de la fibre optique. Mais dans l'immédiat, afin de faciliter l'accès aux télécommunications, il a également annoncé le déploiement de 200 antennes Starlink, la technologie développée par SpaceX et permettant d'accéder à internet, "pour assurer les communications en urgence" à Mayotte.

Une rentrée scolaire "établissement par établissement" à partir du 13 janvier

"La rentrée ne pouvant se faire dans des conditions normales, elle se fera établissement par établissement" à partir du 13 janvier, a détaillé François Bayrou. Pour certains élèves, "une scolarisation temporaire pourra être organisée dans l'Hexagone", a-t-il assuré. "On l'a fait pour l'Ukraine, on peut le faire pour les enfants mahorais qui seraient en difficulté, si les familles le souhaitent", a-t-il ajouté.

Le chef du gouvernement a évoqué une "évacuation des collèges, écoles et lycées" occupés par des sinistrés depuis le passage du cyclone Chido, avec "mise à l'abri" des personnes et "reconduite à la frontière pour celles qui seraient en situation irrégulière". "Des tentes écoles pourront être fournies dès cette semaine" avec l'ONG Acted, a-t-il ajouté, précisant qu'un appel aux dons sera lancé dans les communes de l'Hexagone pour offrir du matériel aux classes de Mayotte. Un plan "volontaires écoles Mayotte" sera en outre mis en place pour faire face au manque d'enseignants dans l'archipel.

Une loi d'urgence présentée le 3 janvier en Conseil des ministres

François Bayrou a annoncé la présentation d'une loi d'urgence en Conseil des ministres le 3 janvier "avec une présentation au Parlement sous quinze jours". Le Premier ministre souhaite la mise en place d'un "établissement public de reconstruction de Mayotte", sur le modèle de ce qui a été mis en place pour Notre-Dame à Paris. Son directeur sera "désigné le 3 janvier".

Une "loi-programme de refondation de Mayotte, préparée avec les élus" locaux, sera mise au point "sous trois mois", a complété le Premier ministre. Un nouveau recensement de la population de l'archipel sera aussi engagé. "Il permettra de sortir des ambiguïtés et des incohérences sur l'appréciation numérique de la population", a souligné le Premier ministre.

Une "interdiction" de la reconstruction des bidonvilles

"L'Etat et les pouvoirs publics locaux s'accordent pour interdire et empêcher la reconstruction des bidonvilles", a promis le Premier ministre, ajoutant que des dispositions pourraient être incluses "dans la loi". "Il y aura des interventions pour qu'on sorte de ce cycle infernal, on ne peut pas laisser Mayotte devenir la capitale des bidonvilles", a-t-il affirmé à la presse à la suite de son intervention.

Sur le logement, le chef du gouvernement a garanti la livraison cette semaine de "140 tonnes de bâches", qui s'ajouteront "aux 100 tonnes de bâches déjà livrées". "Le but est la mise hors d'eau des bâtiments publics et mahorais", a-t-il précisé. Des éléments de charpente et de tôle pour les toitures seront "acheminés en urgence en fonction des besoins et seront inclus dans la liste des produits bloqués" pour éviter la spéculation.

Des prêts garantis par l'Etat seront également proposés aux familles pour financer les reconstructions. Garanti par la banque des territoires, il coûtera "zéro euro par mois" avant un remboursement s'étalant sur vingt-cinq ans.

L'envoi de gendarmes et de policiers supplémentaires

François Bayrou a par ailleurs annoncé l'envoi de gendarmes et policiers supplémentaires. Il a en outre promis la "formation de 300 gendarmes et auxiliaires mahorais" pour "assurer les missions de sécurité quand la crise sera passée".

Pour éviter les pillages et les dégradations dans les écoles, un "plan vigilance" est envisagé. Il permettra d'"associer des unités de l'armée et de gendarmerie pour pouvoir surveiller ces établissements", selon le Premier ministre. Ce dernier a également promis un "renforcement des patrouilles maritimes, permettant de faire respecter les frontières".

La réouverture de l'aéroport aux vols commerciaux le 1er janvier

Après la réfection de la tour de contrôle de l'aéroport Marcel-Henry, détruite par le cyclone, les vols commerciaux reprendront le 1er janvier. Des rapatriements d'habitants de Mayotte "retenus hors de France à cause de la catastrophe" débuteront mardi, a ajouté le Premier ministre.

Des mesures pour développer le système de santé

Le chef du gouvernement a présenté une série de propositions en matière de santé à Mayotte, avec notamment un parrainage du centre hospitalier de Mamoudzou, opérationnel à 70% depuis dimanche, par des établissements "volontaires" de l'Hexagone.

Il a par ailleurs dévoilé une "sécurisation par l'Etat de la trésorerie des 300 professionnels de santé libéraux" de Mayotte et "un plan d'attractivité" axé sur les médecins, les sages-femmes et les personnels qui font défaut dans l'archipel.

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