Six mois après l'ouragan Irma, la lente reconstruction à Saint-Martin : "Les assurances font un blocage énorme"
L'eau et l'électricité sont désormais rétablies à Saint-Martin, mais six mois après le passage d'Irma, les stigmates de l’ouragan sont encore visibles. Beaucoup de chantiers n’ont pas encore démarré, notamment parce que les assurances tardent à payer les indemnités.
Six mois après le passage de l'ouragan Irma, à Saint-Martin, l'île peine à se reconstruire. Les stigmates sont encore visibles : maisons et bâtiments détruits, voitures abîmées. Les assurances tardent à verser les indemnités aux victimes avce des retards d'environ un mois et demi par rapport aux délais normaux. "Les assurances font un blocage énorme", dénonce Martine, sinistrée d'Irma. Elle a souscrit un contrat "maison de luxe" pour sa villa sur les hauteurs d’un quartier chic. Il y a deux mois, elle a reçu une avance de 50 000 euros. Une somme insuffisante pour commencer les travaux. Résultat : elle vit aujourd'hui avec son compagnon et ses deux enfants dans la seule pièce qui a résisté à Irma : le garage.
"Rien n’avance, tout est bloqué". Martine est propriétaire d’une maison à Baie rouge, l’un des plus beaux quartiers de Saint-Martin. Six mois après le passage d'#Irma, sa maison est toujours en ruine. Elle attend l’indemnité que doit lui verser son assurance… pic.twitter.com/826TUuWYsG
— Thibault Lefèvre (@thibaultlefevre) 4 mars 2018
Les assureurs "veulent essayer de faire baisser le montant des remboursements, dénonce Martine. Ils évaluent à leur idée, sans tenir compte de ce qu’il en est réellement. Donc, on est en permanence obligés de leur prouver par A plus B tout ce qu’il y a, de faire des devis, de leur montrer les devis, ça prend un temps fou. Et la saison cyclonique redémarre en juin. Là, si on prend un cyclone, même à 200 km/heure, ça ne tiendra pas."
Coût pour les assurances : 2 milliards d'euros
Les assurances ont compté environ 25 000 sinistres sur l’île, d’une valeur totale d’un peu moins de 2 milliards d’euros. Irma est la deuxième catastrophe la plus coûteuse survenue en France après la tempête de 1999. Un événement inédit selon Stéphane Pénet, directeur "dommages et responsabilités" à la Fédération française de l’assurance.
Saint-Martin n’a pas été accessible pendant trois semaines au moins après l’événement. Ce n’est qu’au bout de 45 jours en gros qu’on avait un bataillon de 100 experts qui correspond à ce qui était nécessaire pour évaluer les dégâts
Stéphane Pénet, Fédération française de l’assurancefranceinfo
S'ajoute à cela la capacité locale des artisans du bâtiment à pouvoir faire face à la demande, selon l'expert. "Donc le chiffrage de ces dommages prend également énormément de temps", explique-t-il. Depuis un mois, des sinistrés se sont rassemblés en collectif. Ils sont environ 500 à envisager de déposer des recours en justice.
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