Vidéo Cinq mois après la crue qui a décimé leur hameau, les sinistrés de la Bérarde restent sous le choc devant un paysage "lunaire"

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La Bérarde, un village des Alpes, a été dévastée par une crue géante en juin 2024. La reconstruction est aujourd’hui compliquée. Un rapport est attendu pour la fin du mois. En attendant, les sinistrés ne savent pas s’ils pourront un jour retrouver leur maison.
Naufragés de la Bérarde : la difficile reconstruction des sinistrés La Bérarde, un village des Alpes, a été dévastée par une crue géante en juin 2024. La reconstruction est aujourd’hui compliquée. Un rapport est attendu pour la fin du mois. En attendant, les sinistrés ne savent pas s’ils pourront un jour retrouver leur maison. (France 2)
Article rédigé par France 2 - E. Prigeant, J.-P. Rivalain, T. Simonet, T. Germain, M. Nadal, E. Jacquin, J. Cohen-Oliveri
France Télévisions
Les scientifiques avertissent que de tels événements, bien que rares, pourraient se reproduire dans d'autres hameaux alpins.

Dans le hameau de la Bérarde, niché dans le massif de l'Oisans (Isère), les habitants peinent à reconnaître le paysage qu'ils ont toujours connu. Le torrent des Etançons a laissé derrière lui une vallée meurtrie, des maisons détruites et des souvenirs éparpillés. En juin dernier, des pluies torrentielles, combinées à la fonte des neiges et à la vidange brutale d'un lac glaciaire, ont provoqué une crue dévastatrice.

Malgré la violence des événements, aucune perte humaine n'est à déplorer. "Notre paysage est complètement défiguré. Ces montagnes de cailloux… C'est lunaire, ça fait mal au cœur," confie Pascal Blatteyron, épicier dans le hameau depuis vingt-cinq ans. Son commerce a été emporté par les flots.

Des vies bouleversées

Christiane Amevet, elle, pleure son chalet familial, construit en 1790. Bien que toujours debout, il est gravement endommagé et devra être démoli. "C'est quelque chose qui me réveille encore beaucoup la nuit. Il va falloir arriver faire le deuil", confie-t-elle, en récupérant ce qu'elle peut parmi les débris.

Au total, sur les 53 bâtiments du hameau, 17 ont été détruits ou sont devenus inhabitables. Les habitants, dans l'incertitude, se préparent à quitter les lieux avant l'hiver.

Une catastrophe évitable ?

Selon certains experts, la vidange préventive du lac glaciaire de Bonne Pierre aurait pu réduire l'ampleur des dégâts. Laurent Soullier, un sinistré, s'interroge : "La vidange de ce lac est le seul facteur sur lequel on aurait pu agir. Sur les autres points, on n'est évidemment pas en maîtrise, mais sur celui-là, des choses auraient pu être faites", dit-il, lors d'une ascension vers le lac désormais asséché.

Les élus locaux envisagent des travaux de grande ampleur pour protéger la vallée. Parmi les solutions proposées : le retour du torrent dans son lit d'origine, accompagné d'un chenal de protection renforcé. Mais ces projets pharaoniques, estimés à plusieurs millions d'euros, devront encore être financés.

Une menace qui perdure

Avec le réchauffement climatique, les crues et autres phénomènes torrentiels risquent de devenir plus fréquents et plus violents. Les scientifiques avertissent que de tels événements, bien que rares, pourraient se reproduire dans d'autres hameaux alpins.

"Si on veut un bon niveau de protection, cela nécessitera des travaux gigantesques. Ce sera une décision éminemment politique," conclut un expert. Pour la Bérarde, comme pour tant d'autres villages, l'avenir reste suspendu aux choix des autorités, entre préservation d'un patrimoine précieux et adaptation à des conditions climatiques de plus en plus extrêmes.

Regardez l'intégralité du reportage dans la vidéo ci-dessus.

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