Vigilance aux orages : "C'est une situation que l'on rencontre plus fréquemment à partir de mai", analyse un météorologue
Après les giboulées, les orages de mars. Météo-France a placé, lundi 13 mars, 28 départements en vigilance orange. La perturbation devait traverser à partir de 15 heures une large bande de territoire, du Sud-Ouest à l'Alsace.
28 départements en Orange pic.twitter.com/Ex79AEzAVu
— VigiMétéoFrance (@VigiMeteoFrance) March 13, 2023
Les 28 départements concernés par cette vigilance sont l'Ariège, la Haute-Garonne, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, l'Aveyron, le Lot, le Cantal, la Corrèze, le Puy-de-Dôme, la Loire, l'Allier, la Saône-et-Loire, la Nièvre, la Côte-d'Or, le Jura, le Doubs, la Haute-Saône, la Haute-Marne, le Territoire de Belfort, les Vosges, le Haut-Rhin, le Bas-Rhin, la Meurthe-et-Moselle, la Moselle, l'Ain, le Rhône, la Savoie et la Haute-Savoie. Prévisionniste à Météo-France, Frédéric Long analyse cette situation qui "ne va pas durer longtemps", mais particulièrement intense.
franceinfo : Comment se forme cette perturbation qui va traverser la France et quelles sont les prévisions pour les jours à venir ?
Frédéric Long : C'est la rencontre d'une masse d'air remarquablement douce pour la saison, qui remonte sur une large moitié sud-est du pays, et d'une perturbation sur les régions de la moitié Nord. En se décalant vers le Sud, cette perturbation va être réactivée par un contexte dépressionnaire, avec de l'air froid en altitude. Des orages parfois forts vont se former en ligne, entre le Sud-Ouest et le Nord-Est à partir du milieu d'après-midi et jusqu'en soirée, milieu de nuit.
Pour qu'un orage se forme, il faut plusieurs ingrédients : de l'air chaud près du sol, de l'air froid en altitude et un contexte dépressionnaire, avec des vents dans les basses couches de l'atmosphère. Ces vents vont avoir des mouvements verticaux, vers le haut, et vont former des cumulonimbus, les nuages qui produisent des orages.
Les rafales pourront atteindre localement, voire dépasser, les 100 km/h, avec de la grêle. Il y aura de fortes précipitations, souvent en moins d'une heure. Cela ne va pas durer longtemps, mais les intensités vont être fortes.
Généralement, les orages se produisent plus tard dans l'année…
Vous avez raison, nous sommes dans une situation que l'on rencontre plus fréquemment à partir de mai. C'est un phénomène remarquable pour la saison. En mars, quand on parle de précipitations instables, on pense aux giboulées, des phénomènes d'air froid, avec du grésil et parfois de la neige. Ce n'est pas le cas ici.
Quel est le lien entre cette perturbation et le contexte global de réchauffement climatique ?
Il n'est pas facile de répondre à cette question. Dans ce cas particulier, on peut penser que la présence d'air très doux – il fera 25°C dans certaines régions cette après-midi – est liée au changement climatique, et c'est un des événements qui vont favoriser le déclenchement de ce genre de phénomènes orageux.
Aujourd'hui, on ne peut pas affirmer de manière rigoureuse et scientifique que les orages forts sont en augmentation avec le réchauffement climatique. Nous n'avons pas de données complètes sur les orages passés, et nous avons du mal à représenter ces phénomènes de petite échelle dans les projections du climat futur. Les orages sont des phénomènes complexes qui ne dépendent pas d'un seul facteur. La présence d'air chaud est un élément, mais il ne suffit pas.
La France connaît une sécheresse hivernale importante. Est-ce que les précipitations accompagnant ces orages vont permettre d'améliorer la situation ?
En ce moment, tout est bon à prendre pour ce qui concerne les précipitations. Cependant, ce n'est pas l'idéal pour l'infiltration de l'eau dans les sols jusqu'aux nappes. Nous avons davantage besoin de perturbations durables avec des pluies moins fortes. Là, l'eau va ruisseler et alimenter les cours d'eau. Elle ne va pas beaucoup pénétrer dans les sols.
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