"Aujourd'hui je n'ai pas d'alternatives" : à Grenoble, ville encaissée et polluée, l'enjeu des mobilités
À six mois des municipales, franceinfo s'intéresse au système de transports à Grenoble, une ville très polluée à cause de sa localisation dans une "cuvette".
"Moi, ça fait six mois. Je sors de la gare, je prends directement mon vélo, je sais qu'il est là, j'attache mon sac par derrière et on y va." Aujourd'hui Océane, 24 ans, utilise le vélo pour ses trajets quotidiens. Comme elle, des milliers de Grenoblois circulent sur une bicyclette jaune de location. Un peu plus de 7 000 "Métrovélo" sont en service. "Ce n'est pas très cher, c'est rapide et puis il y a des pistes cyclables, c'est parfait."
Avec un maire écologiste à sa tête, Grenoble tente de se transformer. C'est une ville particulièrement polluée, car "encaissée" dans une cuvette. La municipalité tente de rendre la ville plus verte et mise aussi beaucoup sur les transports alternatifs. Dans la commune la plus plate de France, on développe par exemple des "autoroutes à vélo", un réseau cyclable express de 40 kilomètres d'ici 2021. Les transports font partie des enjeux importants des prochaines élections municipales.
Plus de vélos, moins de voitures
Yannick, bénévole au Petit vélo dans la tête, un atelier de réparation participatif et solidaire, appuie la politique cyclable de la ville et de la métropole, mais attention au "tout vélo", dit-il : "Je sens (déjà) clairement un peu plus de tension depuis deux ou trois ans sur la séparation des voies, donc je pense qu'il ne faut pas aller sur un 'tout séparé', ça augmente les routes pour rien. On peut arriver à des trucs qui ne sont pas sains", prévient-il. Yannick n'est pas vraiment contre ces voies "spécialisées", mais il ne faut pas que ce soit généralisé, lui croît plutôt à la cohabitation en bonne intelligence.
Développement de l'auto-partage, bus au gaz et au biogaz, les véhicules de livraison au diesel bannis du centre-ville d'ici 2025... Mais tous les habitants ne partagent pas la politique de la municipalité écologiste. "Faire rouler les voitures à 30 km/h au lieu de 50 en centre-ville, c'est beaucoup plus polluant", estime par exemple ce chauffeur de taxi grenoblois, qui doute de son efficacité. "Un moteur est optimisé à 56 km/h pour polluer le moins possible. C'est comme les autoroutes à vélo, ça engorge d'autres voies, ça crée des bouchons, ça crée de la pollution supplémentaire."
J'ai une conscience environnementale et j'ai l'impression d'être dans l'obligation de prendre ma voiture.
Julie, qui habite loin du centre-villeà franceinfo
Julie, 33 ans, habite à 12 kilomètres de Grenoble. Elle aimerait pouvoir se passer complètement de la voiture, mais elle n'a pas le choix. "Le problème, c'est qu'il n'y a pas assez de bus et ils terminent à 20 heures le soir. Or je ne suis quasiment jamais de retour chez moi pour 20 heures."
Comment réduire l'utilisation de la voiture personnelle ? "Pour moi, la priorité aux municipales, ça serait vraiment de trouver un accord entre la ville centre, la métropole et le département pour unifier tous les transports en commun, estime la jeune femme. Pour que les gens qui arrivent en dehors de la ville aient vraiment des alternatives. Moi aujourd'hui, je ne pense pas que j'en ai."
La pollution aux particules fines et aux émissions de dioxyde de carbone est la cause de 130 décès par an dans l'agglomération grenobloise.
Le "bus" des municipales de franceinfo
Quels sont les grands enjeux des municipales ? Jusqu’aux élections de mars 2020, franceinfo fait escale une fois par mois dans une grande ville française.
Première étape à Grenoble, où l'enjeu des mobilités et de la pollution est crucial au vu de sa situation géographique. Autre particularité, la police de sécurité du quotidien, déployée récemment dans la ville, pour faire face à la délinquance. À six mois des municipales, un sondage place le maire actuel, Éric Piolle, largement en tête des intentions de vote. Un scrutin marqué par le retour en politique d'une ancienne figure locale et nationale : Alain Carignon.
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