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Grand barrage éthiopien sur le Nil : une "instabilité inimaginable" si on touche à l'eau de l'Egypte, avertit le président al-Sissi

Le président égyptien a menacé la région d’une guerre de l’eau si le Grand barrage construit par l'Ethiopie sur le Nil privait l’Egypte "d'une seule goutte d'eau". 

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s'entretient, le 11 mars 2021 au Caire, avec le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok (à gauche). Au cœur des discussions, la mise en eau du Grand barrage éthiopien. (- / EGYPTIAN PRESIDENCY)

Alors que pour la deuxième année, l’Ethiopie continue à remplir son Grand barrage à la faveur de la prochaine saison des pluies (juillet à septembre), le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est sorti de sa réserve : "Personne ne peut se permettre de prendre une goutte d'eau de l'Egypte, sinon la région connaîtra une instabilité inimaginable", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Ismaïlia, alors qu'il était interrogé sur la mise en eau du barrage de la Grande renaissance éthiopienne (GERD).

A portée des avions Rafale

"Personne ne doit s'imaginer qu'il est loin de la portée de l'Egypte", a ajouté M. Sissi en soulignant que la part des eaux du Nil revenant à l'Egypte était "une ligne rouge". Une allusion claire aux avions Rafale achetés en 2015 à la France et qui pourraient servir à bombarder l’ouvrage. Mais ces déclarations fracassantes sont avant tout une manière de faire pression sur l'Ethiopie dans les négociations.

"Notre réaction au cas où l'on porterait atteinte à notre part des eaux du Nil affectera la stabilité de l'ensemble de la région

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi

à l'AFP

Le barrage de la Grande renaissance éthiopienne (GERD), amené à devenir la plus grande installation hydroélectrique d'Afrique, est depuis son lancement en 2011 source de tensions entre le Soudan, l'Egypte et l'Ethiopie. L'Egypte, qui dépend du Nil pour environ 97% de son irrigation et de son eau potable, considère le GERD comme une menace pour son approvisionnement en eau. Le Soudan craint que ses propres barrages ne soient endommagés si l'Ethiopie procède au remplissage du GERD avant qu'un accord ne soit conclu.

L'Ethiopie a besoin d'électricité

De son coté, l'Ethiopie affirme que l'énergie hydroélectrique produite par le barrage est vitale pour répondre aux besoins énergétiques de ses 110 millions d'habitants. Le Premier ministre Abiy Ahmed a déclaré la semaine dernière que l'Ethiopie n'avait "pas l'intention" de faire souffrir l'Egypte avec son barrage. "Ce que je veux ? Que nos frères qui vivent de l'autre côté (en Egypte et au Soudan) comprennent que nous ne voulons pas vivre dans les ténèbres. Nous avons besoin d'une ampoule." Lors d'une conférence à Addis Abeba, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Dina Mufti a déclaré que l'Ethiopie restait favorable à des négociations tripartites en collaboration avec l'Union africaine.

Ultimes négociations

L'Egypte et le Soudan ont exhorté l'Ethiopie à ne pas effectuer le remplissage avant la signature d'un accord. Mais cela fait près d’une décennie que les trois pays négocient sans qu'aucun accord ne soit trouvé. "Au cours des prochaines semaines, il y aura des négociations et j'espère que nous allons parvenir à un accord juridique contraignant", a toutefois affirmé M. Sissi. Des négociations présentées comme celles de la dernière chance, avant la mise en eau du barrage.

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