La Tunisie a un nouveau Premier ministre et un nouveau gouvernement
Dirigé par Habib Jemli, le nouveau gouvernement tunisien est composé de 28 membres. Le Premier ministre a été choisi par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha.
Désigné par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, Habib Jemli a annoncé le 2 janvier 2020 la composition de son gouvernement formé de personnalités indépendantes. Des négociations, qualifiées de "difficiles" avec d'autres partis politiques, avaient échoué. Le nouveau gouvernement doit encore obtenir la confiance du Parlement.
Habib Jemli a été secrétaire d'Etat à l'Agriculture de 2011 à 2014. Le nouveau chef du gouvernement est parfois décrit comme "sans surprise et bon exécutant"... Il est considéré comme proche d'Ennahdha. Le mouvement, qui se définit lui-même comme "musulman démocrate" et non comme "islamiste", était arrivé en tête des législatives du 6 octobre.
Plusieurs membres du gouvernement ne sont pas connus du public. Le cabinet est composé de 28 ministres, dont quatre femmes. "Je suis confiant que ce gouvernement sera approuvé par le Parlement", a déclaré Habib Jemli à la presse.
Cette annonce intervient après quelques jours de confusion. A plusieurs reprises, le nouveau chef du gouvernement avait annoncé avoir finalisé sa liste. Mais celle-ci n'a été finalement signée par le président Kaïs Saïed que le 2 janvier, selon un communiqué de la présidence de la République.
Le nouveau cabinet
Dans le nouveau gouvernement (dont la presse tunisienne en ligne a publié la liste), le juriste et porte-parole du parquet ainsi que du pôle antiterroriste, Sofiène Sliti, a été désigné ministre de l'Intérieur. Les ministères de la Défense et de la Justice ont été attribués respectivement à Imed Derouiche et Hédi Guédiri, ancien Premier président de la Cour de Cassation. Le ministère des Affaires étrangères revient à Khaled Shili. Jusque-là, ce dernier était ambassadeur de Tunisie en Jordanie.
Le nouveau ministre des Finances est une ministre : Lamia Zribi, diplômée en sciences économiques de la faculté de Tunis. Un ex-ministre des Finances, Fadhel Abdelkéfi, a été choisi comme ministre du Développement et de la coopération internationale. A la Jeunesse et aux Sports, Habib Jemli a nommé l'ex-légende du football Tarek Dhiab. L'acteur populaire Fathi Hadaoui a été désigné à la tête du ministère de la Culture.
Le seul ministre reconduit est René Trabelsi, qui reste à la tête du ministère du Tourisme.
Retard
Habib Jemli, désigné mi-octobre pour former le gouvernement, a consulté pendant deux mois partis, syndicats et personnalités nationales sans parvenir à convaincre suffisamment d'interlocuteurs pour constituer une coalition. Après l'échec de ces discussions, il avait annoncé le 23 décembre sa décision de former un gouvernement "d'indépendants" en raison des "tiraillements" entre partis. Certains partis ont imposé des "conditions" pour participer au gouvernement, avait-il dit sans autres précisions.
"Ne bénéficiant ni d’un appui politique en interne, ni d’un paysage politique assez stable et propice pour trouver un consensus aux alliances indispensables pour pouvoir former son gouvernement, Habib Jemli s’est trouvé également coincé au milieu de jeux, de calculs et de manœuvres politiques très compliqués", commente La Presse. "Maintenant que la composition de son gouvernement est prête comme il l’a annoncé, Habib Jemli sera placé devant un défi encore plus grand : obtenir la confiance d’un Parlement fragmenté, hétérogène et faire face à une opposition plus forte que jamais", poursuit le quotidien francophone.
Reste à fixer une date pour un vote de confiance à l'Assemblée des représentants du peuple, le Parlement tunisien. Selon la Constitution, si la confiance du Parlement n'est pas accordée, le Président de la République "engage des consultations dans un délai de dix jours avec les partis politiques et les groupes parlementaires, en vue de charger la personnalité jugée la plus apte, en vue de former un gouvernement dans un délai maximum d'un mois".
Le retard dans l'entrée en fonctions d'un gouvernement risque de repousser davantage les réformes indispensables à la relance de l'économie nationale. Huit ans après la révolution qui a mis fin à la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie, berceau du Printemps arabe, reste confrontée à de nombreux défis. Si la sécurité s'est nettement améliorée après une série d'attentats jihadistes en 2015, le chômage continue de frapper la population, notamment les jeunes, et l'inflation grignote un pouvoir d'achat déjà faible.
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