En Argentine, la justice suspend le "méga-décret" sur le droit du travail porté par le président Javier Milei
Il avait promis de faire des coupes dans les finances publiques, d'être radical pour sortir l'Argentine de l'inflation, mais Javier Milei se retrouve confronté à ses premiers obstacles, un peu moins d'un mois après son élection. Son "méga-décret" sur le droit du travail vient d'être en partie retoqué par la justice.
En effet, le président nouvellement investi avait annoncé une profonde révision du droit du travail : limitation du droit de grève, augmentation des périodes d'essai ou encore disparition des avantages en cas de licenciement, des propositions qui ont suscité la colère de la rue. Javier Milei avait justifié ce décret par le besoin "d'entamer le chemin vers la reconstruction du pays, rendre la liberté et l'autonomie aux individus et commencer à désarmer l'énorme quantité de régulations qui ont retenu, entravé et empêché la croissance économique".
Les Argentins appellent à la grève générale
La CGT, principal syndicat argentin avec ses sept millions d'adhérents, avait d'emblée saisi la Chambre nationale du travail : cette instance juridique du droit du travail a suspendu provisoirement la réforme en attendant qu'elle soit examinée par le Parlement, où le parti de Milei n'est que la troisième force. Le décret fait déjà l'objet de vifs débats entre juristes sur son caractère, ou non, constitutionnel, et a en parallèle été visé par une dizaine de recours en justice.
Parmi leurs arguments, les juges relèvent "que n'apparaît pas ce qui constitue de prétendues raisons d'urgence pour éviter la due intervention du pouvoir législatif sur le fond de la législation", d'autant que certaines normes "ont une nature répressive ou de sanction". Ils soulignent aussi qu'"il n'est pas expliqué comment les réformes proposées, si elles étaient appliquées immédiatement, hors du processus législatif normal, pourraient remédier à la situation" et doper l'emploi formel rapidement, "a fortiori vu que le décret lui-même souligne que cet emploi stagne depuis 12 ans".
Mais le gouvernement argentin ne compte pas en rester là. Il a d'ores et déjà annoncé qu'il allait faire appel. Les Argentins, quant à eux, sont appelés à descendre dans la rue et à une grève générale le 24 janvier, à peine un mois et demi après l'élection du nouveau président. Du jamais vu en 40 ans de démocratie argentine.
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