Etats-Unis : la campagne du trash
Les déclarations de l'élu américain Todd Akin sur le viol et l'avortement ont déclenché un tollé outre-Atlantique. Mais la campagne présidentielle n'en est pas à ses premières déclarations outrancières. Elles se sont mutlipliées ces dernières semaines.
PRESIDENTIELLE AMERICAINE - Todd Akin a beau s'excuser, il ne sait plus comment arrêter l'incendie qu'il a provoqué dans la campagne présidentielle américaine. En affirmant que les femmes violées tombaient rarement enceintes, ce candidat républicain au Sénat a provoqué un tollé dans le camp démocrate. Même le candidat républicain à la présidence, Mitt Romney, a pris ses distances lundi 20 août, parlant de déclarations "insultantes, impardonnables et franchement, fausses".
Il en faut pourtant beaucoup pour choquer dans cette campagne : depuis des semaines, les deux camps multiplient les propos outranciers pour appuyer leurs positions.
Le parlementaire Todd Akin et le "véritable viol"
Dimanche 19 août sur la chaîne KTVI, le candidat au Sénat dans le Missouri, Todd Akin, est interrogé dans le détail sur sa position anti-avortement : devrait-on l'interdire même en cas de complications médicales ? De viol ? Si les questions sont si fouillées, c'est que le débat sur l'avortement fait rage aux Etats-Unis, où plusieurs Etats ont récemment durci les conditions d'accès à l'IVG. Agacé d'être cuisiné sur ce qu'il considère comme des cas particuliers, Todd Akin dérape : "Lors d'un véritable viol, le corps de la femme a des moyens d'arrêter tout ça", explique-t-il. Le camp démocrate, lui, saisit la balle au bond : malgré la condamnation des propos d'Akin par Romney, Barack Obama convoque une conférence de presse surprise lundi pour dénoncer à nouveau une "guerre contre les femmes" menée par ses adversaires.
Le vice-président Joe Biden et les "chaînes aux pieds"
Pour les démocrates, le dérapage d'Akin est venu à point nommé pour faire oublier celui du vice-président Joe Biden, survenu quelques jours auparavant. En tournée pour deux jours dans l'Etat de Virginie, le numéro deux de l'exécutif, à nouveau candidat aux cotés de Barack Obama, prononce un discours virulent contre les dérégulations défendues par Mitt Romney. Ce dernier "va laisser les banques faire à nouveau leurs propres lois", dénonce-t-il, avant de s'écrier : "Ils vont vous remettre les chaînes aux pieds!" Problème : dans cet ancien Etat esclavagiste et devant un public composé en grande partie d'afro-américains, le double sens de la diatribe passe mal. Les républicains accusent aussitôt Biden d'avoir odieusement dépassé les bornes.
Les soutiens d'Obama sur les méfaits de Bain
Quelques jours avant, c'est une vidéo (en anglais) publiée par Priorities USA Action, un comité politique soutenant Barack Obama, qui provoquait l'indignation des républicains. Un homme y racontait comment, après avoir perdu son emploi (et donc son assurance maladie) dans une usine de sidérurgie reprise en main par Bain Capital, l'ancien fonds d'investissement de Mitt Romney, sa femme avait contracté un cancer. "Je ne pense pas que Mitt Romney réalise le tort qu'il a causé", concluait l'homme dont l'épouse était morte. Barack Obama a eu beau préciser que les initiatives du comité n'étaient pas les siennes, il a dû se défendre dans les jours suivants de mener une "sale campagne".
Le camp Romney sur l'argent "volé" de Medicare
L'équipe de Mitt Romney ne manque jamais de pointer du doigt ce qu'elle considère comme de l'incurie budgétaire de la part de Barack Obama. Sur le sujet sensible de Medicare, l'assurance maladie destinée aux plus de 65 ans, Reince Priebus, le président du Comité national républicain, a ainsi lancé que "le président avait volé 700 milliards à Medicare pour financer Obamacare", la réforme de l'assurance santé honnie des républicains. Il appuyait même sa déclaration en accusant le président d'avoir "du sang sur les mains" en ce qui concerne Medicare. Et ce alors même que son affirmation est, comme le souligne le site américain TPM, une grossière déformation de la réalité : la somme évoquée est une réduction des paiements effectués au secteur privé au nom de Medicare, et ne touche pas aux remboursements des assurés.
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