Pourquoi Emmanuel Macron se rend au Brésil malgré ses différends avec le président Lula

Le président de la République est en déplacement au Brésil pour notamment discuter de la biodiversité et de la lutte contre le réchauffement climatique. Une volonté de rapprochement alors que les sujets de discorde ne manquent pas entre les deux pays.
Article rédigé par franceinfo
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Le président brésilien Lula, et le président français Emmanuel Macron, lors d'une réunion en marge de la COP28, le 2 décembre 2023 à Dubaï (Émirats arabes unis). (LUDOVIC MARIN / AFP)

Emmanuel Macron en visite au Brésil. Après deux jours en Guyane, et une visite mardi 26 mars sur le site d'assemblage de la fusée Ariane 6 à Kourou, le chef de l'État atterrit à 20h15 à Belém, au cœur de la forêt amazonienne, pour sa toute première visite. Il doit notamment décorer le cacique Raoni. Biodiversité, lutte contre le réchauffement climatique… Emmanuel Macron espère faire du Brésil un partenaire stratégique. Pourtant, entre la France et le pays dirigé par Lula, les sujets de discorde ne manquent pas.

Le premier des sujets qui fâchent, c’est l’Ukraine. Depuis le début du conflit, la France cherche des alliés, mais le Brésil joue les non-alignés, dans la foulée des Brics, les fameux grands émergents comme l’Inde, qui cherchent à faire entendre une troisième voie. Schématiquement, le Brésil estime que Kiev est en partie responsable du conflit, qui serait surtout régional. Pas question non plus pour le Brésil de suivre forcément les États-Unis. La situation est à peu près similaire diplomatiquement à propos de Gaza, le Brésil ayant lourdement condamné la réplique d'Israël après le 7-Octobre.

Autre sujet de discorde : le Mercosur, ce traité de libre-échange qui prévoit de faciliter l’importation en Europe de produits agricoles venus de plusieurs pays d’Amérique latine dont le Brésil. La France est contre le traité, ce qui a déclenché l’agacement de Lula, qui n’a pas hésité à dénoncer le protectionnisme d’Emmanuel Macron. Difficile à croire, tant le Mercosur a défrayé la chronique pendant la récente crise agricole, mais officiellement l’Élysée assure que ce sujet ne sera pas abordé entre les deux présidents, signe que tout est fait pour arrondir les angles.

Une année 2024 "très brésilienne"

Mais alors, s’il y a tant de sujets de fâcherie, pourquoi Emmanuel Macron fait quand même le choix d’aller au Brésil ? Parce qu’il veut renouer le lien, affirme son entourage. Le Brésil reste un géant : 215 millions d’habitants, cinquième pays du monde par sa superficie. La France y est le premier employeur étranger avec plus de 1 100 entreprises et pourtant, Emmanuel Macron n’y a jamais mis les pieds. C'est donc sa toute première visite, une curiosité due notamment aux années Jair Bolsonaro (2019-2023). Même si politiquement, il en est très éloigné, le chef de l’État décrit en revanche Lula comme son ami. Il l’avait même reçu à sa sortie de prison à Paris, alors que l’ancien métallo n’était pas encore redevenu président.

L'Élysée voit dans cette visite d’État, très rare au Brésil depuis le Covid, le reflet de cette proximité. Emmanuel Macron veut l’afficher autour de défis communs : la lutte contre le réchauffement climatique, la lutte contre la pauvreté, la préservation de la biodiversité… D’où la première escale à Belém, la remise de décoration au cacique Raoni, avant des étapes à São Paulo, où il prononcera un discours à la communauté française et rencontrera l’ancien footballeur Rai avant d'aller à Brasilia. Le chef de l’État a bien à l’esprit que l’année sera "très brésilienne", selon l'Élysée : G20 à Rio à l’automne, COP30 à Belém en 2025… Le Brésil, pour Emmanuel Macron, est aussi une case à cocher.

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