Avec le réchauffement climatique, attendez-vous à éternuer et à boire de la piquette
Alors que les experts du climat dressent un constat alarmant, voici quelques impacts surprenants du changement climatique sur notre santé, notre alimentation, ainsi que sur la faune et la flore.
Face à l'ampleur du réchauffement climatique, les scientifiques du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) mettent en garde contre des "effets sévères et irréversibles". Ils ont publié, dimanche 2 novembre, la synthèse de leur cinquième rapport, une évaluation du changement climatique depuis 2007. Un travail qui servira de base aux chefs d'Etat en vue de la conférence sur le climat prévue en 2015 à Paris.
Les impacts du réchauffement climatique sont très nombreux et, pour certains, déjà visibles. Précipitations accrues dans certaines régions de la planète et en baisse ailleurs ; répartition modifiée des espèces marines et terrestres ; rendements agricoles globalement en baisse en raison de l'assèchement des terres et de la baisse du niveau de ressource en eau potable ; vagues de chaleur plus fréquentes en Europe, en Asie, en Australie ; augmentation du niveau moyen des océans, déplacements de populations, accroissement des risques de conflits... Un constat alarmant auquel il faut ajouter des conséquences plus (ou moins) inattendues sur notre santé, notre alimentation, la faune et la flore. En voici quelques-unes.
Du vin de bordeaux de moindre qualité ?
Produira-t-on toujours du bordeaux dans le Bordelais ? La question se pose car les vignes sont sensibles à l'augmentation de la température. "A Bordeaux, en 2040, on annonce un climat qui est celui de Séville [sud de l'Espagne], et on voit bien que le vin en Andalousie n'a pas à proprement parler la même qualité, la même notoriété que le vin de Bordeaux. Le coût économique du dérèglement climatique et du changement climatique sera majeur", alerte, lundi, l'ancien ministre délégué Pascal Canfin (Europe Ecologie-Les Verts), sur France Inter.
Des régions traditionnellement productrices de vins, comme la vallée du Rhône ou la Toscane en Italie, seront également touchées. La surface de terres propices à la culture de la vigne en Europe va se réduire de 68% d'ici à 2050, selon une étude américaine publiée en 2013. "Aujourd'hui, la perspective de voir le thermomètre gagner 1 ou 2 °C fait craindre une perte en qualité du raisin, qui se traduit, entre autres, par des arômes moins optimaux", expliquait Nathalie Ollat, chercheuse à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra). Pour autant, elle ne se voulait pas "alarmiste", appelant la viticulture française à "l'adaptation". En 2013, l'étude américaine estimait que le nord de l'Europe profiterait de ces évolutions.
Des pommes plus sucrées et moins croquantes
Autre exemple significatif en matière d'alimentation : celui du goût et de la texture des pommes, troisième fruit le plus consommé de la planète. Selon une étude japonaise de 2013, le réchauffement climatique rend les pommes moins acides, plus sucrées et moins croquantes.
Comme le souligne L'Express.fr, ces changements ne sont pas près de s'arrêter : "Les modifications dans les attributs de goût et de texture des pommes pourraient être plus frappantes avec des floraisons encore plus précoces et une hausse des températures pendant la période de maturation du fruit", préviennent les scientifiques en charge de l'étude.
Des allergies de plus en plus nombreuses
Le réchauffement climatique risque d'entraîner un développement des maladies infectieuses, c'est-à-dire les maladies provoquées par un virus, une bactérie ou un parasite. Dans le cas de la France, le CNRS pointe des "maladies qui se transmettent par des vecteurs, tiques et moustiques". Mais ce genre de maladies n'est pas le seul danger. "En 2050, un été sur deux ressemblera à la canicule de 2003. Les séquences froides seront plus inhabituelles, donc plus meurtrières", alertait en 2010 Dominique Gombert, chef du département des expertises de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Le changement climatique aggravera également les allergies. Les températures ayant un effet sur la pollinisation, les conséquences pour les personnes sensibles au pollen risquent d'être difficiles. "Avec l'élévation des températures, les pollinisations augmentent en durée et en intensité, facilitant les autres allergies polliniques chez les polysensibilisés ou favorisant des allergies chez des individus qui n'en souffraient pas", indique Le Figaro. "Le CO2 et les particules de diesel facilitent par ailleurs la sensibilisation allergénique", ajoute le quotidien, de sorte que des personnes non prédisposées génétiquement aux allergies pourront aussi être touchées. De même, les allergènes d'intérieur, tels que les acariens, les moisissures ou les poils d'animaux, sont "plus virulents du fait de l'élévation de température et d'humidité dans les habitats".
Des animaux qui rétrécissent
En plus de la disparition de certaines espèces, l'augmentation de la température de l'air et de l'eau va provoquer une baisse de la taille des animaux et des plantes. "Les organismes ne vont pas s'atrophier au point que l'on sorte dans la rue et que l'on voie des arbres moitié moins hauts qu’à l’accoutumée", expliquaient les auteurs de l'étude en 2010, cités par Le Monde. Au total, 85 espèces ont été étudiées : une quarantaine ont vu leur taille diminuer au cours des vingt dernières années (ours polaires, cerfs, crapauds, tortues, moutons....). Fruits, algues et coraux sont aussi touchés. De sorte que la chaîne alimentaire pourrait être bouleversée, souligne Le Figaro.
Et si les animaux reprenaient la taille qu'ils avaient il y a environ 55 millions d'années en cas de réchauffement climatique drastique ? C'est l'hypothèse de Jonathan Bloch, paléontologue au Musée d'histoire naturelle de Floride. Le scientifique fait état de reptiles géants et de mammifères frappés de "nanisme", selon Atlantico, qui cite le cas d'un cheval de la taille d'un petit chien. D'autres chercheurs estiment qu'il faut aussi étudier la "relation entre le changement de la taille du corps des mammifères et l'effet de serre produit par le réchauffement de la planète au cours du passé géologique" pour "nous aider à prévoir les changements écologiques".
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