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Ségolène Royal a-t-elle un problème avec l'écologie ?

Ecotaxe, autoroutes, cheminées... La ministre de l'Ecologie multiplie les déclarations provocantes et les décisions polémiques depuis qu'elle est en poste, au risque de se mettre les Verts à dos.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, le 5 novembre 2014, lors d'une conférence sur le climat à Paris. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Electron libre, Ségolène Royal aime se démarquer. Depuis son arrivée au ministère de l'Ecologie en avril, l'ancienne candidate à la présidentielle de 2007 cherche à faire bouger les lignes. Sur BFMTV, mardi 16 décembre, la socialiste a, une nouvelle fois, irrité certaines oreilles écologistes en estimant qu'Airparif, l'organisme chargé de contrôler la qualité de l'air en Ile-de-France, était "un peu trop sectaire". Entre déclarations provocantes et propositions démagogiques, francetv info se demande si Ségolène Royal n'a pas un petit problème avec l'écologie.

Oui, elle enchaîne les prises de position controversées

A plusieurs reprises, Ségolène Royal a pris de court les écologistes. La ministre les a surpris, par exemple, lorsqu'elle a proposé, en octobre, la gratuité des autoroutes le week-end. Finalement, elle choisira de ne proposer qu'un "gel des tarifs des autoroutes en 2015". Une mesure qui ne va toujours pas dans le sens d'une diminution de la pollution liée à la circulation automobile.

La ministre s'est également attiré les foudres Verts quand elle a choisi d'enterrer définitivement l'écotaxe poids lourds après des mois de polémiques. Une décision qu'elle a justifiée en expliquant que cette mesure était trop difficile à mettre en place. "De notre point de vue, c'est la décision la plus négative de son bilan. Il était possible de neutraliser la contestation et elle a préféré céder", estime François de Rugy, coprésident du groupe écologiste à l'Assemblée, interrogé par francetv info. 

Récemment, Ségolène Royal s'est de nouveau démarquée en partant en croisade contre l'arrêté préfectoral interdisant les feux de cheminée à foyer ouvert en Ile-de-France, malgré les études indiquant qu'il s'agit d'une source importante de pollution. La ministre de l'Ecologie va même jusqu'à dire, mardi, qu'Airparif est "un peu trop sectaire sur la question de la prise en compte de la pollution de l'air", évoquant des chiffres de mesure de la pollution "totalement faux"


Ségolène Royal sur les feux de cheminée par BFMTV

Non, elle défend sa propre vision de l'écologie

Ségolène Royal cherche à imposer une vision de l'écologie non-punitive. Opposée au principe du pollueur-payeur, la ministre refuse les taxes supplémentaires et préfère agir sur le changement des comportements à l'aide de mesures incitatives. Une philosophie que ne rejette pas Denis Baupin, député d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et vice-président de l'Assemblée, joint par francetv info : "Je suis d'accord sur l'idée d'une écologie non-punitive, tant que l'on garde l'idée d'un bonus-malus au niveau de la fiscalité."

Pour lui, le principal mérite de Ségolène Royal réside dans sa capacité à expliquer sa politique aux gens. "Elle fonde sa réflexion sur la perception des dispositifs mis en place afin d'éviter les mesures un peu trop technocratiques", détaille l'élu EELV. Pour l'illustrer, Denis Baupin prend l'exemple de l'interdiction des feux de cheminée, qui était, selon lui, trop difficile à comprendre en l'état.

Oui, elle fait preuve de démagogie

L'expression "écologie non-punitive" reste en travers de la gorge de François de Rugy. "Elle a tort de dire cela, elle accrédite l’idée de nos opposants qui voient l’écologie comme nécessairement punitive, grince le coprésident du groupe écologiste à l'Assemblée. C'est comme si on parlait de solidarité punitive aux Français." Le député y voit plutôt une stratégie de communication : "Elle cherche sans doute tactiquement à se différencier des écologistes, en se forgeant sa propre image."

Pour le député européen EELV Yannick Jadot, Ségolène Royal fait plutôt preuve de démagogie. "Elle alimente le sentiment populaire selon lequel la fiscalité agit contre les plus faibles, alors que c’est un outil de transformation bénéfique pour tout le monde", explique-t-il à La Croix.

Non, son bilan est honorable

"Globalement, mon appréciation est plutôt positive, elle donne de la voix et fait exister l’écologie", reconnaît tout de même François de Rugy. "Ségolène Royal utilise son impact politique pour faire avancer les dossiers", ajoute Denis Baupin. Le député se félicite de voir qu'en deux ans, le gouvernement a réussi à remettre en cause le tout nucléaire et la fiscalité du diesel. Les écologistes lui accordent surtout un bon point concernant le volet énergie de la loi sur la transition énergétique. "C'est conforme aux engagements présidentiels et c'est une évolution sans précédent, notamment avec cet objectif de réduire la part du nucléaire à 50% en 2025", assure François de Rugy. 

Un bémol, tout de même, sur le dossier transport. "La loi sur la transition énergétique ne va pas assez loi sur ce point", prévient François de Rugy. Quant à l'augmentation de la fiscalité sur le diesel, le responsable écologiste ne voit pas de "véritable vision de changement de la fiscalité, mais plutôt une compensation après l'abandon de la taxe poids lourd". Autre objectif qui se fait attendre, le développement de la voiture électrique. Entre le 1er janvier et le 30 novembre 2014, seulement 847 véhicules électriques se sont vendus, rappelle Le nouvel Obs.

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