Explosion sur le pont de Crimée : "C'est une cible militaire évidente" pour les Ukrainiens selon un géopoliticien
Le pont de Crimée, endommagé par une explosion, samedi, est une infrastructure clé et le symbole de l'annexion de la péninsule par la Russie, estime le géopoliticien Cyrille Bret. Selon lui, "les chaînes d'approvisionnement civiles et militaires en Crimée seront affectées".
Un incendie s'est déclaré samedi 8 octobre dans la matinée sur le pont de Crimée, qui relie la péninusle annexée par la Russie au continent. Selon le Comité national antiterroriste russe, l'incendie a eu lieu après "l'explosion d'un camion" et a fait trois morts. Ce pont sur le détroit de Kertch, inauguré en 2018 après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, est un axe de communication majeur pour l'armée russe, particulièrement pour les opérations militaires en cours au sud de l'Ukraine, où elle subit la contre-offensive ukrainienne.
>> Guerre en Ukraine : suivez les dernières informations dans notre direct
"Ce pont est une cible militaire évidente" pour les Ukrainiens, réagit sur franceinfo Cyrille Bret, géopoliticien et chercheur à l'institut Jacques-Delors. Pour les autorités ukrainiennes, ce pont de 18 kilomètres "c'est le symbole de l'occupation et de l'annexion illégales de la Crimée. C'est un symbole évident de la volonté de la Russie d'annexer une partie du territoire ukrainien", ajoute-t-il. La circulation est pour le moment "limitée" sur le pont de Crimée, et selon les agences russes, les voies routières et ferroviaires sont endommagées.
"C'est une infrastructure essentielle pour que la Crimée s'intègre économiquement au sein de la Fédération de Russie : sans ce pont, la Crimée serait une espèce d'île au large de la Fédération."
Cyrille Bretà franceinfo
"Cette explosion marque un peu comme la rupture du cordon ombilical que les pouvoirs russes et Vladimir Poutine lui-même ont voulu établir entre la Crimée et le territoire proprement dit de la Fédération de Russie", complète-t-il. La péninsule n'est reliée au continent que par l'isthme de Perekop, au nord, entre la Crimée et la région de Kherson, annexée par la Russie après un référendum contesté. Le pont de 18 kilomètres permet de joindre le continent et la Fédération de Russie par l'est, vers la province de Krasnodar.
Les chaînes d'approvisionnement seront affectées
Le pont est à la fois un pont routier et un pont ferroviaire. Même si les autorités minimisent dans leurs communiqués les conséquences de cet incendie, les chaînes "d'approvisionnement civiles et militaires en Crimée" seront affectées, selon Cyrille Bret. "Ce pont sert à acheminer tout ce dont manque la Crimée : des matériaux de construction, des denrées... La Crimée est un territoire un peu sous-développé d'un point de vue économique. Il sert évidement à transporter également du matériel militaire." Après l'annexion, avant l'ouverture du pont, la Russie utilisait des navires pour acheminer du matériel militaire vers la Crimée.
Cyrille Bret rappelle également le symbole de ce pont, voulu directement par Vladimir Poutine. "C'est trois milliards de dollars et une inauguration en grande pompe en 2018 par le président lui-même, souligne-t-il. On se souvient que le détroit de Kertch est un véritable symbole de la volonté de la Russie d'annexer toute une partie du territoire ukrainien, non seulement la Crimée mais aussi la province au Nord, celle de Marioupol."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.