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Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de la frappe russe qui a fait 52 morts à Groza, dans l'est du pays

L'attaque, qui a eu lieu jeudi en marge des funérailles d'un soldat ukrainien, a également blessé six personnes et a été vivement condamnée par la communauté internationale. "Les atrocités russes atteignent un niveau encore plus sinistre", a réagi le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un habitant du village de Groza, en Ukraine, se recueille devant la dépouille de sa femme morte dans la frappe russe qui a fait au moins 51 morts, le 5 octobre 2023. (GENYA SAVILOV / AFP)

Une nouvelle attaque meurtrière. Cinquante-deux personnes, dont un enfant de 6 ans, ont été tuées et six autres, blessées, jeudi 5 octobre par une frappe russe à Groza, un petit village de l'est de l'Ukraine. "Les opérations de secours et de recherche ont été terminées", a annoncé le service d'Etat pour les situations d'urgence. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de cette nouvelle frappe qui a été fermement condamnée par la communauté internationale. 

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Un missile russe frappe un village en début d'après-midi

Groza est un village d'environ 300 habitants, situé près de Kharkiv, à 35 km à l'ouest de la ligne de front. L'attaque a eu lieu autour de 13h15, heure locale (12h15, heure de Paris), a raconté le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov. Elle a touché un magasin d'alimentation et un café, qui ont été entièrement détruits, a précisé le gouverneur. Selon le ministre de l'Intérieur, Igor Klymenko, une soixantaine de personnes se trouvaient dans l'établissement. "Il y avait des villageois dans le magasin et des villageois dans le café étaient également réunis" pour une réception organisée après les obsèques d'un des leurs, a précisé le ministre.

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Dans un nouveau bilan, vendredi matin, le gouverneur régional faisait état de 52 morts. Parmi les victimes de la frappe se trouvent la femme et le fils du soldat ukrainien mort au combat dont étaient célébrées les funérailles, selon un porte-parole du parquet régional cité par l'agence de presse Interfax-Ukraine. Un enfant né en 2017 fait aussi partie des victimes. Six autres personnes ont été blessées. Les opérations de secours et de recherche sont terminées, a affirmé le service d'Etat pour les situations d'urgence, en fin de journée.

La piste d'un informateur étudiée

Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, a dénoncé sur X (ex-Twitter) une nouvelle "attaque insidieuse (russe) qui n'a aucune logique militaire" et qui doit servir de "rappel à tous ceux qui sont prêts à sourire et à serrer la main du criminel de guerre Poutine lors de conférences internationales". Selon des informations préliminaires, le bombardement a été réalisé avec un missile balistique Iskander, a assuré le ministère de l'Intérieur ukrainien. Ce même type de missile avait déjà frappé des civils en juin à Kramatorsk et fait 12 morts.

Les autorités envisagent "plusieurs versions" pour expliquer cette attaque, a avancé le policier chargé de l'enquête. Notamment celle menant à un informateur comme à Kramatorsk, en raison de la précision et du timing de la frappe. "L'une d'elles est que quelqu'un aurait pu donner les coordonnées (du café) aux Russes. Notre travail est de trouver si une personne a pu donner ces coordonnées et savoir qu'il y avait un rassemblement à ce moment", a estimé le policier, cité par l'AFP. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière dans la région de Kharkiv depuis le début de l'invasion russe en 2022. Trois jours de deuil ont été décrétés. 

La communauté internationale dénonce des "atrocités"

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, depuis Grenade, en Espagne, où il assistait à un sommet des dirigeants européens, a dénoncé une "attaque terroriste inhumaine". "Il n'est possible de protéger les gens contre de telles attaques (...) qu'à l'aide de la défense antiaérienne", a-t-il ajouté. Il a notamment évoqué la livraison à l'Ukraine d'un nouveau système américain Patriot et insisté pour que les principaux pays européens aident l'Ukraine afin d'éviter de nouveaux drames de ce type.

La communauté internationale a vivement réagi à cette attaque. Berlin a assuré que l'Allemagne ferait "tout son possible" pour que "l'Ukraine puisse se protéger de la terreur des missiles de Poutine", a écrit la ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, sur X (ex-Twitter). La diplomatie française a condamné avec "la plus grande fermeté" la frappe de Moscou, ajoutant dans un communiqué qu'"en ciblant à dessein la population civile ukrainienne, la Russie se rend de nouveau coupable d'atrocités constitutives de crimes de guerre". "Les atrocités russes atteignent un niveau encore plus sinistre", a abondé le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a rappelé que "les attaques contre les civils et les infrastructures civiles [étaie]nt interdites par le droit international humanitaire et d[evai]ent cesser immédiatement". Côté américain, la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre a affirmé que les Etats-Unis devaient "continuer à soutenir le peuple ukrainien parce que c'est l'effroyable réalité dans laquelle il vit" au quotidien, alors que Joe Biden essaie d'obtenir du Congrès des fonds supplémentaires pour aider Kiev.

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