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Guerre en Ukraine: en parlant de situation "tendue" à Kherson, que faut-il comprendre de l'aveu du commandant de l'armée russe ?

Le général Sergueï Sourovikine a reconnu ce mardi 18 octobre que la situation est "tendue" sur le front ukrainien. L'utilisation de ce terme est une première et laisse présager d'importantes pertes de terrain, en particulier dans la région de Kherson.

Article rédigé par franceinfo
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Sergueï Sourovikine, chef des opérations en Ukraine de l'armée russe, lors d'une conférence de presse mercredi 18 octobre 2022. (RUSSIAN DEFENCE MINISTRY PRESS SERVICE / MAXPPP)

"Globalement, la situation peut être qualifiée de tendue". L'aveu vient du nouveau commandant de l'armée russe, nommé il y a dix jours. Le général Sergueï Sourovikine a pris ce mardi 18 octobre la parole lors d'une interview à la chaine de télévision publique Rossiya 24, alors que la région de Kherson venait d'annoncer l'évacuation de civils face à la menace d'un assaut ukrainien. 

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En donnant une interview à la télévision, alors que l'on ne connaissait même pas le nom de ses prédécesseurs, Sergueï Sourovikine a montré que le Kremlin lui laissait carte blanche. Le général, réputé brutal et chargé des opérations en Ukraine depuis 10 jours,, a assumé face caméra se charger de faire le sale boulot à la place des politiques, en admettant les difficultés de l'armée russe. 

Sur le terrain, l'armée russe recule dans l'Est de l'Ukraine. Mais surtout, tout semble indiquer qu'elle se prépare à perdre Kherson, la grande ville du Sud qu'elle avait annexé dès les premiers jours de l'invasion. "L'ennemi tente continuellement d'attaquer les positions des troupes russes", décrit Sergueï Sourovikine, cela concerne avant tout les secteurs de Koupiansk, Lyman et Mykolaïv-Kryvyi Rih." Des zones situées essentiellement dans le nord de la région de Kherson. 

L'armée russe a reculé de 20 à 30 km ces dernières semaines et risque de se retrouver acculée aux rives du fleuve Dniepr, qui traverse la région du nord vers le sud. "Nos plans et nos actions à venir concernant la ville de Kherson elle-même dépendront de la situation militaro-tactique à venir. Je répète, c'est déjà très difficile aujourd'hui", a déclaré le général. 

"Jusqu'à la mort"

Face à l'urgence, le chef de l'administration russe de Kherson a diffusé un message vidéo ce mardi 18 octobre sur ses réseaux sociaux. "Je vous demande de considérer mes paroles avec sérieux, et comme un appel à une évacuation d'urgence" a lancé Kirill Stremoussov, affirmant qu'il n'a pas l'intention de se rendre et de laisser la ville "aux nazis.

En direct sur la chaîne de télévision Rossiya 24, mercredi matin, Vladimir Saldo, le chef de l'administration d'occupation russe, a indiqué que l'évacuation était lancée, face à l'avancée des troupes ukrainiennes, tout en assurant que l'armée russe allait combattre sur place "jusqu'à la mort". "Dès aujourd'hui, toutes les structures de pouvoir qui se trouvent dans la ville, l'administration civile et militaire, tous les ministères, se déplacent aussi vers la rive gauche" du fleuve Dniepr qui borde Kherson, a-t-il annoncé .Les forces russes sur place indiquent ainsi vouloir évacuer plus de 50 à 60 000 personnes en six jours.

Toutefois, si le général Kirill Stremoussov a encouragé les habitants de Kherson a fuir vers l'est, il a aussi prévenu que l'approvisionnement de la ville en nourriture, eau et électricité devenait compliqué. L'administration d'occupation a ainsi publié une liste de conseils aux habitants, avec plusieurs recommandations. Les autorités russes appellent les habitants à se déplacer vers d'autres zones annexées et promettent de prendre tout en charge. 

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