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"La propagande russe leur raconte qu’ils ont été abandonnés" : les évacués d'Azovstal à Marioupol retrouvent leur liberté

Le président ukrainien espérait faire sortir 500 civils toujours bloqués dans l'usine Azovstal de Marioupol, mais seulement cinquante en sont sortis vendredi soir. C'est à Zaporijia qu'ils sont pris en charge : le centre de réfugiés accueille déjà chaque jour tous les habitants de Marioupol et des villages alentours.

Article rédigé par franceinfo - Eric Audra et Mathilde Dehimi
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une photo satellite du site d'Azovstal de Marioupol, le 3 mai 2022. (PLANET LABS PBC / AFP)

Yvan vérifie machinalement sur son téléphone s’il ne reçoit pas des nouvelles d’Azovstal. L’opération d’évacuation peut prendre fin à tout moment comme pour la première fois. "Les premiers civils sont montés dans les autobus et les militaires du régiment Azov sont alors retournés chercher les autres, raconte-t-il, des snipers russes leur ont tiré dessus, tout a été suspendu." Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait annoncé espérer sortir 500 civils toujours bloqués dans le complexe sidérurgique de Marioupol, seule poche de résistance du port du sud tenu presque en entier par l’armée russe. Mais tard dans la soirée du vendredi 6 mai, ce sont finalement cinquante personnes qui sont sorties, selon la vice-ministre ukrainienne.

Tout est prêt pour accueillir les nouvelles évacuations

A plus de 200 kilomètres de là, à Zaporijia, tout est prêt pour attendre cette nouvelle vague d’évacuations, le centre de réfugiés accueille déjà chaque jour tous les habitants de Marioupol et des villages alentours fuyant les combats. Le groupe métallurgique Azovstal y a ouvert sa cellule de crise qui accueille les salariés sortis du site : Yvan est l'un des directeurs du site de Marioupol qui a accueilli les premiers évacués. Il s’inquiète pour ceux qui sont toujours coincés à l’intérieur et prend régulièrement des nouvelles des salariés qu’il connaît, comme cet homme qui a tenté de négocier tout seul sa sortie avec l’armée russe.

"Quand les soldats russes ont appris qu’il était à la maintenance, et qu’à ce titre, il connaissait bien les voies d’approche et les tunnels, ils ont commencé à l’interroger et à le torturer en lui envoyant des chocs électriques."

Yvan un des directeurs du site Azovstal de Marioupol

à franceinfo

Le salarié est depuis sorti de l’hôpital. Le régiment Azov, principal groupe ukrainien combattant à l’usine Azovstal, accuse les soldats ruses de continuer leurs tirs d’artillerie, et demandent également l’évacuation des soldats ukrainiens blessés.

Même les réfugiés sont victimes de la propagande

Le complexe sidérurgique d'Azovstal est immense : 11 km2 de rues, de bâtiments, de sous-sols, combien sont-ils encore à l'intérieur ? Les chiffres varient : 2 000, puis 200 civils selon les autorités ukrainiennes. Pour Yvan, il est impossible de savoir. "Regardez la carte sur Google Maps ! Azovstal, c’est une ville dans la ville : dans ce complexe, il y a 45 ateliers séparés, chacun comporte un ou deux abris mais ils ne communiquent pas entre eux, si bien que personne ne sait qui se trouve dans l’abri d’à côté."

Lorsque les premiers évacués sont arrivés à Zaporijia, Azovstal a fourni à ses salariés une aide humanitaire, des psychologues mais en parlant avec ses réfugiés traumatisés, Yvan s’est aperçu qu’ils étaient aussi désinformés. "Malheureusement, ils ne sont pas au courant de ce qu’il se passe ailleurs en Ukraine, ils ne savent pas tout ce que leur employeur et leur patrie font pour les sortir de là, en parallèle, la propagande russe leur raconte qu’ils ont été abandonnés alors que c’est l’armée russe qui nous empêche de venir à leur secours." Les premiers salariés évacués se reposent aujourd’hui, pour certains dans des centres de vacances d’Azovstal.

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