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"N'y va pas, on n'a qu'une seule vie" : le moral des troupes russes au cœur d'une nouvelle guerre de l'information avec l'Ukraine

L'offensive russe dans l'est de l’Ukraine, qui a débuté lundi soir selon le président ukrainien, survient après l’échec de la prise de Kiev. Le moral des troupes russes, au plus bas, pourrait-il y être pour quelque chose ? Des témoignages commencent à le laisser penser.

Article rédigé par franceinfo - Virginie Pironon, édité par Xavier Allain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des véhicules de l'armée russes détruits à Boutcha, le 4 mars 2022. Photo d'illustration. (ARIS MESSINIS / AFP)

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé, dans la soirée du lundi 18 avril, que "les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass". Après avoir échoué à prendre Kiev, l'armée russe se concentre donc sur l'est du pays alors que le moral des troupes russes serait au plus bas. Pour le prouver, un enregistrement a été mis en ligne il y a quelques jours par les services de sécurité ukrainiens.

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Ce document est présenté comme venant d’un jeune soldat russe blessé, qui juste avant de mourir, adresse ce message à son petit frère : "Faut pas y aller. Ici, personne n’est considéré comme une personne à part entière. Il y a des gens qui meurent tout simplement et on ne ramasse même pas leurs corps. N’y va pas, même si on menace de te virer, parce qu’on n’a qu’une seule vie. Et s’ils te menacent de poursuites pour désertion ou autre… Envoie-les au diable", peut-on entendre.

Guerre en Ukraine : les services de sécurité ukrainiens diffusent le message désespéré d'un soldat russe. Le récit de Virginie Pironon

Le sentiment d'avoir été dupés

Un message à l'authenticité invérifiable qui est à inscrire à la longue liste des éléments de la guerre de l'information que se livrent les Russes et Ukrainiens, comme les accusations de "fake news" avancées par le Kremlin sur le massacre de Boutcha, ou plus récemment sur le naufrage du navire russe Moskva en mer Noire, dont le sort des marins restent inconnus. Mais qui pourraient toutefois révéler un mal-être, lui, bien plus concret : les conscrits russes, dans leur grande majorité âgés de 18 à 20 ans, se sentiraient dupés, trompés. Et ils n’hésitent plus à désobéir et à le dire aux jeunes de leur âge. “Premièrement, ils leur racontent qu’ils n’ont pas vu un seul fasciste, explique le journaliste et politicien ukrainien Dmytri Gordon. Deuxièmement, ils leur disent que l’armée ukrainienne est bien plus motivée qu’eux, et bien mieux ravitaillée. Troisièmement, ils racontent que les Ukrainiens n’ont pas peur de les tuer.” 

Ce message du jeune soldat n'est pas sans rappeler un autre : celui lu par l'ambassadeur permanent de l'Ukraine à l'ONU, le 28 février dernier, à la tribune des Nations Unies. "Maman, je suis en Ukraine. Il y a une vraie guerre ici. J'ai peur. Nous bombardons toutes les villes en même temps. Même des civils sont pris pour cible. On nous avait dit qu'ils nous accueilleraient et ils se jettent sous les roues de nos véhicules pour nous empêcher de passer. Ils nous traitent de fascistes. Maman, c'est si difficile", aurait ainsi écrit le combattant dans une série de messages adressés à sa mère, qui, selon l'ambassadeur, a "été tué".

Des moyens de pression

Résultat : certains n’obéiraient plus et si l’ordre de Staline en 1942, "pas un pas en arrière" avec des déserteurs fusillés, n’est plus d’actualité, l’armée russe dispose désormais d’autres moyens de pression. "Les commandants de régiments, de brigades et tout le ministère de la Défense, ont donné l’ordre aux banques d’établir des listes de ceux qui sont endettés, ceux qui ont des emprunts ou ceux qui ont simplement des problèmes financiers, affirme Dmytri Gordon. Le ministère de la Défense comprend qu’il y a un gros problème, que des soldats peuvent refuser de se battre."

Refuser de se battre, mais aussi refuser de s’engager : selon un spécialiste de l’armée russe, les conscrits arrivent en ce moment au terme de leur service militaire, qui dure un an. La relève est prévue pour les mois de mai et juin. Et il n’est pas du tout certain que l’armée russe puisse retrouver les mêmes effectifs, soit 150 000 hommes, qu’elle avait engagés au début de la guerre. 

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