: Reportage "Elles deviennent des guerrières" : en Ukraine, "les sorcières de Boutcha" chassent les drones russes
Alors que l’Ukraine subit depuis début novembre, des attaques de drones sans précédent de la part de la Russie, une unité de près de 90 femmes tente d’abattre les drones Shahed qui se dirigent vers la capitale, Kiev. Elles se font appeler "les sorcières de Boutcha".
Le campement est situé à quelques kilomètres de Boutcha, dans une forêt de pins. Tetiana est en plein entraînement. Treillis kaki, queue de cheval, cette mère de deux adolescents n’en revient toujours pas : "Moi, je dégomme des Shahed". "Le 5 mars 2022, mon beau-frère a été tué. Le 8, mon immeuble a été détruit. Le 13, c'est mon mari qui est mort. Le 15, mon autre beau-frère a été gravement blessé. Ma mère n'a pas tenu le coup. Elle aussi, elle est morte", indique-t-elle pour expliquer sa présence ici.
Ioulia a 37 ans, de longs cheveux blonds et les yeux bleus. Elle a quatre femmes sous ses ordres, un jour sur trois. Le reste du temps, elle s’occupe de sa fille et travaille dans son salon de manucure. "Ce sont deux mondes complètement différents, reconnaît-elle. C’est colossal. Mais ici, je me sens à ma place car dans le civil, tu ne peux pas agir, ce n’est pas entre tes mains. Ici, c’est le contraire. C’est plus facile moralement".
Le commandant de ces femmes, Andriy Verlaty, un colosse en uniforme kaki, est fier de ses recrues et il le dit à sa façon : "Impliquer les femmes dans la défense anti-aérienne est très important pour elles. Elles deviennent des guerrières. Et après, elles poursuivent leur engagement. 12 femmes de notre unité se sont engagées ces trois derniers mois dans le renseignement, comme gardes-frontières, comme opératrices de lance-missiles ou dans des brigades d’assaut."
"Les femmes remplacent les hommes, et croyez-moi, elles ont des 'couilles' plus solides que certains d’entre eux".
Andriy Verlaty, commandantà franceinfo
"Les Russes ont réveillé en nous une énergie qu’il ne fallait pas faire surgir. Nous sommes toutes devenues un peu sorcières, mais des sorcières seulement pour nos ennemis. Pour nos hommes, nous sommes des fées magnifiques", estime Ioulia. Alors qu’en Ukraine les volontaires pour la guerre se font rares, ces "fées" permettent aux autorités de concentrer les hommes sur le front.
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