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Témoignages Un mois de guerre en Ukraine : "Une fois que j’aurai mis ma famille en sécurité, j’irai me battre", raconte un rescapé de Marioupol

Article rédigé par Jérôme Jadot - Eric Audra
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Sergueï a, lui aussi, quitté Marioupol et a trouvé refuge dans ce centre pour déplacés, le 23 mars 2022. (JEROME JADOT / RADIO FRANCE)

Depuis un mois, les bombardements sont incessants sur plusieurs villes d'Ukraine, dont Marioupol. Ses habitants fuient les combats et se retrouvent dans des centres d'hébergements à quelques centaines de kilomètres de là.

Après un mois de guerre avec les troupes russes, l’accueil est bien rodé dans ce centre commercial de Zaporijia, dans l'est de l'Ukraine, désormais transformé en centre pour déplacés. Sacs de vêtements, bureaux d’enregistrements et plat chaud : Helena vient d’arriver de Marioupol, ce mercredi 23 mars 2022. Cette grande ville est l'une des plus touchées par les bombardements russes, qui l'ont vidé de la plupart de ces habitants. Il reste 100 000 personnes sur place, et qui continuent à fuir la violence, et qui voient s'éloigner la perspective d'une fin rapide du conflit.

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Ce premier mois d'affrontements a été beaucoup trop long : "On a passé 20 jours dans l’abri, avec des bombardements permanents... Le jour, la nuit, toujours. On a pensé que ça allait bientôt finir, on attendait, on attendait. Mais ça ne finissait pas." Alors, avec son fils et son mari, Helena est partie vers un avenir incertain. "On ne le veut pas, mais on croit que ça va durer. En venant ici, on a vu qu’il y a avait vraiment des Russes partout. Et on ne sait pas encore où aller. A l’étranger, on n’a pas de logement. Pour reconstruire un minimum d’infrastructures à Marioupol, franchement, ça va prendre du temps. Honnêtement, je suis perdue".

Helena et son fils sont arrivés dans un centre pour déplacés à Zaporijia, le 23 mars 2022 : ils ont fui les combats de Marioupol, en Ukraine. (JEROME JADOT / RADIO FRANCE)

Attablé à côté, Sergueï, carrure de déménageur, avale une assiette de potée. Lui aussi a quitté Marioupol, mais il a une idée plus précise de son avenir :  "Je suis militaire. J’ai déjà fait la guerre en 2014 pour l’Ukraine. Je conduis des chars. Une fois que j’aurai mis ma femme et mes enfants en sécurité, j’irai me battre", lâche-t-il. Avant de montrer un peu de nervosité. 

"Les Russes ne vont pas reculer. Donc ça va durer. Pas moins de six à huit mois, je pense. Le retrait des Russes, ça ne va pas se faire en un jour."

Sergueï,

à franceinfo

"Union du peuple ukrainien"

Même pour ces déplacés, dont la ville est en ruines, la question n’est pas de savoir si l’Ukraine va gagner, mais simplement quand. Irina Titova, psychologue, est là pour les réconforter : "C’est vraiment très dur psychologiquement. Les gens sont fatigués, très fatigués. Toute l’Ukraine s’est inquiétée pour Marioupol. Je ne pense pas que la guerre va durer. Parce qu’on a jamais vu une telle union du peuple ukrainien."

Ce centre commercial de Zaporijia, dans l'est de l'Ukraine, est désormais transformé en centre pour déplacés, notamment venus de Marioupol. (ERIC AUDRA/ RADIO FRANCE)

Un optimisme qui n’empêche pas le réalisme : depuis le 23 mars 2022, les volontaires du centre de déplacés ne viennent plus qu’un jour sur deux. Il faut préserver les équipes pour tenir dans la durée.

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