Naufrage de migrants dans la Manche : comment la France et le Royaume-Uni surveillent-ils les traversées ?
Après la mort, samedi 12 août, de six migrants qui tentaient de rejoindre le Royaume-Uni depuis la France, Rishi Sunak, a déploré une "tragédie" dans la Manche. Le Premier ministre britannique a aussi réaffirmé sa volonté de stopper les arrivées illégales sur son territoire, en travaillant avec la France à une meilleure surveillance des frontières. Celle-ci est régie par les mêmes grandes lignes depuis une vingtaine d'années et officialisée en 2004 par les accords du Touquet.
Les accords du Touquet prévoient tout d'abord que la surveillance de la frontière britannique doit se faire en France, avant les départs de migrants qui voudraient rejoindre le Royaume-Uni. Et cela fonctionne aussi dans l'autre sens, puisque la surveillance de la frontière française doit se faire depuis la Grande-Bretagne. Ces accords ont aussi mis en place des contrôles communs dans les ports maritimes des deux pays, devenus des points de passage pour les migrants. Des bureaux de contrôles d'immigration ont aussi été créés à Calais, Boulogne-sur-Mer, Dunkerque et Douvres.
200 millions d'euros de compensation à la France
Ces accords du Touquet ont depuis été mis à jour à six reprises, à chaque fois en réponse à la crise migratoire, qui a commencé dans les années 2010. Cette dernière a alors provoqué un véritable déséquilibre entre les deux pays, puisque beaucoup plus de migrants partent de la France pour aller vers le Royaume-Uni que l'inverse.
Ces mises à jour ont toutes eu pour but de renforcer le contrôle et la sécurisation de la frontière sur le territoire français. C'est-à-dire empêcher les migrations illégales et démanteler les réseaux de passeurs. En échange, les Britanniques versent une compensation financière à la France. Elle est d'environ 70 millions d'euros cette année. Selon le dernier accord, signé en mars, elle dépassera les 200 millions d'euros en 2025-2026.
Ce dernier accord prévoit également l'augmentation du nombre d'agents patrouilleurs et la création de nouveaux centres d'accueil pour les migrants. Un renforcement du contrôle sur les frontières, mais qui n'empêche pas le nombre de traversées d'augmenter.
Des dissensions depuis le Brexit
La position du Royaume-Uni a beaucoup évolué ces derniers temps, dans le contexte du Brexit. L'une des promesses de la sortie de l'Union européenne était que les Britanniques allaient reprendre le contrôle de leurs frontières. Finalement, ils sont restés dans les accords du Touquet. Mais régulièrement, ils accusent la France de ne pas faire assez pour empêcher les migrants de traverser la Manche.
En face, la France a parfois regretté le durcissement des règles d'accueil au Royaume-Uni, qui rendent difficile même l'immigration légale, le regroupement familial et l'accueil des mineurs isolés. Il y a deux ans, le gouvernement français se disait favorable à un accord à l'échelle européenne, et non plus seulement entre les deux pays, pour faire face à la situation.
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