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Présidence française de l'UE : Emmanuel Macron entend l'"utiliser pour faire avancer l'Europe mais aussi sa campagne électorale", estime un chercheur

Treize ans après sa dernière présidence, la France a de nouveau pris la tête du Conseil de l'Union européenne pour six mois. Pour Christian Lequesne, cet événement pourrait aussi devenir un argument électoral pour la présidentielle.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron entend utiliser la présidence de l'UE "pour faire avancer l'Europe mais aussi sa campagne électorale", selon Christian Lequesne. (JOHN THYS / POOL VIA AFP)

La France a pris, samedi 1er janvier, pour six mois la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne qui représente les intérêts des 27 Etats membres face à la Commission et au Parlement européens. Emmanuel Macron entend l'"utiliser pour faire avancer l'Europe mais aussi sa campagne électorale", affirme le chercheur Christian Lequesne, professeur à Sciences Po et spécialiste des questions européennes.

franceinfo : Pourquoi l'Europe a-t-elle pris une si grande place dans les vœux d'Emmanuel Macron ce 31 décembre ?

Christian Lequesne : L'engagement européen d'Emmanuel Macron est connu et ancien. Et il y a cette période de présidence française qu'Emmanuel Macron entend utiliser pour faire avancer l'Europe, certes, mais aussi pour sa campagne électorale. Il entend capitaliser sur les actions qu'il va pouvoir mener au niveau européen pour dire : "J'ai du leadership, je suis le représentant d'un grand pays qui fait avancer les choses, etc.". Ça flatte les Français. De plus, la réélection d'Emmanuel Macron est importante pour les autres capitales européennes car si un candidat d'extrême droite est élu en France. Cela a des conséquences aussi pour l'ensemble de l'Europe.

Quelles sont les grands enjeux qui attendent la France pendant ces six mois de présidence de l'Union européenne ?

Tout d'abord, six mois, ça passe très vite. Donc, il faut immédiatement nuancer l'importance de l'événement, sachant que les compromis dans l'Union se construisent souvent sur une période de plus de six mois. Mais ça permet quand même de pousser un certain nombre de questions à l'agenda. Je pense qu'il y a la réforme de Schengen qui est importante, c'est à dire notre capacité à mieux gérer les flux migratoires. La question, bien sûr, des critères pour le changement climatique, la régulation aussi de l'activité des grandes plateformes numériques. Et puis la relation avec l'Afrique.

"2022 doit être l'année d'un tournant européen", a déclaré Emmanuel Macron. Quel est ce tournant européen ?

Je crois qu'il a en tête l'idée de réformer l'Europe. Mais je ne suis pas sûr que cela ira jusqu'à une réforme des traités en raison des conséquences à gérer, notamment des ratifications, l'organisation de referenda, etc. Cependant, la configuration d'une réélection d'Emmanuel Macron et de la nouvelle coalition à Berlin permet de pousser pas mal de dossiers, d'assurer un leadership en Europe qui était plus difficile dans la période précédente. Parce que c'est toujours plus facile pour un président français d'assurer du leadership dans un deuxième mandat. Et puis, cette coalition en Allemagne avec les sociaux-démocrates, les verts et les libéraux, partage un certain nombre d'approches, notamment sur la relance de l'économie que les chrétiens démocrates allemands n'avaient pas forcément auparavant. Mais pour cela, il faut qu'Emmanuel Macron soit réélu.

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