Union européenne : la promesse d'Ursula von der Leyen d'une Commission paritaire mise à mal par les Etats membres
L'Union européenne (UE) assemble la nouvelle équipe de son exécutif. Les Etats membres ont jusqu'au vendredi 30 août pour proposer les 26 profils qui composeront la future Commission européenne. Au vu des noms déjà soumis à la présidente de l'institution, Ursula von der Leyen, réélue le 18 juillet par le Parlement après les élections européennes du 9 juin, la prochaine commission risque d'être très largement masculine.
Ursula von der Leyen, qui vise un collège de commissaires paritaire, avait pourtant demandé aux gouvernements de l'UE de lui proposer pour chaque poste deux noms, un homme et une femme, dans une lettre envoyée le 25 juillet, rappelle Euractiv. La présidente se charge ensuite de répartir les postes, un par Etat membre. Ce collège de 27 commissaires (en comptant Ursula von der Leyen) forme l'équivalent d'un gouvernement à l'échelle européenne.
Sauf que la plupart des Etats membres n'ont pas joué le jeu. Ceux qui ont déjà avancé leurs pions n'ont pour le moment proposé qu'un seul nom, le plus souvent celui d'un homme. Selon le décompte de Politico, 17 hommes figurent dans la liste, mais seulement cinq pays ont proposé des femmes : l'Estonie, l'Espagne, la Croatie, la Finlande et la Suède. De son côté, la France a soumis le nom de Thierry Breton, déjà commissaire européen lors de la précédente mandature.
"La nouvelle Commission ne doit pas être un club d'hommes"
Si tous ces noms étaient validés, cela signifierait qu'au moins 63% des commissaires sont des hommes. Un chiffre bien éloigné de la parité, alors que le nombre de députées européennes a reculé pour la première fois après les élections de juin, à 38,75% des élus, rapporte Euronews. Avant les élections européennes, la Commission comptait 14 hommes et 13 femmes.
Si Ursula von der Leyen s'est pour l'instant refusée à commenter ces chiffres, d'autres s'en indignent. "Je pense que c'est une très mauvaise nouvelle et que les Etats membres devraient faire ce qu'Ursula von der Leyen leur a demandé", a confié l'eurodéputée socialiste espagnole Lina Gálvez, à la tête du comité sur les droits des femmes, à Politico. "La nouvelle Commission ne doit pas être un club d'hommes", s'est indignée vendredi la ministre allemande des Affaires européennes, Anna Lührmann, auprès de la newsletter Berlin Playbook.
La situation peut-elle évoluer d'ici à la rentrée ? Selon les traités européens, les gouvernements n'ont pas d'autre obligation que celle de soumettre un nom à la présidente de la Commission européenne. Ursula von der Leyen pourrait tout de même s'y opposer, estime Alberto Alemanno, professeur à HEC et spécialiste de l'UE sur X, rappelant que les commissaires doivent être choisis "d'un commun accord". Il est cependant difficile d'imaginer la dirigeante s'opposer publiquement à un gouvernement national, alors que son attitude a parfois agacé les dirigeants des Vingt-Sept lors de son précédent mandat.
Les choses pourraient dès lors se jouer au Parlement, qui auditionnera dans les prochains mois les commissaires choisis par la présidente de la Commission. Il n'est pas rare que les députés, après d'intenses auditions, rejettent un ou plusieurs profils. La candidature de la française Sylvie Goulard avait par exemple été repoussée en 2019. "Les candidats hommes 'faibles' pourraient avoir du mal au Parlement européen et nombre d'entre eux pourraient être rejetés", anticipe auprès de Politico l'eurodéputé autrichien socialiste Andreas Schieder.
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