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Grèce : dix choses vues dans les rues d'Athènes, au plus fort de la crise européenne

Manifestations de tous bords, magasins en vente et touristes spectateurs... Francetv info a relevé une dizaine de signes illustratifs de la situation en Grèce.

Article rédigé par Ariane Nicolas - De notre envoyée spéciale
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
A Athènes, le 12 juillet, des manifestants brandissent un panneau en faveur du "non" au référendum (et à l'accord avec Bruxelles). (ARIANE NICOLAS / FRANCETV INFO)

Un mois de juillet 2015 historique pour la Grèce. Après avoir échoué à rembourser le Fonds monétaire international, fin juin, le pays s'est enfoncé dans la crise face à Bruxelles. Après deux semaines de négociations, et malgré un "non" massif au référendum lancé par le Premier ministre Alexis Tsipras, la Grèce a été contrainte de voter les mesures drastiques imposées par l'Eurogroupe en échange de la promesse d'une nouvelle aide financière de 86 milliards d'euros.

Cette crise sans précédent a de multiples conséquences sur la vie quotidienne des Grecs. Salaires rabotés, retraits d'argent limités, colère générale et menace d'une montée des extrêmes au niveau politique... Voici dix photos qui illustrent cette situation aussi complexe que tragique. 

Le slogan "oxi" à chaque coin de rue

Un drapeau en faveur du "non" au référendum est accroché à un balcon à Athènes (Grèce), le 13 juillet 2015. (ARIANE NICOLAS / FRANCETV INFO)

"Oxi". Ce mot s'affiche partout, en grand, en petit, de toutes les couleurs, sur les murs d'Athènes. Stigmate d'une campagne massive en faveur du "non" au référendum du 5 juillet, le slogan rappellent amèrement qu'Alexis Tsipras n'a pas été en mesure de respecter la volonté du peuple grec, qui s'était prononcé à 61,3% contre l'accord proposé par l'Eurogroupe.

Des gens perdus aux distributeurs de billets

Un employé de la Banque nationale de Grèce aide une femme à retirer de l'argent à un distributeur d'Athènes, le 14 juillet 2015. (ARIANE NICOLAS / FRANCETV INFO)

Fermées sur décision du gouvernement, les banques restent accessibles pour effectuer des retraits limités à 60 euros par jour (en théorie, car ils le sont en pratique à 50 euros, seuls billets disponibles dans la majorité des distributeurs). Problème : de nombreux Grecs n'ont jamais touché une carte bleue de leur vie. Ces adeptes du cash ont dû changer leurs habitudes ces dernières semaines et se procurer en urgence une carte de retrait. Les employés présents à l'extérieur des banques pour assurer la sécurité des clients aident aussi ceux, nombreux, qui auraient des difficultés avec la technologie.

Des transports en commun gratuits

Un message dans le métro indique que les transports publics sont gratuits à Athènes (Grèce), le 14 juillet 2015. (ARIANE NICOLAS / FRANCETV INFO)

Pour alléger les dépenses des habitants, dont les liquidités sont limitées, le ministère des Transports a rendu gratuits les transports en commun, métro, bus et tramway à Athènes et dans sa banlieue le 30 juin. Ils sont redevenus payants le 15 juillet, jour de la grève entamée par des fonctionnaires et des pharmaciens, mais pourraient redevenir gratuits sur nouvelle décision politique. 

Angela Merkel avec un casque à pointe

Caricature d'Angela Merkel dans le journal grec "L'Aube", qui lui prête ces mots, le 13 juillet 2015 : "J'ai perdu confiance en la démocratie. Je propose de négocier ce régime." (ARIANE NICOLAS / FRANCETV INFO)

L'accord arraché, lundi 13 juillet, à Bruxelles a scandalisé les Grecs. Le rôle joué par l'Allemagne, qui a imposé des mesures en faveur de la libéralisation de l'économie grecque et prévoyant plus d'austérité, est au centre des critiques. Les journaux s'en sont longuement fait l'écho, par le biais de caricatures ciblant notamment la Chancelière allemande. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes prennent le relais, et dézinguent plus précisément le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble.

Des croix gammées

Une banderole est déployée par des militants d'extrême gauche, lors d'une manifestation, le 15 juillet 2015. (ARIANE NICOLAS / FRANCETV INFO)

Entrés au Parlement en 2012, les néonazis d'Aube dorée se font discrets, dans les rues grecques. Ce qui n'empêche pas les croix gammées de fleurir dans la capitale. Sur ses banderoles, l'extrême gauche demande d'un côté "d'écraser" Aube dorée et atteint le point Godwin de l'autre en assimilant l'Union européenne au IIIe Reich. Bruxelles est perçu par les militants d'Antarsya, partisans du "Grexit", comme une entité politique fasciste, qui aurait opéré un coup d'Etat en imposant l'accord du 13 juillet.  

De nombreux magasins à vendre

Des magasins à vendre à Athènes (Grèce), le 14 juillet 2015. (ARIANE NICOLAS / FRANCETV INFO)

C'est l'un des signes les plus criants de la crise économique : les façades des magasins proposés à la vente se multiplient. La Grèce a beau avoir enregistré une croissance de 0,8% en 2014, relevant la tête pour la première fois depuis six ans, la situation reste calamiteuse avec le plus fort taux de chômage en Europe (25,6%). Selon une étude de l'Office français des conjonctures économiques, la Grèce ne devrait pas retrouver son niveau d'avant-crise avant 2020. 

Des journalistes partout

Un journaliste attend avant de faire un direct télévisé, place Syntagma à Athènes (Grèce), le 15 juillet 2015. (ARIANE NICOLAS / FRANCETV INFO)

Moment historique pour la zone euro, créée en 1999, ces négociations ont attiré des centaines de journalistes dans la capitale grecque. Lieu privilégié de ces équipes venant du monde entier : la place Syntagma, qui vibre au rythme des manifestations depuis des semaines et a été le théâtre d'affrontements, mercredi 15 juillet, au soir du vote au Parlement.

Des anarchistes qui crient "mort à la démocratie"

Un groupe d'anarchistes manifeste devant le Parlement grec, à Athènes (Grèce), le 12 juillet 2015. (ARIANE NICOLAS / FRANCETV INFO)

Les affrontements en marge du vote ont opposé forces de l'ordre et anarchistes. Trois jours plus tôt, une centaine d'entre eux défilaient devant le Parlement, masqués et cagoulés, le cas échéant une batte de baseball ou une barre de fer à la main. Les anarchistes grecs n'hésitent pas à s'en prendre directement à Syriza : l'ancien ministre des Finances Yanis Varoufakis avait ainsi été la cible de jets de verres dans un restaurant du quartier d'Exarchia, fief anarchiste d'Athènes.

Des touristes au milieu des manifestants

Des touristes assistent à la relève de la garde, devant le Parlement à Athènes (Grèce), tandis que des Grecs manifestent, le 12 juillet 2015. (ARIANE NICOLAS / FRANCETV INFO)

Malgré la crise et les éventuelles violences, les touristes n'ont pas (complètement) déserté la Grèce. Dans ce pays au riche patrimoine archéologique et aux îles paradisiaques, le tourisme est un secteur phare, puisqu'il représente 15 à 20% de la richesse du pays. Si les voyagistes évoquent des dizaines de milliers d'annulations venant d'Allemagne et de Scandinavie, ils se félicitent également d'une augmentation des réservations venant des touristes français : +10% cette année. En revanche, les réservations de dernière minute ont chuté de 30% depuis fin juin, selon le directeur de la confédération du tourisme grec.

Des habitants heureux, malgré tout

Des Grecs dansent en pleine rue près de l'Acropole, à Athènes (Grèce), le 14 juillet 2015. (ARIANE NICOLAS / FRANCETV INFO)

Croire que le pays vit en apnée serait néanmoins une erreur. Malgré les difficultés et les perspectives d'avenir toujours plus sombres, les Grecs se réservent des espaces de liberté et de plaisir, comme cette soirée dansante – gratuite – organisée près de l'Acropole. Avec le scénario d'une sortie de l'euro qui semble s'éloigner, la majorité de la population reprend son souffle... Avant de devoir se serrer un peu plus la ceinture, quand les mesures adoptées par le Parlement entreront en vigueur.

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