Chercheurs détenus en Iran : Téhéran dénonce "l'ingérence" de Paris après la convocation de son ambassadeur en France
L'anthropologue Fariba Adelkhah, spécialiste du chiisme, et Roland Marchal, spécialiste de la Corne de l'Afrique, membres du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris, sont détenus en Iran depuis le mois de juin.
Les tensions montent d'un cran entre Téhéran et Paris. Les autorités iraniennes ont dénoncé, dimanche 29 décembre, l'"ingérence" de la France dans l'affaire de Fariba Adelkhah, une anthropologue franco-iranienne détenue en Iran pour des accusations d'"espionnage".
Vendredi, les Affaires étrangères françaises ont convoqué l'ambassadeur d'Iran à Paris pour dénoncer sa détention "intolérable", ainsi que celle du chercheur français Roland Marchal en Iran. Elles ont fait part dans un communiqué de leur "extrême préoccupation" sur la situation de Fariba Adelkhah, "qui a cessé de s'alimenter, et [ont] réitéré [leur] demande d'accès consulaire". L'Iran, qui connaît par ailleurs de vives tensions avec plusieurs pays européens dont la France sur la question nucléaire, ne reconnaît pas la double nationalité.
Le communiqué du ministère français des Affaires étrangères au sujet d'une ressortissante iranienne est un acte d'ingérence. Nous considérons cette demande comme n'ayant aucune base légale.
Abbas Moussavi, porte-parole des Affaires étrangères iraniennesdans un communiqué
"La personne en question (...) a été arrêtée pour des actes d'espionnage", a ajouté Abbas Moussavi, précisant que l'avocat de la chercheuse avait été informé des détails du dossier. Quant à Roland Marchal, il est détenu pour avoir "comploté contre la sécurité nationale" et son consulat a pu avoir accès à lui "à de nombreuses reprises", a indiqué Abbas Moussavi. Son avocat est en contact avec la justice, selon lui.
Grèves de la faim et de la soif
L'anthropologue Fariba Adelkhah, spécialiste du chiisme, et Roland Marchal, spécialiste de la Corne de l'Afrique, sont tous les deux membres du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris. Ils sont détenus en Iran depuis le mois de juin.
Selon le CERI, une universitaire australienne détenue avec Fariba Adelkhah, Kylie Moore-Gilbert, a elle aussi entamé une grève de la faim. Elles ont également débuté une grève de la soif, d'après d'autres sources dont le quotidien français Le Monde. Dans une lettre ouverte adressées au Centre pour les droits humains en Iran (CHRI), basé à New York, les deux femmes universitaires ont dit avoir été soumises à de la "torture psychologique" et à des "nombreuses violations de [leurs] droits humains fondamentaux".
Qualifiant de "grotesques" les accusations iraniennes à l'encontre des deux universitaires français, certains de leurs confrères ont appelé en octobre la France à suspendre toute coopération scientifique et universitaire avec Téhéran, en signe de protestation.
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