Reportage "Leurs sacrifices ne sont pas vains" : à Paris, une marche de soutien au combat des femmes iraniennes, deux ans après la mort de Mahsa Amini

Des centaines de personnes ont manifesté dimanche dans la capitale pour soutenir les femmes iraniennes qui défendent leurs droits, malgré la répression de Téhéran.
Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des personnes manifestent dimanche 15 septembre 2024 à Paris, lors d'une marche marquant les deux ans de la mort de Mahsa Amini en Iran. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Deux ans après la mort de Mahsa Amini, cette jeune femme arrêtée pour n'avoir pas porté correctement son voile, le combat des femmes iraniennes pour la liberté continue, malgré la répression. 34 détenues viennent d'entamer en Iran une grève de la faim, depuis leur prison. Et dimanche 15 septembre dans Paris, des centaines de personnes ont manifesté pour les soutenir.

"Femme, vie, liberté !" Le slogan est partout dans le cortège. Mehan, réfugiée en France depuis plusieurs années, en a fait une pancarte. "L'Iran, ça reste aussi mon pays, ça me fait mal de les voir comme ça. Depuis la révolution de Mahsa, les femmes se mettent encore plus en danger en enlevant le voile. Moi, je me suis fait arrêter pour le voile, juste pour être avec un copain, juste parce qu'on n’était pas mariés. C’est dur tous les jours."

Une petite fille devant une pancarte avec le slogan scandé pendant la manifestation, dimanche 15 septembre 2024 à Paris. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Et c'est depuis leur prison d'Evin, à Téhéran, que les femmes détenues politiques sont devenues des symboles de cette résistance. Parmi celles qui entament une grève de la faim, la prix Nobel de la paix Narges Mohammadi. Son fils Ali Rahmani, 17 ans, explique que le régime iranien lui impose une "torture blanche" : "Le fait de l'isoler à tout prix pour pouvoir espérer la faire craquer psychologiquement, décrit-il par exemple. Le fait qu'une mère ne puisse pas entendre la voix de ses enfants, c'est une torture déjà en soi. Depuis le prix Nobel, elle est complètement isolée."

"Cela fait deux ans qu'on n’a plus de contact avec elle, neuf ans qu'on n'a pas pu prendre notre mère dans nos bras."

Ali Rahmani, fils de Narges Mohammadi

à franceinfo

"Son état nous inquiète énormément, poursuit-il, c'est extrêmement difficile de se réveiller un matin en se disant que peut-être aujourd'hui ma mère peut mourir. Mais elle a de la chance, elle est connue. La République islamique d'Iran ne peut pas la tuer. D'autres n'ont pas cette chance, comme Ebrahim Babaei. On n'a aucune nouvelle d'eux."

Trois Français toujours détenus en Iran

"Soyez fiers de votre mère Narges Mohammadi comme nous sommes fiers des femmes et des hommes d'Iran. Leurs sacrifices ne sont pas vains", lance Chirinne Ardakani, membre du collectif d'avocats Iran Justice. Elle assure que leur combat fait changer les mentalités dans le pays et que beaucoup d'hommes soutiennent pleinement la lutte des femmes pour la liberté.

L'ancien otage français Louis Arnaud prend la parole à son tour. Il a été libéré en juin après deux ans en Iran. "J'étais en prison, mais ce fut un honneur d'être parmi vous, combattants de la liberté qui avez partagé mes peines. Et si mon sort a permis d'attirer la lumière sur votre lutte, alors me voilà heureux, car mes souffrances n'auront pas été vaines." Trois autres Français sont toujours détenus en Iran, aux côtés de milliers de prisonniers politiques.

À Paris, une marche de soutien au combat des femmes iraniennes, deux ans après la mort de Mahsa Amini. Reportage d'Agathe Mahuet

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