Attaque du Hamas : quelle est la situation à Gaza depuis le début de la contre-offensive israélienne ?
L'opération "Sabre de fer" répond au "déluge d'Al-Aqsa". Plus de quarante-huit heures après l'attaque surprise déclenchée par le Hamas, l'armée israélienne poursuit sa contre-offensive, lundi 9 octobre. Après avoir annoncé la reprise des localités attaquées sur son sol, l'armée israélienne concentre sa riposte sur la bande de Gaza, territoire contrôlé par le Hamas.
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En trois jours, ces hostilités ont fait plus de 1 200 morts : au moins 700 côté israélien et 560 côté palestinien. Quelque 2 900 habitants de la bande de Gaza ont également été blessés. Voici ce que l'on sait de la situation dans l'enclave palestinienne.
Des frappes aériennes intenses
"Tous les endroits où le Hamas se cache, d'où il opère (…) nous allons en faire des ruines", a prévenu Benyamin Nétanyahou. Après l'attaque menée par le groupe terroriste palestinien, qui dit avoir tiré plus de 5 000 roquettes en direction d'Israël pendant que ses combattants au sol visaient des civils et des positions militaires, Tsahal mène une riposte par les airs. Dans la nuit de dimanche à lundi, des missiles israéliens ont visé près de 500 cibles identifiées comme appartenant au Hamas et au Jihad islamique dans la bande de Gaza. Sept centres de commandement du Hamas et un du Jihad islamique ont notamment été touchés.
Le ministre de l'Intérieur palestinien a, de son côté, assuré que ces frappes avaient atteint des "tours, des bâtiments résidentiels, des infrastructures civiles et de services publics ainsi que de nombreuses mosquées". Son homologue de la Santé a de son côté dénoncé des bombardements délibérés sur des hôpitaux et des équipes médicales. Des tunnels ont en outre été détruits lors de cette riposte.
Les opérations menées par Tsahal sont rendues particulièrement délicates par la présence de dizaines d'Israéliens et d'étrangers retenus comme otages dans la bande de Gaza. Quatre "prisonniers" du Hamas ont ainsi été tués par les raids israéliens, a déclaré la branche armée du mouvement islamiste dans un communiqué publié lundi. Des villes israéliennes ont continué à être visées par des missiles palestiniens : des alertes aux tirs de roquettes, suivies de détonations, ont notamment retenti notamment à Jérusalem-Est, lundi midi.
"Un siège complet" de la bande de Gaza imposé par Israël
"Pas d'électricité, pas de nourriture, pas de gaz". Le ministre de la Défense israélien a annoncé lundi imposer dès à présent un "siège complet" aux habitants de la bande de Gaza. "Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence", a poursuivi Yoav Gallant. Israël a également ordonné l'arrêt "immédiat" de l'approvisionnement en eau de la bande de Gaza, alors que le pays fournissait 10% de la consommation annuelle du territoire palestinien.
Le Programme alimentaire mondial s'est dit "profondément inquiet" des difficultés d'accès aux produits alimentaires de base dans les zones touchées par les frappes, réclamant "un accès humanitaire sécurisé" pour distribuer de la nourriture aux personnes déplacées ou se trouvant dans des refuges. "Alors que la plupart des magasins dans les zones touchées en Palestine conservent des stocks de nourriture pour un mois, ceux-ci risquent d'être rapidement épuisés, car les gens achètent de la nourriture par crainte d'un conflit prolongé", a indiqué l'organisation dans un communiqué.
Ce "siège" annoncé laisse craindre que "[Benyamin] Nétanyahou va anéantir" Gaza, a déclaré sur franceinfo Hala Abou Hassira. L'ambassadrice et cheffe de la mission de Palestine en France a qualifié la vie dans ce territoire de "prison à ciel ouvert depuis 17 ans". "Nous craignons un massacre", a-t-elle ajouté.
Plus de 120 000 Palestiniens déplacés
Benyamin Nétanyahou a mis en garde les habitants de l'enclave contre une guerre "longue et difficile" et appelé les résidents de certaines zones de Gaza à les quitter. D'après les chiffres de l'ONU, la guerre a déjà poussé plus de 123 000 Palestiniens à se réfugier dans des lieux jugés plus sûrs à l'intérieur de cette langue de terre exiguë, où vivent 2,3 millions de personnes.
L'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens a d'ores et déjà recensé 74 000 Gazaouis venus se réfugier dans ses abris. Une de ses écoles, qui abritait plus de 225 réfugiés, a été "gravement endommagée" par une frappe israélienne dimanche, sans faire de victime, d'après cette source.
Les réservistes mobilisés, une offensive terrestre redoutée
Environ "300 000 réservistes ont été rappelés [lors des] 48 heures" qui ont suivi le déclenchement de l'offensive du Hamas, a fait savoir l'armée israélienne lundi en milieu de journée.
Près de 100 000 soldats et réservistes israéliens sont d'ores et déjà postés le long de la frontière avec Gaza. Ces forces ont été mobilisées pour combattre les combattants du Hamas et reprendre selon Tsahal le "contrôle" des localités du sud d'Israël attaquées depuis samedi, mais leur présence laisse craindre aux Gazaouis une offensive terrestre. Signe d'une grande tension dans le secteur, l'armée israélienne a déjà fait évacuer tous les habitants aux alentours de Gaza.
L'UE suspend son aide au développement aux Palestiniens
L'isolement de Gaza pourrait encore se renforcer. L'Union européenne a annoncé, par la voix de l'un de ses commissaires européens, suspendre l'aide au développement pour les territoires palestiniens. "Tous les paiements immédiatement suspendus, tous les projets réexaminés, tous les budgets concernant des projets, y compris pour 2023, reportés jusqu'à nouvel ordre, réévaluation de tout le programme", a fait savoir Oliver Varhelyi, commissaire hongrois en charge du voisinage et de l'élargissement, sur X (ex-Twitter).
L'UE est l'un des plus importants soutiens financiers aux Palestiniens. Elle envisageait de dépenser quelque 1,2 milliard d'euros entre 2021 et 2024 pour financer des projets, notamment dans l'éducation ou la santé. Un porte-parole de la Commission a toutefois souligné que l'UE ne finançait pas, "directement ou indirectement", le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza et considéré par l'Union européenne comme une organisation terroriste.
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