En images "Il faut que le monde voie l'ampleur des horreurs" : un an de guerre entre Israël et le Hamas vu par sept photojournalistes israéliens et palestiniens

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
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Temps de lecture : 17 min
L'attaque de commandos du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023 a entraîné une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza. (GIL COHEN-MAGEN / OREN ZIV / AMIR LEVY / MAHMUD HAMS / OMAR AL-QATTAA / BASHAR TALEB / MOHAMMED ABED / AFP / GETTY IMAGES / PAULINE LE NOURS / FRANCEINFO)
A travers leurs photos sur le terrain, ils racontent un conflit pour l'heure sans issue, qui a déjà fait près de 42 000 morts palestiniens et plus de 1 200 morts israéliens.

Sans leur travail, nous ne connaîtrions pas l'ampleur de cette guerre menée à huis clos. Depuis le 7 octobre 2023 et les attaques du Hamas en Israël, des photojournalistes israéliens et palestiniens documentent les combats sanglants entre l'armée de l'Etat hébreu et le groupe islamiste. Dans l'enclave palestinienne, où presque aucun journaliste étranger n'a été autorisé à entrer, les photographes palestiniens témoignent de la situation humanitaire tragique au péril de leur vie. Plus de 130 professionnels ont été tués par l'armée israélienne, dont au moins 32 dans l'exercice de leurs fonctions, selon le bilan donné par Reporters sans frontières à franceinfo.

Pour se protéger, "nous travaillons en groupe, nous essayons d'être les plus visibles possible, nous portons des vestes et des casques" avec l'inscription "presse", témoigne Mahmud Hams, photoreporter pour l'Agence France-Presse (AFP), lauréat du Visa d'or 2024. Après douze longs mois d'un conflit qui a déjà fait près de 42 000 morts côté palestinien et plus de 1 200 morts côté israélien, "j'ai l'âme et la conscience épuisées", ajoute son collègue Mohammed Abed, nommé par The Guardian comme l'un des meilleurs photographes de presse en 2015.

De l'autre côté de la frontière, les photographes israéliens ont témoigné de la barbarie des attaques du 7-Octobre, de la souffrance des familles des otages et de la colère des citoyens face au Premier ministre, Benyamin Nétanyahou. Franceinfo a sélectionné les photos de sept professionnels, qui racontent les histoires derrière l'image.

L'horreur dans les kibboutzim vue par le photographe israélien Gil Cohen-Magen 

Gil Cohen-Magen, 53 ans, est originaire de Modiin, une ville située à 30 kilomètres à l'est de Jérusalem. Photographe indépendant, il travaille essentiellement pour l'AFP et a collaboré avec plusieurs journaux israéliens, dont Haaretz. Au lendemain du 7-Octobre, il s'est rendu dans les kibboutz détruits par le Hamas et a accompagné l'armée israélienne dans la bande de Gaza.

Des soldats israéliens marchent sur les lieux du festival Supernova, à Reim en Israël, le 5 novembre 2023, où le Hamas a mené une attaque un mois plus tôt. (GIL COHEN-MAGEN / AFP)

"Je me suis rendu sur les lieux du Supernova festival trois semaines après l'attaque du Hamas. Le site était bouclé et surveillé par l'armée israélienne. Les combattants palestiniens étaient encore recherchés. Je me suis faufilé à l'intérieur et l'armée m'a autorisé à prendre quelques photos rapidement. C'était très important pour moi de montrer ce qu'il s'était passé. Les objets que les victimes avaient dû abandonner étaient entassés : des chaussettes, des bouteilles d'eau, des tentes, du matériel pour pique-niquer, des sacs, de l'argent... Ces affaires ont ensuite été envoyées à Tel-Aviv pour être récupérés par leurs propriétaires ou leurs proches."

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Des traces de sang dans une maison du kibboutz de Nir Oz, détruite par le Hamas le 7 octobre, montrée par l'armée israélienne à la presse, le 31 octobre 2023. (GIL COHEN-MAGEN / AFP)

"Cette photo a été prise à l'intérieur d'un refuge du kibboutz de Nir Oz. Plus de seize personnes s'étaient mises à l'abri dans cette pièce quand le Hamas a débarqué. Ils ont fait exploser la porte, puis ont lancé des grenades à l'intérieur. Aucune personne n'a survécu. Sur le mur, il y avait une trace de main ensanglantée, probablement celle d'un adolescent. Le sang n'était pas encore sec quand je suis arrivé, c'était terrifiant."

Des soldats ouvrent un conteneur réfrigéré dans lequel se trouvent les corps de victimes des attaques du Hamas, à Ramla (Israël), le 26 octobre 2023. (GIL COHEN-MAGEN / AFP)

"Les corps des victimes du 7-Octobre ont été emmenés dans une morgue à Ramla, une ville près de Tel-Aviv. L'armée a fait venir la presse pour nous les montrer. Les militaires ont ouvert un grand conteneur réfrigéré, renfermant des corps de bébés, d'enfants, d'adolescents. L'odeur était terrible, on ne nous a pas donné de masque exprès pour que nous nous en rendions compte. C'était extrêmement difficile d'assister à ça. Certaines personnes étaient méconnaissables, avaient été brûlées dans leur voiture, leur maison. Tout le monde était très silencieux, personne ne voulait parler."

La douleurs des proches des otages du Hamas capturée par le photographe israélien Oren Ziv

Oren Ziv, 39 ans, est photoreporter depuis vingt ans. Il travaille pour les médias israéliens indépendants de gauche +972 et Local Call. Il travaille également pour l'AFP et l'agence de photographie Getty Images. Il a fondé le collectif de photojournalistes Activestills, qui documente l'actualité sociale et politique en Israël, dans les territoires palestiniens et à l'étranger. 

Le père d'Almog Sarusi (au centre), otage tué par le Hamas, s'exprime durant les funérailles de son fils à Raanana, en Israël, le 1er septembre 2024. (OREN ZIV / AFP)

"J'ai pris cette photo lors des funérailles d'Almog Sarusi, l'un des six otages récupérés par l'armée israélienne au début du mois de septembre. Le fait qu'ils soient encore en vie quelques heures avant que l'armée ne les retrouve a déclenché des manifestations massives à travers Israël. Depuis le 7-Octobre, nous couvrons des funérailles tous les jours, mais celles-ci ont été parmi les plus difficiles. Je me souviens des paroles de Nurit, la mère : 'Le 7-Octobre, tu as été négligé, une négligence continue, chaque jour, chaque heure, 331 jours. Tu as été sacrifié pour détruire le Hamas, pour Rafah, le corridor de Philadelphie, toi et tant d'autres belles âmes... Assez, plus jamais. Nous avons payé le pire prix, j'espère que nous serons les derniers.'"

Des ultraorthodoxes juifs bloquent une route à Bnei Brak en Israël, pour contester leur conscription au sein de l'armée israélienne, le 1er avril 2024. (OREN ZIV / AFP)

"J'ai pris cette photo lors d'une manifestation contre l'enrôlement dans l'armée des juifs ultraorthodoxes, dans la ville de Bnei Brak, près de Tel-Aviv. Les manifestations sont toujours visuellement intéressantes : des gens vêtus de noir face aux policiers. Mais pour moi, ce qui est tout aussi captivant, c'est l'histoire derrière la photo. La lutte contre l'enrôlement des étudiants des yeshivas [écoles juives] dure depuis des décennies, mais cette année, elle a atteint un point critique, car la Cour suprême a décidé qu'ils devaient être incorporés. Pour beaucoup d'entre eux, cette décision est une façon de nuire à leur mode de vie. Lors des manifestations, des centaines de personnes s'assoient sur la route et, malgré la présence policière, elles restent jusqu'à ce que les rabbins mettent fin au rassemblement."

Les obsèques d'enfants druzes photographiées par le journaliste israélo-américain Amir Levy

Photojournaliste indépendant, Amir Levy, 43 ans, travaille pour des journaux nationaux et internationaux et pour Getty Images. Son travail se concentre sur les questions sociales et environnementales et sur la couverture des luttes communautaires. 

Les funérailles de dix des jeunes victimes de l'attaque à la roquette à Majdal Shams, sur le plateau du Golan, le 28 juillet 2024. (AMIR LEVY / GETTY IMAGES EUROPE)

"Je suis arrivé dans le village druze de Majdal Shams, sur le plateau du Golan, pour couvrir les funérailles de dix jeunes tués lors d'une frappe. Selon la tradition druze, les cercueils étaient exposés dans la maison communautaire du village, où les femmes pleuraient et faisaient leurs adieux. Je savais que les hommes viendraient ensuite porter les cercueils dehors, alors j'ai cherché un endroit pour avoir une vue sur tous les cercueils. Les habitants du village ont été très serviables, et l'un d'eux m'a invité sur son balcon. Ils ont récité une courte prière puis entamé une marche vers le cimetière. Majdal Shams est un petit village, et presque tout le monde connaissait un enfant tué. On avait vraiment l'impression que ce jour pouvait être un tournant dans la guerre. Mais avec le recul, peu de choses ont changé."

Un piano dans les ruines d'une maison détruite par le Hamas, dans le kibboutz de Beeri en Israël, le 24 juin 2024. (AMIR LEVY / GETTY IMAGES EUROPE)

"Je me suis promené dans les ruines du kibboutz Beeri, les maisons étaient brûlées et abandonnées. Cela m'a rappelé ma première visite dans ce kibboutz, quelques jours après le 7-Octobre, alors que l'odeur des corps en décomposition était forte, qu'il y avait des taches de sang partout, et que des soldats choqués s'activaient. Le jour où j'ai pris cette photo, tout était mystiquement calme, personne n'était là, juste ce sentiment pesant de mort. Je ne sais pas à qui appartient ce piano, mais je peux imaginer la musique qui résonne encore."

Les visages défigurés d'enfants gazaouis, figés par le photographe palestinien Mahmud Hams

Mahmud Hams, 44 ans, travaille depuis 21 ans pour l'Agence France-Presse et a grandi à Gaza. "J'y ai vécu toutes les guerres, tous les conflits. Mais cette guerre est différente des autres, sans équivalent depuis le premier jour", témoigne-t-il auprès de l'agence. Mahmud Hams a documenté la guerre jusqu'au mois de février 2024, avant d'être évacué au Qatar. "J'espère que les photos que nous prenons disent au monde que cette guerre et les souffrances doivent prendre fin." L'un de ses clichés, visible ci-dessous, montre les visages mutilés d'enfants gazaouis tués par des frappes israéliennes. Il a reçu le premier prix dans la catégorie "story news" du festival de la photo d'Istanbul (Turquie) en 2024.

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Les corps d'enfants palestiniens morts à la suite d'un bombardement israélien dans la ville de Gaza, le 22 avril 2024. Photo récompensée au festival de la photo d'Istanbul. (MAHMUD HAMS / ANADOLU / AFP)

"Ce matin-là à l'hôpital al-Aqsa à Deir el-Balah, il y avait environ 80 corps allongés par terre. Tous venaient de la même famille et s'étaient réfugiés dans la même maison. Ils ont été tués lors d'une frappe israélienne en pleine nuit. Je me souviens parfaitement du visage de ces enfants, ils devaient avoir entre 5 et 10 ans. Ils avaient le visage défiguré, c'était très difficile à voir. Les secouristes essayaient de les nettoyer, de les couvrir. Certaines parties du corps de ces enfants étaient manquantes."

Afnan Jibril (au centre) et Mustafa Shamlakh (à gauche) fêtent leur mariage entourés d'invités dans une école de l'UNRWA à Rafah, le 12 janvier 2024. (MAHMUD HAMS / AFP)

"Je devais aller photographier des prisonniers palestiniens libérés dans une école de l'UNRWA [l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens], proche de Rafah. Quand je suis arrivé, des gens m'ont dit qu'un mariage était organisé à l'intérieur. A Gaza, les mariages sont traditionnellement des grandes fêtes, les femmes portent des robes blanches, les hommes des costumes noirs, les gens dansent... Ici, les gens essayaient d'être heureux malgré les circonstances terribles. Cette photo représente un espoir de vie."

La bande de Gaza frappée par la famine, racontée par le photographe palestinien Omar al-Qattaa

Marié et père de deux enfants, Omar al-Qattaa, 34 ans, vit dans le nord de la bande de Gaza. Il est photographe indépendant et travaille pour plusieurs agences de presse internationales, dont l'AFP. "J'ai photographié de nombreuses attaques et massacres, prenant souvent des risques lors des prises de vue", décrit-il.

Des Palestiniens tendent leurs assiettes pour recevoir un repas préparé par des volontaires à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 14 août 2024. (OMAR AL-QATTAA / AFP)

"Alors que la famine sévit dans la bande de Gaza, des Palestiniens essayent d'obtenir de la nourriture dans l'une des cantines gratuites de Beit Lahia, au nord du territoire. Les enfants et les femmes se bousculent et pleurent car ils craignent que les stocks ne s'épuisent avant de pouvoir être servis."

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Sahar, une femme palestinienne, porte son fils de 19 ans, Bahaa al-Nimr, qui souffre de paralysie cérébrale et de malnutrition, à Sheikh Radwan, un quartier de la ville de Gaza, le 2 juillet 2024. (OMAR AL-QATTAA / AFP)

"Bahaa al-Nimr, 19 ans, vit dans le quartier de Sheikh Radwan, au nord de la ville de Gaza. Il est atteint de paralysie cérébrale. En raison de la famine, il souffre de malnutrition et ne pèse que 18 kilos. Sa mère, Sahar, m'a raconté tout ce qu'elle endure pour le soigner. Elle pleurait et me disait qu'elle était incapable de nourrir son fils. Elle n'a que du miel et du lait, et les médicaments dont a besoin Bahaa sont de plus en plus rares. La famille ne peut pas aller se faire soigner à l'étranger en raison de la fermeture des points de passage imposée par l'armée israélienne."

Des hommes se recueillent devant la dépouille du reporter d'Al-Jazeera Ismail al-Ghoul, tué avec son cameraman Rami al-Refee lors d'un bombardement israélien dans le camp de réfugiés d'al-Shati, le 31 juillet 2024. (OMAR AL-QATTAA / AFP)

"Cette photo a été prise lors de la prière funéraire pour le journaliste d'Al Jazeera Ismail al-Ghoul, à l'hôpital Al-Maamdani, dans la ville de Gaza. Il a été tué par l'armée israélienne alors qu'il travaillait dans le camp d'Al-Shati, au côté du journaliste Rami al-Rifi. Sa mort m'a beaucoup touché. C'était mon collègue et nous sommes peu nombreux, particulièrement dans le Nord. L'armée israélienne ne fait pas de distinction entre un journaliste, un médecin ou un citoyen. Nous sommes tous ses cibles."

L'insoutenable quotidien des Gazaouis vu par le photographe palestinien Bashar Taleb

Bashar Taleb, 35 ans, travaille pour l'AFP. Il a également collaboré avec plusieurs ONG et institutions, comme l'Oxfam, l'UNRWA et l'Union européenne. Avant le début de la guerre, il a travaillé comme photographe pour la société Jawwal et la société de télécommunications palestinienne.

Des Palestiniennes pleurent la mort de plusieurs membres de la famille Abu Taha, près de l'hôpital Nasser à Khan Younes, le 22 juillet 2024. (BASHAR TALEB / AFP)

"La photo a été prise à l'hôpital Nasser, à Khan Younès. La fille en vert pleure et crie parce qu'on est en train d'emmener le corps de sa mère pour l'enterrer au cimetière. Derrière elle, ses tantes essayent de la retenir pour qu'elle ne s'accroche pas au corps de sa mère. C'était un moment vraiment très émouvant. Je me suis rapprochée d'elle pour capter l'émotion. Le moment de l'adieu aux martyrs est toujours très triste, je suis toujours très touché, j'ai souvent les larmes aux yeux."

Des enfants palestiniens assis derrière les barreaux de l'ancienne prison centrale d'Asdaa dans la bande de Gaza, transformée en refuge, le 14 août 2024. (BASHAR TALEB / AFP)

"Des enfants sont assis à la fenêtre de l'une des cellules de la prison centrale d'Asdaa, à Khan Younès. La prison a été transformée en refuge pour personnes déplacées, des familles entières vivent dans des cellules autrefois réservées aux criminels. En entrant dans le bâtiment, j'ai aperçu ces enfants et je les ai photographiés avec un objectif longue distance. Ils vivent dans des conditions très difficiles, dans l'insécurité et l'instabilité permanente."

L'artiste palestinien Ahmad Mhanna peint sur du carton provenant des colis d'aide humanitaire, à Deir el-Balah, le 26 juillet 2024. (BASHAR TALEB / AFP)

"Ahmad Mhanna, 40 ans, est professeur d'arts au Centre culturel de la ville de Gaza. Il peint sur les cartons d'aide humanitaire avec le peu de peinture qu'il lui reste. A travers son art, il appelle à la fin de la guerre et dépeint les douleurs et les tragédies que vivent les personnes déplacées. Il a espoir qu'une organisation puisse lui fournir un lieu et du matériel pour qu'il puisse continuer à enseigner la peinture aux enfants et aux adolescents. Mais avec la fermeture des points de passage, c'est très difficile d'obtenir du matériel."

Le sauvetage d'un nouveau-né gazaoui, saisi par le photographe palestinien Mohammed Abed

Photographe professionnel depuis bientôt 25 ans, Mohammed Abed, 56 ans, a travaillé pour l'agence Reuters avant de rejoindre l'AFP. A travers ses photos, il cherche à montrer l'adversité des humains lors des guerres. Il a obtenu des prix prestigieux, comme le World Press Photo Prize dans la catégorie reportage en 2009-2010.

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Un médecin palestinien soigne le bébé de Sabreen al-Sakani, grièvement blessée lors d'une frappe aérienne israélienne à Gaza le 20 avril 2024. La petite fille, seule survivante de sa famille, a été sauvée par césarienne alors que sa mère mourait. (MOHAMMED ABED / AFP)

"J'étais à l'hôpital koweïtien de Rafah lorsqu'une femme enceinte est arrivée grièvement blessée, après que sa maison a été bombardée par l'armée israélienne. Un médecin a réussi à sauver son bébé alors qu'elle était en train de mourir. C'était terrifiant : il y avait à la fois les cris du nouveau-né qui arrivait au monde, et les derniers souffles de sa mère. J'ai l'impression ici que la vie n'a plus de valeur. En tant que journaliste, on travaille toujours dans un état de choc, l'âme et la conscience épuisées. Mais il faut que le monde voie l'ampleur des horreurs commises sur les habitants de la bande de Gaza."

Le chef du bureau d'Al Jazeera à Gaza, Wael Al-Dahdouh, pleure avec sa fille lors des funérailles de son fils, Hamza Wael Dahdouh, également journaliste et tué par une frappe israélienne, le 7 janvier 2024 à Rafah. (MOHAMMED ABED / AFP)

"Mon collègue, le journaliste Wael al-Dahdouh, correspondant d'Al Jazeera, serre sa fille dans ses bras lors des funérailles de son fils, Hamza, mort en martyr à l'hôpital Al-Najjar, à Rafah. La scène était extrêmement émouvante. J'ai pris cette photo en pleurant, après avoir embrassé mon collègue et demandé sa permission pour documenter ce moment. Imaginez-vous à sa place, imaginez l'immense souffrance qu'il doit supporter. Mes collègues journalistes autour de moi pleuraient et ont cessé de prendre des photos. C'était la deuxième fois que Wael disait adieu à l'un de ses enfants."

Des enfants palestiniens déplacés jouent avec un câble électrique hors de fonctionnement entre la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte, à Rafah, le 16 février 2024. (MOHAMMED ABED / AFP)

"A Rafah, le long de la frontière avec l'Egypte, des enfants jouent avec des fils électriques qui ne fonctionnent plus, car tout le réseau a été détruit par les bombardements israéliens. Ces enfants continuent de s'amuser malgré leur exil, la peur, et les frappes constantes. J'ai pris cette photo alors que je me dirigeais en voiture vers le camp de réfugiés d'al-Mawasi. Le contraste entre la légèreté du jeu et le bruit des avions, des explosions, était saisissant."

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