Guerre entre Israël et le Hamas : neuf images qui illustrent l'ampleur de la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza
Des frappes israéliennes continuent de s'abattre sur Gaza, malgré les appels au cessez-le-feu. L'armée israélienne a annoncé, dimanche 5 novembre, mener des "frappes significatives" dans l'enclave palestinienne de 2,23 millions d'habitants. Pour la troisième fois en un mois, l'accès à internet et les communications par téléphone ont été coupées, d'après l'opérateur palestinien Paltel. Face à la gravité des conséquences humaines et matérielles du conflit, les principales agences des Nations unies ont appelé lundi à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat". Un mois après les attaques terroristes menées par le Hamas en Israël, point de départ de l'épisode le plus meurtrier du conflit israélo-palestinien, franceinfo revient à travers neuf photographies sur la catastrophe en cours à Gaza. Plusieurs de ces images peuvent heurter la sensibilité de certains lecteurs.
Un déluge de feu après les attentats
Le 7 octobre, les attaques terroristes du Hamas en Israël plongent l'Etat hébreu et la bande de Gaza, dirigée par l'organisation islamiste, dans une nouvelle escalade meurtrière. En représailles aux attentats, qui ont fait plus de 1 400 morts, l'armée israélienne mène sans attendre plusieurs frappes aériennes dans l'enclave palestinienne. La "tour Palestine", un ensemble de trois immeubles de dix étages dans la ville de Gaza, est totalement détruite. "Tous ces endroits où le Hamas se cache, (...) nous allons en faire des ruines", prévient Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien. Dans les jours qui suivent, Tsahal tire vers Gaza toutes les 30 secondes et 4 000 tonnes d'explosifs s'abattent sur le territoire palestinien.
Des destructions massives
Les frappes de l'Etat hébreu laissent derrière elles des paysages de dévastation, comme ici dans la ville de Gaza, le 11 octobre. Depuis le début de la guerre, au moins 40 000 habitations ont été détruites et plus de 220 000 ont été partiellement endommagées, d'après les autorités gazaouies. Des données reprises par le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), dans son dernier point de situation sur le conflit, dimanche 5 novembre. "Au moins 45% des habitations à Gaza ont été visiblement détruites ou endommagées", alerte l'agence onusienne. Celle-ci ajoute qu'au moins 258 établissements scolaires ont été touchés.
Un bilan humain extrêmement lourd
Des habitants de la bande de Gaza se sont recueillis devant plusieurs dizaines de corps de victimes des bombardements, à Deir al-Balah, dans le centre de l'enclave palestinienne, lundi 6 novembre. Ce même jour, le ministère de la Santé de la bande de Gaza, administré par le Hamas, a affirmé que plus de 10 000 personnes étaient mortes en un mois sous les bombes de l'armée israélienne. Cette même source faisait état, la veille, d'au moins 24 808 blessés depuis le début des hostilités. Des bilans que franceinfo ne peut étayer, faute de source sur place. Dans son dernier point de situation, l'OCHA ajoute que, d'après le ministère de la Santé du Hamas, plus de 2 260 personnes sont portées disparues dans la bande de Gaza, parmi lesquelles 1 270 enfants. "La plupart seraient coincées sous les décombres", souligne l'agence.
Les enfants premières victimes du conflit
Dans un territoire où près de la moitié de la population est mineure, les enfants sont les premiers affectés par les hostilités. "Gaza est devenue un cimetière pour enfants", a dénoncé le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) fin octobre. Selon le ministère de la Santé gazaoui, dirigé par le Hamas, plus de 4 000 enfants ont péri dans les frappes qui touchent la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Les mineurs et les femmes gazaouies – au moins 2 550 sont mortes en un mois – représentent 67% des victimes, d'après les autorités. Plus de 1 000 familles gazaouis ont perdu plusieurs proches dans ce conflit. Près de 200 foyers palestiniens à Gaza ont même perdu plus de 10 membres de leur famille, d'après les données du ministère de la Santé reprises par l'ONU, mais que franceinfo ne peut confirmer.
Les secours rendus impuissants
Dans les quartiers bombardés, les secouristes palestiniens mènent un travail de plus en plus complexe. Comme le rapporte le média suisse RTS, certaines routes ne peuvent plus être empruntées du fait des frappes et les zones d'intervention sont particulièrement dangereuses. "Avant, les zones ciblées n'étaient frappées qu'une seule fois. Aujourd'hui, une même zone peut être frappée trois fois", témoigne un secouriste du Croissant-Rouge palestinien auprès de RTS. Selon lui, les secours ne peuvent rester trop longtemps sur un même lieu tant les frappes sont fréquentes et les victimes nombreuses.
Des combats au sol en plus des frappes
Fin octobre, la guerre est entrée dans "une nouvelle phase", a assuré Yoav Gallant, ministre de la Défense israélien. Dans la nuit du 27 au 28 octobre, l'armée israélienen a intensifié ses frappes sur la bande de Gaza et s'est engagée dans des combats au sol contre le Hamas. Gaza est devenu un "champ de bataille", a prévenu Tsahal, tout en ordonnant aux habitants de "partir immédiatement" vers le sud de l'enclave. Au cours de cette nuit, les communications et l'accès à internet ont été coupés. D'après Tsahal, au moins 30 soldats israéliens sont morts depuis les débuts de l'opération terrestre à Gaza.
Plus d'un million de déplacés
Mi-octobre déjà, l'armée israélienne a ordonné l'évacuation d'environ 1,1 million d'habitants du nord de la bande de Gaza "vers le sud", "pour leurs propres sécurité et protection". En un mois de conflit, près d'un million et demi de personnes – sur une population totale de 2,23 millions – ont été déplacées au sein du territoire de 365 km2, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNRWA).
Cette institution accueille environ 710 000 déplacés au sein de ses quelque 150 installations dans l'enclave palestinienne. Ses abris dans le centre et le sud de Gaza, comme cette école photographiée à Khan Younès, "sont gravement surpeuplés", alerte l'agence des Nations unies. "Le risque d'une crise de santé publique continue de croître, ajoute-t-elle. Les refuges de l'UNRWA ont signalé des milliers de cas d'infections respiratoires aiguës, d'infections cutanées et de diarrhée, ainsi que des cas de varicelle."
Une population assoiffée et affamée
Depuis le 9 octobre, Israël a placé la bande de Gaza en état de "siège complet", coupant l'approvisionnement du territoire palestinien en eau, en vivres et en électricité. Selon l'ONU, la consommation d'eau dans l'enclave est 92% moins importante qu'elle ne l'était avant le début du conflit. Des centaines d'habitants doivent faire la queue, comme sur ce cliché pris à Rafah, pour obtenir quelques litres d'eau potable. Faute de quantités suffisantes, "la population boit de l'eau impropre à la consommation", a prévenu l'ONG Action contre la faim.
Les stocks de plusieurs produits essentiels, comme le riz, les légumineuses ou l'huile végétale, risquent aussi de s'épuiser, d'après le Programme alimentaire mondial (PAM). "En ce moment, les parents de Gaza ne savent pas s'ils pourront nourrir leurs enfants dans la journée, ni s'ils survivront jusqu'au lendemain", a alerté sa directrice Cindy McCain. Depuis la réouverture du poste-frontière de Rafah, le 21 octobre, 451 camions d'aide humanitaire ont pu entrer dans la bande de Gaza. Avant le 7 octobre, quelque 500 poids-lourd passaient chaque jour la frontière pour y livrer des vivres et du carburant.
Des hôpitaux frappés de plein fouet
Les centres de soins et hôpitaux de Gaza sont débordés par l'afflux de blessés. A Khan Younès, où cette photographie a été prise, "vous pouvez entendre les patients hurler de douleur, et on ne peut rien faire pour eux", témoigne un médecin. Les établissements de santé sont aussi directement menacés par les bombardements sur la bande de Gaza. Critiquée, l'armée israélienne se défend et assure viser des membres du Hamas qui s'y cachent.
Le travail des soignants est aussi compliqué par les pénuries liées au siège. Dimanche 5 novembre, 14 hôpitaux sur 35 n'étaient plus en état de fonctionner, tout comme 51 des 72 centres de soins primaires, "du fait de dégâts ou d'un manque de carburant", rapporte l'ONU. "Cela fait 30 jours. Trop, c'est trop. Cela doit cesser maintenant", ont plaidé ensemble plusieurs agences de l'ONU, lundi, tout en appelant à la libération des otages israéliens retenus par le Hamas dans la bande de Gaza.
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